Diégèse
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samedi 3 octobre
2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
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et
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L'atelier du texte |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Et
ce fut ainsi que, pendant près de deux années, ils s'aimèrent. Une voix
leur disait qu'ils s'en iraient vierges, avant les noces. |
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Au jour, ils
se levèrent
vivement, ragaillardis, heureux des blancheurs de la matinée. Ils
regardaient le cercle immense de la plaine. |
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Ils
descendirent, ils levèrent la tête, comme pour dire adieu à cette roche
sur laquelle ils avaient pleuré, en se brûlant les lèvres. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Et ce fut ainsi que,
pendant près de deux années, ils s'aimèrent dans
l'allée étroite, dans la campagne large. Leur idylle traversa les
pluies glacées de décembre et les brûlantes sollicitations de juillet,
sans glisser à la honte des amours communes ; elle garda son chantre
exquis de conte grec, son ardente pureté, tous ses balbutiements naïfs
de la chair qui désire et qui ignore. Les morts, les vieux morts
eux-mêmes, chuchotèrent vainement à leurs oreilles. Et ils
n'emportèrent de l'ancien cimetière qu'une mélancolie attendrie, que le
pressentiment vague d'une vie courte ; une voix leur disait qu'ils s'en
iraient, avec leurs tendresses vierges, avant les noces, le jour où ils
voudraient se donner l'un à l'autre. Sans doute ce fut là, sur la
pierre tombale, au milieu des ossements cachés sous les herbes grasses,
qu'ils respirèrent leur amour de la mort, cet âpre désir de se coucher
ensemble dans la terre, qui les faisait balbutier au bord de la route
d'Idlib, par
cette nuit d'avril, tandis que les deux muezzins se
renvoyaient leurs appels déchirés. |
Maya
dormait
paisible,
la tête sur la poitrine de Selim, pendant
qu'il rêvait aux rendez-vous lointains, à ces belles années de
continuel enchantement. Au jour, l'enfant se réveilla. Devant eux, la
vallée s'étendait toute claire sous le ciel blanc. Le soleil était
encore derrière les coteaux. Une clarté de cristal, limpide et glacée
comme une eau de source, coulait des horizons pâles. Au loin, les
monts
Ansariye, pareils à des gardiens immuables, veillaient sur les
terres rouges et jaunes. C'était une échappée sans bornes, des mers
grises d'oliviers, des champs pareils à de vastes
pièces d'étoffe
rayée, toute une contrée agrandie par la netteté de l'air et la paix du
froid. Le vent qui soufflait par courtes brises avait glacé le visage
des enfants. Ils se levèrent vivement, ragaillardis, heureux des
blancheurs de la matinée. Et, la nuit ayant emporté leurs tristesses
effrayées, ils regardaient d'un œil ravi le cercle immense de la
plaine, ils écoutaient les cris des deux muezzins, qui leur
semblaient célébrer joyeusement l'aube
d'un jour de fête. |
« Ah ! que j'ai bien
dormi ! s'écria Maya. J'ai rêvé que tu
m'embrassais… Est-ce que tu m'as embrassée, dis ?
– C'est bien possible, répondit Selim en riant. Je n'avais
pas chaud.
Il fait un froid de loup.
– Moi, je n'ai froid qu'aux pieds.
– Eh bien ! courons… Nous avons plusieurs kilomètres à faire. Tu te
réchaufferas. »
Et ils descendirent la côte, ils regagnèrent la
route
en courant. Puis, quand ils furent en bas, ils levèrent la tête, comme
pour dire adieu à cette roche sur laquelle ils avaient pleuré, en se
brûlant les lèvres d'un baiser. Mais ils ne reparlèrent point de cette
caresse ardente qui avait mis dans leur tendresse un besoin nouveau,
vague encore, et qu'ils n'osaient formuler. Ils ne se donnèrent même
pas le bras, sous prétexte de marcher plus vite. Et ils marchaient
gaiement, un peu confus, sans savoir pourquoi, quand ils venaient à se
regarder. Autour d'eux, le jour grandissait. Le jeune homme, que son
patron envoyait parfois à Idlib, choisissait sans
hésiter les bons
sentiers, les plus directs. Ils firent ainsi plus de cinq
kilomètres, dans
des chemins creux, le long de haies et de clôtures interminables. Maya
accusait Selim de
l'avoir égarée. Souvent, pendant des quarts
d'heure entiers, ils ne voyaient pas un bout du pays, ils
n'apercevaient, au-dessus des murets et des haies, que de
longues
files d'oliviers
dont les branches maigres se détachaient sur la
pâleur du ciel. |
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3 octobre
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