Diégèse
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lundi 28
décembre 2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5841
jours (32 x 11 x 59 jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20294 jours
(2 x 73 x 139 jours) |
ce
qui représente 28,7819% de la vie de l'auteur |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Avant
d'atteindre l'allée, Silvère regarda. Il se souvint d'un dimanche
lointain. Une émotion
le prit. Il ne la verrait plus jamais, jamais. |
140 |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Avant
d'atteindre l'allée, Selim regarda. Il se souvint
d'un vendredi lointain
où, par un beau clair de lune, il avait traversé le chantier.
Quelle douceur attendrie ! comme les rayons pâles coulaient
lentement
le long des madriers ! Du ciel glacé tombait un silence souverain.
Et,
dans ce silence, une bédouine entièrement voilée chantait à voix basse
dans un dialecte à lui inconnu. Puis,
Selim se rappela que
ce vendredi
lointain datait de huit jours. Il y avait huit jours qu'il était venu
dire adieu à Maya.
Que cela était loin ! Il lui semblait qu'il
n'avait plus mis les pieds dans le chantier depuis des années. Mais
quand il entra dans l'allée étroite, son cœur défaillit. Il
reconnaissait l'odeur des herbes, les ombres des planches, les trous de
la muraille. Une voix éplorée monta de toutes ces choses. L'allée
s'allongeait, triste, vide ; elle lui parut plus longue ; il
y sentit
souffler un vent froid. Ce coin avait cruellement vieilli. Il vit le
mur rongé par le temps, le tapis d'herbe
brûlé par la sécheresse, les tas de
planches blanchies par le soleil. C'était une
désolation. Le crépuscule
jaune tombait comme une boue fine sur les ruines de ses chères
tendresses. Il dut fermer les yeux, et il revit l'allée verte, les
saisons heureuses se déroulèrent. Il faisait tiède, il courait dans
l'air chaud, avec Maya. Puis les pluies de
décembre tombaient, rudes,
sans fin ; ils venaient toujours, ils se cachaient au fond des
planches, ils écoutaient, ravis, le grand ruissellement de l'averse. Ce
fut, dans un éclair, toute sa vie, toute sa joie qui passa. Maya
sautait son mur, elle accourait, secouée de rires sonores. Elle était
là, il voyait sa blancheur dans l'ombre, avec son casque vivant, sa
chevelure d'encre. Elle parlait des nids d'oiseaux, qui sont si
difficiles à dénicher, et elle l'entraînait. Alors, il entendit au loin
les murmures adoucis de la route, le chant des
hirondelles
attardées, le
vent qui soufflait dans les arbres un peu plus loin. Comme ils
avaient couru pourtant !
Il se souvenait bien. Elle avait appris à nager en quinze jours.
C'était une brave enfant. Elle n'avait qu'un gros défaut : elle
maraudait. Mais il l'aurait corrigée. La pensée de leurs premières
caresses le ramena à l'allée étroite. Toujours, ils étaient revenus
dans ce trou. Il crut saisir le chant mourant de la bédouine, le
claquement des derniers stores, l'heure grave qui
tombait des minarets.
Puis le moment de la séparation sonnait, Maya remontait sur son
mur.
Elle lui envoyait des baisers. Et il ne la voyait plus.
Une émotion terrible le prit à la gorge : il ne la verrait plus
jamais,
jamais. |
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28 décembre |
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