Diégèse
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dimanche 30 août
2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5721
jours (3 x 1907 jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20174 jours
(2 x 7 x 11 x 131 jours) |
ce
qui représente
28,3583% de la vie de l'auteur |
deux
mille huit cent quatre-vingt-deux semaines de vie |
hier |
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Au
loin s'étendaient les routes toutes blanches de lune. Et la farce
vulgaire, la farce ignoble, tournait au grand drame de l'histoire. |
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Au
sortir de Plassans,
les insurgés avaient pris la route d'Orchères. Ils devaient arriver à
cette ville vers dix
heures du matin. |
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La
colonne l'insurrection
courir le long de la vallée comme une traînée de poudre. Les feux
tachaient l'ombre de points sanglants. |
130 |
Ces
hommes s'exaltaient.
Grisés par l'enthousiasme du soulèvement général qu'ils rêvaient, ils
croyaient que la France les suivait. |
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Ils
puisaient un
entraînement de courage dans l'accueil que leur faisaient les
habitants. C'était, à chaque village, une nouvelle ovation. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
V |
Au
loin s'étendaient les routes toutes blanches de lune. La bande des
étudiants avait décidé rejoindre Idlib, et de le faire en partie en
marchant dans la
campagne froide et claire. C'était comme un large
courant d'enthousiasme. Le souffle
d'épopée qui emportait Maya et Selim, ces grands enfants avides
d'amour et de liberté, traversait avec une générosité sainte les
honteuses comédies de Marwan et des Raqqaoui. La voix haute du peuple,
par intervalles, grondait, entre les bavardages du salon jaune et les
diatribes. Et la farce vulgaire, la farce ignoble,
tournait au grand drame de l'histoire. |
Au
sortir d'Alep, les étudiants avaient pris la route
de Ourem el Kubra.Ils
devaient arriver à ce
gros bourg vers dix
heures du matin.
La route
traverse de petits villages et longe les murs de grandes propriétés,
dans un paysage à peine vallonné. À gauche
comme à droite,la plaine,
immense tapis vert à cette période de l'année, piquée de loin en loin
par les taches
grises des villages, dormait. Au loin, parfois, la
pureté de l'air
permettait d'apercevoir les premiers contreforts des monts Taurus. La
frontière turque est toute proche depuis que la France a cédé le
Sandjak d'Alexandrette. La route dépasse parfois des rocs
de calcaire
énormes..
Rien n'est plus sauvage, plus étrangement grandiose, que
ce plateau
calcaire habité par les hommes depuis toujours. La nuit surtout, ces
lieux ont
une horreur sacrée. Sous la lumière pâle, les jeuness'avançaient
comme dans une avenue de ville détruite, ayant aux deux bords des
débris de temples ; la lune faisait de chaque rocher un fût de
colonne
tronqué, un chapiteau écroulé, une muraille trouée de mystérieux
portiques. Plus loin, d'autres rochers s'élevaient
sur la plaine, à peine
blanchie
d'une teinte laiteuse, pareille à une immense cité cyclopéenne dont les
tours, les obélisques, les maisons aux terrasses hautes, auraient caché
une moitié du ciel ; et, au loin, du côté de
l'Oronte, se
creusait, s'élargissait un océan de clartés diffuses, une étendue
vague, sans bornes, où flottaient des nappes de brouillard lumineux. La
petite troupe aurait pu croire qu'elle suivait une chaussée
gigantesque, un chemin de ronde construit au bord d'une mer
phosphorescente et tournant autour d'une Babel inconnue. |
Cette
nuit-là, les manifestants réveillaient les oiseaux, qui
s'envolaient en
criant avant de se poser plus loin, surpris de ces chants inhabituels.
Et,
dans les cris affolés des oiseaux, les étudiants
distinguaient comme des lamentations. Les villages épars
dans la plaine, de l'autre côté de la route, se réveillaient,
incrédules, allumant les
lampes.
Jusqu'au matin, la colonne en marche,
qu'une horde de corbeaux funèbres
semblait suivre dans la nuit,
vit ainsi la nouvelle de leur passage courir le long de la route
comme
une traînée
de poudre. Des feux tachaient l'ombre de points sanglants ; des
chants
lointains venaient, par souffles affaiblis ; toute la vague
étendue,
noyée sous les buées blanchâtres de la lune, s'agitait confusément,
avec de brusques frissons de colère. Pendant des kilomètres, le spectacle
resta le même. |
Ces
hommes, qui marchaient dans l'aveuglement de la fièvre que les
Printemps arabes avaient mise dans leurs cœurs, s'exaltaient
au spectacle de cette longue bande de terre qu'ils imaginaient toute
secouée de révolte.
Grisés par l'enthousiasme du soulèvement général qu'ils rêvaient, ils
croyaient que le peuple les suivait, ils s'imaginaient voir, au-delà
du
plateau, dans la vaste
mer de clartés diffuses, des files d'hommes
interminables qui couraient, comme eux, à la recherche de la
liberté.
Et leur esprit rude, avec cette naïveté et cette illusion des foules,
concevait une victoire facile et certaine. Ils auraient saisi et
fusillé comme traître quiconque leur aurait dit, à cette heure, que
seuls ils avaient ce courage du devoir, tandis que le reste du pays,
écrasé de terreur, se laissait lâchement garrotter. |
Ils
puisaient encore un continuel entraînement de courage dans
l'accueil que leur faisaient les quelques bourgs que traversaient
la
longue route droite. Dès
l'approche de la petite troupe, les habitants venaient
à leur rencontre ; les
femmes accouraient en
poussant des youyous de fête ; les hommes,
habillés de blanc, se
joignaient à eux et suivaient la colonne pendant plus d'un
kilomètre. C'était, à
chaque village, une nouvelle ovation, des cris
de bienvenue, des adieux longuement répétés. |
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30 août |
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