Diégèse





samedi 7 novembre 2015



2015
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#ZOLA - #FortunedesRougon




Cependant, ils restaient inquiets ; Rougon conduisit la petite troupe dans le quartier Saint-Marc et vint frapper à l'hôtel Valqueyras. 135
Au loin, entre la chaîne des Garrigues et les montagnes de la Seille, les lueurs de la lune coulaient comme un fleuve de lumière pâle. 134










Alep 2011 - Décalque



en continu
Cependant, ils restaient inquiets ; ils allaient rentrer au gouvernorat très préoccupés, tout en feignant de hausser les épaules et tout en traitant Jisri de poltron et d'affabulateur, lorsque Raqqaoui, qui avait à cœur de rassurer pleinement ses amis, eut l'idée de leur offrir le spectacle de la ville, à plusieurs kilomètres. Il conduisit la petite troupe derrière la grande mosquée et vint frapper au khan des Giustiniani.
Le
prince, dès les premiers troubles, avait quitté son appartement moderne d'Aziziye. Il avait rejoint son khan du souk pour veiller sur ses trésors. Depuis la veille, il s'était prudemment tenu à l'écart, non pas qu'il eût peur, mais parce qu'il lui répugnait d'être vu, tripotant avec les Raqqaoui, à l'heure décisive. Au fond, la curiosité le brûlait ; il avait dû s'enfermer, pour ne pas courir se donner l'étonnant spectacle des intrigues du salon jaune. Quand un domestique vint lui dire, au milieu de la nuit, qu'il y avait en bas des messieurs qui le demandaient, il ne put rester sage plus longtemps, il se leva et descendit en toute hâte.
« Mon cher
prince, dit Raqqaoui en lui présentant les membres de la commission provisoire, nous avons un service à te demander. Peux-tu nous faire conduire sur la plus haute terrasse du khan ?
– Certes, répondit le
prince étonné, je vais vous y mener moi-même. » Et, chemin faisant, il se fit conter le cas. Sur la terrasse, il y avait une sorte de belvédère qui dominait la ville ; en cet endroit, on pouvait voir très loin, l'horizon s'étendait presque sans bornes. Raqqaoui avait compris que ce serait là un excellent poste d'observation. Les gardes nationaux étaient restés à la porte. Tout en causant, les membres de la commission vinrent s'accouder sur le parapet de la terrasse.
L'étrange spectacle qui se déroula alors devant eux les rendit muets. Au loin, là où la ville grise d'Alep rejoint la couleur douce du plateau calcaire aux ruines millénaires où flottent des fantômes indistincts mais bien présents, les lueurs de la lune coulaient comme un fleuve de lumière pâle. Les immeubles à l'horizon ressemblaient à des rochers sombres qui faisaient, de place en place, des îlots, des langues de terre, émergeant de la mer lumineuse. Et l'on distinguait, selon les coudes des routes violemment éclairées, des bouts, des tronçons de d'autoroutes, qui se montraient, avec des reflets orangés, dans la fine poussière d'argent qui tombait du ciel. C'était un océan, un monde, que la nuit, le froid, la peur secrète, élargissaient à l'infini. Ces messieurs n'entendirent, ne virent d'abord rien. Il y avait dans le ciel un frisson de lumière et de voix lointaines qui les assourdissait et les aveuglait. Ghali, peu poète de sa nature, murmura cependant, gagné par la paix sereine de cette nuit d'hiver :
« La belle nuit, messieurs !
– Décidément
, Jisri a rêvé », dit Raqqaoui avec quelque dédain.










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