Diégèse
|
|
|
|
|
|
mercredi 9
décembre 2015 |
|
|
|
|
2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5822
jours (2 x 41 x 71 jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20275 jours
(52 x 811 jours) |
ce
qui représente 28,7152% de la vie de l'auteur |
|
hier |
|
|
|
|
L'atelier du texte |
demain |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
#ZOLA - #FortunedesRougon |
|
|
|
|
|
Cependant,
Rougon commençait à être embarrassé de sa
victoire. Autour de lui, la
grande mairie, déserte
et silencieuse, l'épouvantait. |
134 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Alep 2011 - Décalque |
|
|
|
|
en continu |
Comme
on enlevait les cadavres, Youssef vint les examiner.
Il les regarda sur tous les sens, humant l'air, interrogeant les
visages. Il avait la mine sèche, les yeux clairs. De sa main, la veille
emmaillotée, libre à cette heure, il souleva la veste d'un des morts,
pour mieux voir sa blessure. Cet examen parut le convaincre, lui ôter
un doute. Il serra les lèvres, resta là un moment sans dire un mot,
puis se retira pour rentrer chez lui animer son blog, sur lequel il avait
posté un grand
article. Le long des maisons, il se
rappelait ce mot de sa mère : « Tu verras
demain ! » Il avait vu,
c'était très fort ; ça l'épouvantait même un peu.
Cependant, Raqqaoui commençait à être
embarrassé de sa victoire. Seul
dans le bureau du
gouverneur, écoutant
les bruits sourds de la
foule, il éprouvait un étrange sentiment qui l'empêchait de se montrer
au balcon. Ce sang, dans lequel il avait marché, lui engourdissait les
jambes. Il se demandait ce qu'il allait faire jusqu'au soir. Sa pauvre
tête vide, détraquée par la crise de la nuit, cherchait avec désespoir,
une occupation, un ordre à donner, une mesure à prendre, qui pût le
distraire. Mais il ne savait plus. Où donc Fatima le
menait-elle ! ?
Était-ce fini, allait-il falloir encore tuer du monde ? La peur le
reprenait, il lui venait des doutes terribles, il voyait les remparts de
la citadelle troués
de tous côtés par l'année vengeresse des
rebelles islamistes, lorsqu'un
grand cri : « Les rebelles ! les rebelles ! » éclata sous les
fenêtres du gouvernorat. Il se leva d'un bond
et, soulevant un rideau,
il
regarda la foule qui courait, éperdue sur la place.
À ce coup de foudre, en moins d'une seconde, il se vit ruiné, pillé,
assassiné ; il maudit sa femme, il maudit la ville entière. Et,
comme
il regardait derrière lui d'un air louche, cherchant une issue, il
entendit la foule éclater en applaudissements, pousser des cris de
joie, ébranler les vitres d'une allégresse folle. Il revint à la
fenêtre : les femmes agitaient leurs mouchoirs, les hommes
s'embrassaient ; il y en avait qui se prenaient par la main et qui
dansaient. Stupide, il resta là, ne comprenant plus, sentant sa tête
tourner.
Autour de lui, le grand bâtiment, désert et silencieux,
l'épouvantait. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
9 décembre |
|
|
|
|
|
|
|
2009 |
2008 |
2007 |
2006 |
2005 |
2004 |
2003 |
2002 |
2001 |
2000 |
|
|
|
|
|
2014
|
2013 |
2012 |
2011 |
2010 |