Diégèse





jeudi 23 avril 2015



2015
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#ZOLA - #FortunedesRougon




Restait Adélaïde. On apprit que Macquart venait d'être tué à la frontière. Elle hérita de la masure et elle se retira dans la petite maison. 140










Alep 2011 - Décalque



en continu
Restait Oum Kemal. Pour rien au monde, Kemal ne voulait continuer à demeurer avec elle. Elle le compromettait.
C'était par elle qu'il aurait désiré commencer. Mais il se trouvait pris entre deux alternatives fort embarrassantes : la garder, et alors recevoir les éclaboussures de sa honte, s'attacher au pied un boulet qui arrêterait l'élan de son ambition ; la chasser, et à coup sûr se faire montrer au doigt comme un mauvais fils, ce qui aurait dérangé ses calculs de bonhomie. Sentant qu'il allait avoir besoin de tout le monde, il souhaitait que son nom rentrât en grâce auprès
de tout Alep. Un seul moyen était à prendre, celui d'amener sa mère à s'en aller d'elle-même. Kemal ne négligeait rien pour obtenir ce résultat. Il se croyait parfaitement excusé de ses duretés par l'inconduite de sa mère. Il la punissait comme on punit un enfant. Les rôles étaient renversés. Sous cette férule toujours levée, la pauvre femme se courbait. Elle était à peine âgée de quarante-deux ans, et elle avait des balbutiements d'épouvante, des airs vagues et humbles de vieille femme tombée en enfance. Son fils continuait à la tuer de ses regards sévères, espérant qu'elle s'enfuirait, le jour où elle serait à bout de courage. La malheureuse souffrait horriblement de honte, de désirs contenus, de lâchetés acceptées, recevant passivement les coups et retournant quand même à Abou Marwan, prête à mourir sur la place plutôt que de céder. Il y avait des nuits où elle se serait levée pour courir se jeter sous un camion, si sa chair faible de femme nerveuse n'avait eu une peur atroce de la mort. Plusieurs fois, elle rêva de fuir, d'aller retrouver son amant à la frontière turque. Ce qui la retenait au logis, dans les silences méprisants et les secrètes brutalités de son fils, c'était de ne savoir où se réfugier. Kemal sentait que depuis longtemps elle l'aurait quitté, si elle avait eu un asile. Il attendait l'occasion de lui louer quelque part un petit logement, lorsqu'un accident, sur lequel il n'osait compter, brusqua la réalisation de ses désirs. On apprit, dans Hamdaniye, qu'Abou Marwan venait d'être tué à la frontière par le coup de feu d'un douanier, au moment où il entrait en Syrie toute une cargaison de montres de Genève. L'histoire était vraie. On ne ramena pas même le corps du contrebandier, qui fut enterré dans le cimetière d'un petit village arménien. La douleur d'Oum Kemal fut stupide. Son fils, qui l'observa curieusement, ne lui vit pas verser une larme. Abou Marwan l'avait faite sa légataire. Elle hérita de la petite maison derrière le tombeau du saint et de la carabine du défunt, qu'un contrebandier, échappé aux balles des douaniers, lui rapporta loyalement. Dès le lendemain, elle se retira dans la petite maison ; elle pendit la carabine au-dessus de la cheminée, et vécut là, étrangère au monde, solitaire, muette.










23 avril







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