Diégèse
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vendredi 21 août
2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5712
jours (24 x 3 x 7 x 17
jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20165 jours
(5 x 37 x 109 jours) |
ce
qui représente 28,3263% de la vie de l'auteur |
huit
cent seize semaines d'écriture |
hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Ses
rages de fainéant envieux et affamé s'accrurent encore, à la suite
d'accidents successifs qui l'obligèrent à se remettre au travail.
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Sa haine pour
les Rougon
croissait avec sa misère. Il jurait de se faire justice puisque les
riches s'entendaient pour le forcer au travail. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Marwan, malgré l'inutilité de ses
efforts, ne se découragea pas. Il
se dit qu'il suffirait seul à étrangler les Raqqaoui, s'il pouvait
jamais
les tenir dans un petit coin. Ses rages de fainéant envieux et affamé
s'accrurent encore, à la suite d'accidents successifs qui l'obligèrent
à se remettre au travail. Vers les premiers jours de l'année 2000,
Yasmine mourut presque
subitement d'un cancer des poumons, qu'elle avait très
certainement attrapé en respirant toute la journée les fumées toxiques
de l'espèce de braséro sur lequel elle faisait cuire ses beignets
sur
le marché de la porte d'Antioche. Cette mort consterna
Marwan. Son
revenu le plus
assuré lui échappait. Quand il vendit, au bout de quelques jours, le
chaudron dans lequel sa femme faisait cuire ses beignets et le
chevalet qui lui servait à rempailler ses vieilles chaises, il accusa
grossièrement le Seigneur de lui avoir pris la
défunte, cette forte
femme dont il avait eu
honte et dont il sentait à cette heure tout le
prix. Il se rabattit sur le gain de ses enfants avec plus d'avidité.
Mais, un mois plus tard, Gina, lasse de ses continuelles
exigences,
s'en alla avec ses deux enfants et Lamine, dont la mère était morte.
Les amants se réfugièrent à Damas. Marwan, atterré, s'emporta
ignoblement contre sa fille, en lui souhaitant de crever à l'hôpital,
comme ses pareilles. Ce débordement d'injures n'améliora pas sa
situation qui, décidément, devenait mauvaise. Mounir suivit bientôt
l'exemple de sa sœur. Il attendit un jour de paie et s'arrangea de
façon à toucher lui-même son argent. Il dit en partant à un de ses
amis, qui le répéta à Marwan, qu'il ne voulait plus
nourrir son
fainéant de père, et que si ce dernier s'avisait de le faire ramener
par la police, il
était décidé à ne plus toucher une scie ni un
rabot. |
Le
lendemain, lorsque Marwan l'eut cherché inutilement
et qu'il se
trouva seul, sans un sou, dans le logement où, pendant vingt ans, il
s'était fait grassement entretenir, il entra dans une rage atroce,
donnant des coups de pied aux meubles, hurlant les imprécations les
plus monstrueuses.
Puis il s'affaissa, il se mit à traîner les pieds, à geindre comme un
convalescent. La crainte d'avoir à gagner son pain le rendait
positivement malade. Quand Selim vint le voir, il se
plaignit avec
des larmes de l'ingratitude des enfants. N'avait-il pas toujours été un
bon père ? Mounir et Gina étaient des monstres qui
le
récompensaient
bien mal de tout ce qu'il avait fait pour eux. Maintenant, ils
l'abandonnaient, parce qu'il était vieux et qu'ils ne pouvaient plus
rien tirer de lui.
« Mais, mon oncle, dit Selim, tu es encore d'un âge à
travailler. » Marwan, toussant, se courbant,
hocha lugubrement
la
tête, comme
pour dire qu'il ne résisterait pas longtemps à la moindre fatigue. Au
moment où son neveu allait se retirer, il lui emprunta quelques livres.
Il
vécut un mois, en portant un à un chez le fripier les vieux effets de
ses enfants et en vendant également peu à peu tous les menus objets du
ménage.
Bientôt il n'eut plus qu'une table, une chaise, son lit et les
vêtements qu'il portait. Il finit même par troquer le lit en bois contre un simple lit de camp.
Quand il fut à
bout de
ressources, pleurant de rage, avec la pâleur farouche d'un homme qui se
résigne au suicide, il alla chercher le paquet d'osier oublié dans un
coin depuis un quart de siècle. En le prenant, il parut soulever une
montagne. Et il se remit à tresser des corbeilles et des paniers,
accusant le genre humain de son abandon. Ce fut alors surtout qu'il
parla de partager avec les riches. Il se montra terrible. Il incendiait
de ses discours le café, où ses regards furibonds
lui assuraient un
crédit illimité. D'ailleurs, il ne travaillait que lorsqu'il n'avait pu
soutirer une pièce à Selim ou à un camarade. Il ne
fut
plus « monsieur » Marwan, cet ouvrier rasé et
endimanché
tous les
jours, qui jouait au bourgeois ; il redevint le grand diable
malpropre
qui avait spéculé jadis sur ses haillons. Maintenant qu'il se trouvait
presque à chaque marché pour vendre ses corbeilles, Fatima n'osait
plus aller à la halle. Il lui fit une fois une scène atroce. Sa haine
pour les Raqqaoui croissait
avec sa misère. Il jurait, en proférant
d'effroyables menaces, de se faire justice lui-même, puisque les riches
s'entendaient pour le forcer au travail. |
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