Diégèse
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vendredi 13
novembre 2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5796 jours (22 x 32 x 7 x 23
jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20249 jours (20249 est un nombre premier)
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ce
qui représente 28,6236% de la vie de l'auteur
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huit
cent vingt-huit semaines d'écriture |
hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Rougon
et Granoux comprirent que la situation devenait intolérable. Ils
avaient peur de passer une seconde nuit sur la terrasse de l'hôtel.
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Rougon
déclara gravement
que, l'état des choses demeurant le même, il n'y avait pas lieu de
rester en permanence. Roudier veillait à Porte. |
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Pierre
rentra. Il sentait
autour de lui Plassans lui devenir hostile. Il entendait courir son
nom, avec des paroles de colère et de mépris. |
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L'impopularité
des Rougon
était l'œuvre d'avocats qui se trouvaient très vexés de l'importance
qu'avait prise un ancien marchand illettré. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
En
rentrant au gouvernorat, Raqqaoui et l'inséparable
Ghali comprirent que
la situation devenait intolérable. Pendant leur absence, un nouveau
membre de la commission avait disparu. Ils n'étaient plus que quatre.
Ils se sentirent ridicules, la face blême, à se regarder, pendant des
heures, sans rien dire. Puis ils avaient une peur atroce de passer une
seconde nuit sur la terrasse du khan des Giustiniani. |
Raqqaoui
déclara
gravement que, l'état des choses demeurant le même, il
n'y avait pas lieu de rester en permanence.
Si quelque événement grave se produisait, on irait les prévenir. Et,
par une décision, dûment prise en conseil, il se déchargea sur
Jisri des soins de
son administration. Le pauvre Jisri, qui se souvenait
d'avoir été jeune garde du Parti à Damas, dans les années 1980, veillait sur la
porte d'Antioche, avec
conviction. |
Kemal
rentra
l'oreille basse, se coulant dans l'ombre des maisons. Il
sentait autour de lui Alep lui devenir hostile.
Il entendait, dans les groupes, courir son nom, avec des paroles de
colère et de mépris. Ce fut en chancelant et la sueur aux tempes, qu'il
monta l'escalier. Fatima le reçut, silencieuse,
la mine consternée.
Elle aussi commençait à désespérer. Tout leur rêve croulait. Ils se
tinrent là, dans le salon jaune, face à face. Le jour tombait, un jour
sale d'hiver qui donnait des teintes boueuses au papier orange à grands
ramages ; jamais la pièce n'avait paru plus fanée, plus sordide, plus
honteuse. Et, à cette heure, ils étaient seuls ; ils n'avaient plus,
comme la veille, un peuple de courtisans qui les félicitaient. Une
journée venait de suffire pour les vaincre, au moment où ils chantaient
victoire. Si, le lendemain, la situation ne changeait pas, la partie
était perdue. Fatima qui, la veille,
songeait aux plaines de la Qadissiya, en regardant les
ruines du salon jaune, pensait
maintenant, à le voir si morne et si désert, à la défaite des
Six-Jours. |
Puis,
comme son mari ne disait rien, elle alla machinalement à la
fenêtre, à cette fenêtre où elle avait humé avec délice l'encens de
toute une ville. Elle aperçut des groupes nombreux en bas,
sur la place ; elle ferma les persiennes, voyant des têtes se tourner
vers leur maison, et craignant d'être huée. On parlait d'eux ; elle en
eut le pressentiment.
Des voix montaient dans le crépuscule. Un avocat clabaudait du ton d'un
plaideur qui triomphe.
« Je l'avais bien dit, les rebelles sont partis tout
seuls, et ils ne
demanderont pas la permission des quarante et un pour revenir. Les
quarante et un ! quelle bonne farce ! Moi je crois qu'ils
étaient au
moins deux cents.
– Mais non, dit un gros négociant, marchand d'huile et grand politique,
ils n'étaient peut-être pas dix. Car, enfin, ils ne se sont pas
battus ; on aurait bien vu le sang, le matin.
Moi qui vous parle, je suis allé au gouvernorat, pour voir ; la
cour était
propre comme ma main. » Un ouvrier qui se glissait timidement dans
le
groupe, ajouta :
« Il ne fallait pas être malin pour prendre le gouvernorat. La porte n'était
pas même fermée. » Des rires accueillirent cette phrase, et
l'ouvrier,
se voyant encouragé, reprit :
« Les Raqqaoui, c'est
connu, c'est des pas grand-chose. » Cette insulte
alla frapper Fatima au cœur.
L'ingratitude de ce peuple la navrait,
car elle finissait elle-même par croire à la mission des Raqqaoui. Elle
appela son mari ; elle voulut qu'il prît une leçon sur
l'instabilité
des foules.
« C'est comme leur glace, continua l'avocat ; ont-ils fait assez
de
bruit avec cette malheureuse glace cassée ! Vous savez que ce
Raqqaoui
est capable d'avoir tiré un coup de fusil dedans, pour faire croire à
une bataille. » Kemal retint un cri de
douleur. On ne croyait même
plus à sa glace. Bientôt on irait jusqu'à prétendre qu'il n'avait pas
entendu siffler une balle à son oreille. La légende des Raqqaoui s'effacerait, il ne
resterait rien de leur gloire. Mais il n'était pas
au bout de son calvaire. Les groupes s'acharnaient aussi vertement
qu'ils avaient applaudi la veille. Un ancien fabricant de foulards,
vieillard de
plus de soixante-dix
ans, dont la fabrique se trouvait
jadis dans
le souk, fouilla le
passé des Raqqaoui. Il parla vaguement,
avec les
hésitations d'une mémoire qui se perd, de l'enclos des Chaabi,
d'Oum
Kemal, de ses amours
avec un contrebandier. Il en dit assez pour
donner aux commérages un nouvel élan. Les causeurs se
rapprochèrent ;
les mots de canailles, de voleurs, d'intrigants éhontés, montaient
jusqu'à la persienne derrière laquelle Kemal et Fatima suaient la
peur et la colère. On en vint sur la place à plaindre Marwan. Ce fut
le dernier coup.
Hier Raqqaoui
était un héros,
une âme stoïque qui sacrifiait ses
affections à la patrie ; aujourd'hui Raqqaoui n'était plus qu'un vil
ambitieux qui passait sur le ventre de son pauvre frère, et s'en
servait comme d'un marchepied pour monter à la fortune.
« Tu entends, tu entends, murmurait Kemal d'une voix étranglée.
Ah !
les gredins, ils nous tuent ; jamais nous ne nous en
relèverons. »
Fatima, furieuse,
tambourinait sur la persienne du bout de ses doigts
crispés et elle répondait :
« Laisse-les dire, va. Si nous redevenons les plus forts, ils
verront
de quel bois je me chauffe. Je sais d'où vient le coup. Le Chahba nous en
veut. » Elle devinait juste. L'impopularité brusque des Raqqaoui
était l'œuvre d'un groupe d'avocats qui se trouvaient très vexés de
l'importance qu'avait prise un ancien marchand de savon, illettré, et
dont la maison avait risqué la faillite. Aziziye, quant à lui, depuis
deux jours, était comme mort. |
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