Diégèse
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mardi 17
novembre 2015 |
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2015 |
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travail est commencé
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28,6377% de la vie de l'auteur |
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demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Lorsque
Mme Rougon entra, il faisait son choix dans un tas énorme de lettres et
de journaux,
sous prétexte sans doute de les classer. |
133 |
Félicité
prit la lettre.
Elle vit qu'on avait dû ouvrir l'enveloppe ; le libraire s'était
servi
d'une cire foncée pour recoller le cachet. |
138 |
Un
traité d'alliance fut
conclu, par lequel Vuillet s'engageait à n'ébruiter aucune nouvelle et
à ne pas se mettre en avant. Quel coquin ! |
138 |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Lorsque Oum Karim entra, Garo faisait son choix dans
un tas énorme de
lettres et de journaux, sous prétexte sans doute de les classer. Il se
leva, avec son sourire humble, avançant une chaise ; ses paupières
rougies battaient d'une façon inquiète. Mais Fatima ne s'assit pas ;
elle dit brutalement :
« Je veux le message. » Garo écarquilla les yeux
d'un air de grande
innocence.
« Quel message, Madame ? demanda-t-il.
– le message
pour mon mari que tu as intercepté ce matin… Allez, je suis
pressée. » Et comme il bégayait qu'il ne
savait pas, qu'il n'avait rien vu, que c'était bien étonnant, Fatima
reprit, avec une sourde menace dans la voix :
« Un message de Damas, de mon fils Karim, tu sais bien ce que
je
veux dire, n'est-ce pas ?… Je vais chercher moi-même. » Elle
fit mine
de mettre la main dans les divers paquets qui encombraient le bureau.
Alors il s'empressa, il dit qu'il allait voir. Le service était
forcément si mal fait ! Peut-être bien qu'il y avait un
message, en
effet. Dans ce cas, on le retrouverait. Mais,
quant à lui, il jurait
qu'il ne l'avait pas vu. En parlant, il tournait dans le bureau, il
bouleversait tous les papiers. Puis, il ouvrit les tiroirs, les
cartons. Fatima attendait
impassible.
« Ma foi, tu as raison, voici des
messages pour vous, imprimés
par les services,
s'écria-t-il
enfin, en tirant quelques papiers d'un carton. Ah ! ces diables
d'employés, ils profitent de la situation pour ne rien faire comme il
faut ! » |
Fatima
prit le
message et en examina le titre attentivement,
sans paraître s'inquiéter le moins du monde de ce qu'un pareil examen
pouvait avoir de blessant pour Garo.
Elle vit clairement la trace de l'interception ; le libraire,
maladroit encore, s'était servi d'un logiciel peu performant. Elle mémorisa
instantanément tous les codes qui précédaient le
message dans
lequel Karim
annonçait, en
quelques mots, la stratégie du pouvoir et la défaite totale des
rebelles ; il
chantait victoire, Damas était dompté,
Homs et Hama ne
bougeaient pas, les Kurdes étaient calmes et il conseillait à
ses parents une attitude très ferme en face de la rébellion partielle
qui sévissait vers Alep. Il leur disait, en
terminant, que leur fortune
était fondée, s'ils ne faiblissaient pas. |
Oum
Karim mit la lettre
dans sa poche, et, lentement, elle s'assit, en
regardant Garo
en face. Celui-ci, comme très occupé, avait
fiévreusement repris son triage.
« Écoute-moi, Garo », lui dit-elle.
Et, quand il eut relevé la tête :
« Jouons cartes sur table, n'est-ce pas ? tu as tort de trahir, il
pourrait t'arriver
malheur. Si, au lieu d'intercepter nos messages… »
Il se récria, se prétendit offensé. Mais elle, avec tranquillité :
« Je sais, je connais ton école, tu n'avoueras jamais…
Voyons, pas
de paroles inutiles, quel intérêt as-tu à ne pas jouer avec
nous ? »
Et, comme il parlait encore de sa parfaite honnêteté, elle finit par
perdre patience.
« Tu me
prends donc pour une bête ! s'écria-t-elle. J'ai lu ton
article… tu ferais mieux de t'entendre avec nous. »
Alors, sans
rien avouer, il confessa carrément qu'il voulait avoir la clientèle du
collège. Autrefois, c'était lui qui fournissait les établissements
privés de la ville
de
livres classiques. Mais on avait appris qu'il vendait, sous le manteau,
des pornographies aux élèves, en si grande quantité, que les pupitres
débordaient de gravures et d'œuvres obscènes. À cette occasion, il
avait même failli passer en police correctionnelle.
Depuis cette époque, il rêvait de rentrer en grâce auprès de
l'administration, avec des rages jalouses.
Fatima
parut étonnée de la modestie de son
ambition.
Elle le lui fit même entendre. Violer des lettres, risquer la
prison,
pour vendre quelques dictionnaires !
« Eh ! dit-il d'une voix aigre, c'est une vente assurée de plusieurs
milliers de livres syriennes par an. Je ne rêve
pas l'impossible,
comme certaines
personnes. » Elle ne releva pas le mot. Il ne fut plus question des
messages interceptés. Un traité d'alliance
fut conclu, par lequel Garo
s'engageait à n'ébruiter aucune nouvelle et à ne pas se mettre
en avant, à la condition que les Raqqaoui lui feraient avoir la
clientèle des écoles privées. En le quittant,
Fatima l'engagea à
ne pas
se compromettre
davantage. Il suffisait qu'il gardât les lettres et ne les distribuât
que le surlendemain.
« Quel coquin ! » murmura-t-elle, quand elle fut dans la
rue, sans
songer qu'elle-même venait de mettre un interdit sur les courriers. |
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