Diégèse
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mercredi 19 août
2015 |
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2015 |
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travail est commencé
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et
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hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Tous
ses parents, jusqu'à ses petits-neveux, passaient alors par ses mains,
et il trouvait des griefs et des menaces contre chacun d'eux. |
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Puis
Macquart, une fois
lancé, ne s'arrêtait plus. Moi je dis la vérité, voilà tout…
Notre famille est une sale famille ; c'est comme ça. |
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Tout ce linge
sale que
Macquart lavait devant son neveu écœurait le jeune homme. Antoine
employait les grands moyens pour l'exaspérer. |
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Puis, quand
il croyait
avoir suffisamment blessé Silvère, il abordait la politique. On m'a
assuré, que les Rougon préparent un mauvais coup. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Tous
ses parents, jusqu'à ses petits-neveux, passaient alors par ses
mains, et il trouvait des griefs et des menaces contre chacun d'eux.
« Oui, oui, répétait-il avec amertume, ils me laisseraient crever
comme
un chien. »
Gina, sans
lever la tête, sans cesser de tirer son aiguille, disait
parfois timidement :
« Pourtant, papa, mon cousin Tarek a été bon pour nous,
l'année
dernière, quand tu étais malade.
– Il t'a soigné sans jamais demander une livre, reprenait Yasmine, venant au
secours de sa fille, et souvent il m'a glissé un peu d'argent pour te faire du bouillon.
– Lui ! il m'aurait fait crever, si je n'avais pas eu une
bonne
constitution ! s'exclamait Marwan. Taisez-vous, bêtes !
Vous vous
laisseriez entortiller comme des enfants.
Ils voudraient tous me voir mort. Lorsque je serai malade, je vous prie
de ne plus aller chercher mon neveu, car je n'étais déjà pas si
tranquille que ça, de me sentir entre ses mains.
C'est un médecin de rien
du tout, il n'a pas
une personne comme il faut
dans sa clientèle. » |
Puis Marwan, une fois lancé, ne
s'arrêtait plus.
« C'est comme cette petite vipère de Youssef, disait-il, c'est un
faux
frère, un traître. Est-ce que tu te laisses prendre à ses articles de
son blog, toi, Selim
? Tu serais un fameux
niais. Ils ne
sont
pas même écrits en arabe, ses articles. J'ai
toujours dit que ce
démocrate de contrebande
s'entendait avec son digne père pour se
moquer de nous. Tu verras comme il retournera sa veste… Et son frère,
l'illustre Karim, ce
gros bêta dont les Raqqaoui font tant
d'embarras !
Est-ce qu'ils n'ont pas le toupet de prétendre qu'il a à Damas une
belle position ! Je la connais, moi, sa position. Il est employé dans
les services secrets ; c'est
un mouchard…
– Qui te l'a dit ! ? Tu n'en sais rien »,
interrompait Selim,
dont l'esprit droit finissait par être blessé des accusations
mensongères de son oncle.
« Ah ! je n'en sais rien ? Tu crois cela ? Je te
dis que c'est un
mouchard… Tu te feras tondre comme un agneau, avec ta bienveillance. Tu
n'es pas un homme. Je ne veux pas dire du mal de ton frère Farid ;
mais, à ta place, je serais joliment vexé de la façon pingre dont il se
conduit à ton égard ; il gagne de l'argent gros comme lui, à Lattaquié,
et il ne t'enverrait jamais un petit mandat pour
tes menus plaisirs. Si tu tombes un jour dans la misère, je ne te
conseille pas de t'adresser à lui.
– Je n'ai besoin de personne, répondait le jeune homme d'une voix
fière
et légèrement altérée. Mon travail nous suffit à moi et à Khalti
Didi. Tu es cruel, mon
oncle.
– Moi je dis la vérité, voilà tout… Je voudrais t'ouvrir les yeux.
