Diégèse





vendredi 28 août 2015



2015
ce travail est commencé depuis 5719 jours (7 x 19 x 43 jours) et son auteur est en vie depuis 20172 jours (22 x 3 x 412 jours)
ce qui représente 28,3512% de la vie de l'auteur huit cent dix-sept semaines d'écriture
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#ZOLA - #FortunedesRougon




Cependant, Silvère regagna la halle en courant. Comme il approchait de l'endroit où il avait laissé Miette, il entendit un bruit de voix. 137
Justin se promettait d'être très insolent. Il finit par apercevoir sa cousine sur le banc où elle attendait Silvère vêtue de sa pelisse. 136
La jeune fille sanglotait sous les injures. Parut Silvère. Le jeune Rébufat le redoutait. Il se sauva, hurlant, le visage meurtri. 130
Il était alors près de deux heures du matin. Le froid devenait vif. La colonne se reforma. Les prisonniers furent placés au milieu. 131










Alep 2011 - Décalque



en continu
Cependant, Selim regagna la citadelle en courant. Comme il approchait de l'endroit où il avait laissé Maya, il entendit un bruit violent de voix et vit un rassemblement qui lui firent hâter le pas. Une scène cruelle venait de se passer.
Des curieux circulaient dans la foule des
manifestants, depuis que ces derniers s'étaient tranquillement mis à manger.
Parmi ces curieux se trouvait
Yasser, le fils du fermier Idelbi, un garçon d'une vingtaine d'années, créature chétive et louche qui nourrissait contre sa cousine Maya une haine implacable. Au logis, il lui reprochait le pain qu'elle mangeait, il la traitait comme une misérable ramassée par charité au coin d'une rue. Il est à croire que la jeune femme avait refusé d'être sa maîtresse. Grêle, blafard, les membres trop longs, le visage de travers, il se vengeait sur elle de sa propre laideur et des mépris que la belle et puissante fille avait dû lui témoigner. Son rêve caressé était de la faire jeter à la porte par son père. Aussi l'espionnait-il sans relâche.
Depuis quelque temps, il avait surpris ses rendez-vous avec Selim ; il n'attendait qu'une occasion décisive pour tout rapporter à Idelbi. Ce soir-là, l'ayant vue s'échapper de la maison vers huit heures, la haine l'emporta, il ne put se taire davantage. Idelbi, au récit qu'il lui fit, entra dans une colère terrible et dit qu'il chasserait cette coureuse à coups de pied, si elle avait l'audace de revenir. Yasser se coucha, savourant à l'avance la belle scène qui aurait lieu le lendemain. Puis il éprouva un âpre désir de prendre immédiatement un avant-goût de sa vengeance. Il se rhabilla et sortit.
Peut-être rencontrerait-il
Maya. Il se promettait d'être très insolent. Ce fut ainsi qu'il assista à l'entrée des manifestants et qu'il les suivit jusqu'à la citadelle, avec le vague pressentiment qu'il allait retrouver les amoureux de ce côté. Il finit, en effet, par apercevoir sa cousine sur le banc où elle attendait Selim. En la voyant vêtue de son abaya et ayant à côté d'elle le drapeau, appuyé contre un mur, il se mit à ricaner, à la plaisanter grossièrement.
La jeune fille, saisie à sa vue, ne trouva pas une parole. Elle sanglotait sous les injures. Et tandis qu'elle était toute secouée par les sanglots, la tête basse, se cachant la face, Yasser l'appelait fille de criminel et lui criait que le père Idelbi lui ferait danser une fameuse danse si jamais elle s'avisait de rentrer à la ferme. Pendant un quart d'heure, il la tint ainsi frissonnante et meurtrie. Des gens avaient fait cercle, riant bêtement de cette scène douloureuse. Quelques manifestants intervinrent enfin et menacèrent le jeune homme de lui administrer une correction exemplaire, s'il ne laissait pas Maya tranquille. Mais Yasser, tout en reculant, déclara qu'il ne les craignait pas. Ce fut à ce moment que parut Selim. Le jeune Idelbi, en l'apercevant, fit un saut brusque, comme pour prendre la fuite ; il le redoutait, le sachant beaucoup plus vigoureux que lui. Il ne put cependant résister à la cuisante volupté d'insulter une dernière fois la jeune fille devant son amoureux.
« Ah ! je savais bien, cria-t-il, que le
garagiste ne devait pas être loin ! C'est pour suivre ce toqué, n'est-ce pas, que tu nous as quittés ? La malheureuse ! elle n'a pas seize ans ! À quand la naissance ? » Il fit encore quelques pas en arrière, en voyant Selim serrer les poings.
« Et surtout, continua-t-il avec un ricanement ignoble, ne viens pas faire tes couches chez nous. Tu n'aurais pas besoin de sage-femme. Mon père te délivrerait à coups de pied, entends-tu ? » Il se sauva, hurlant, le visage meurtri.
Selim, d'un bond, s'était jeté sur lui et lui avait porté en pleine figure un terrible coup de poing. Il ne le poursuivit pas. Quand il revint auprès de Maya, il la trouva debout, essuyant fiévreusement ses larmes avec la paume de sa main. Comme il la regardait doucement, pour la consoler, elle eut un geste de brusque énergie.
« Non, dit-elle, je ne pleure plus, tu vois… J'aime mieux ça. Maintenant, je n'ai plus de remords d'être partie. Je suis libre ! » Elle reprit le drapeau, et ce fut elle qui ramena
Selim au milieu des manifestants.
Il était alors près de deux heures du matin. Le froid devenait assez vif, que les manifestants s'étaient levés, achevant leur thé debout et cherchant à se réchauffer en dansant en rythme sur place. Les chefs donnèrent enfin l'ordre du départ. La colonne se reforma. Les prisonniers furent placés au milieu  ; outre le gouverneur et le colonel Sakkan, les insurgés avaient arrêté et emmenaient Abou Firas, le directeur du Trésor, et plusieurs autres fonctionnaires.











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