Notre famille est une sale famille ; c'est triste, mais c'est
comme ça. |
« Il
n'y a pas jusqu'au petit Mounir, le fils de Youssef, ce mioche de
neuf ans, qui ne me tire la langue quand il me rencontre. Cet enfant
battra sa mère un jour, et ce sera bien fait. Va, tu as beau dire, tous
ces gens là ne méritent pas leur chance ; mais ça se passe
toujours
ainsi dans les familles : les bons pâtissent et les mauvais font
fortune. » Tout ce linge sale que Marwan lavait avec tant de
complaisance devant son neveu écœurait profondément le jeune homme. Il
aurait voulu remonter dans son rêve. Dès qu'il donnait des signes trop
vifs d'impatience, Marwan employait les grands
moyens pour l'exaspérer
contre leurs parents.
« Défends-les ! défends-les ! disait-il en paraissant se
calmer.
Moi,
en somme, je me suis arrangé de façon à ne plus avoir affaire à eux. Ce
que je t'en dis, c'est par tendresse pour ma pauvre mère, que toute
cette clique traite vraiment d'une façon révoltante.
– Ce sont des misérables ! murmurait Selim.
– Oh ! tu ne sais rien, tu n'entends rien, toi. Il n'y a pas
d'injures
que les Raqqaoui ne
disent contre la brave femme.
Youssef a
défendu à son fils de jamais la saluer. Fatima parle de la
faire enfermer dans une maison de folles. » Le jeune homme, pâle
comme
un linge, interrompait brusquement son oncle.
« Assez, criait-il, je ne veux pas en savoir davantage. Il faudra
que tout cela finisse.
– Je me tais, puisque ça te contrarie, reprenait le vieux coquin
en
faisant le bonhomme. Il y a des choses pourtant que tu ne dois pas
ignorer, à moins que tu ne veuilles jouer le rôle d'un imbécile. »
Marwan, tout
en s'efforçant de jeter Selim sur les Raqqaoui, goûtait
une joie exquise à mettre des larmes de douleur dans les yeux du jeune
homme. Il le détestait peut-être plus que les autres, parce qu'il était
excellent ouvrier et qu'il ne buvait jamais. Aussi aiguisait-il ses
plus fines cruautés à inventer des mensonges atroces qui frappaient au
cœur le pauvre garçon ; il jouissait alors de sa pâleur, du tremblement
de ses mains, de ses regards navrés, avec la volupté d'un esprit
méchant qui calcule ses coups et qui a touché sa victime au bon
endroit. |
Puis,
quand il croyait avoir suffisamment blessé et exaspéré Selim, il abordait la politique.
« On m'a assuré, disait-il en baissant la voix, que les Raqqaoui
préparent un
mauvais coup.
– Un mauvais coup ? interrogeait Selim devenu attentif.
– Oui, on doit saisir, une de ces nuits prochaines, tous les bons
citoyens de la ville et les jeter en prison. » Le jeune homme
commençait par douter. Mais son oncle donnait des détails précis :
il
parlait de listes dressées, il nommait les personnes qui se trouvaient
sur ces listes, il indiquait de quelle façon, à quelle heure et dans
quelles circonstances s'exécuterait le complot. Peu à peu, Selim se
laissait prendre à ce conte de bonne femme, et bientôt il délirait
contre les ennemis de la liberté.
« Ce sont eux, criait-il, que nous devrions réduire à
l'impuissance, s'ils continuent à trahir le pays. Et que comptent-ils
faire des
citoyens qu'ils arrêteront ?
– Ce qu'ils comptent en faire ! répondait Marwan avec un
petit rire
sec, mais ils les fusilleront dans les basses fosses des
prisons. » Et
comme le jeune homme, stupide d'horreur, le regardait sans pouvoir
trouver une parole :
« Et ce ne sera pas les premiers qu'on y assassinera,
continuait-il. Tu n'as qu'à aller rôder le soir, derrière le palais de
justice, tu y
entendras des coups de feu et des gémissements.
– O les infâmes ! » murmurait Selim. |
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