Diégèse
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lundi 12 octobre
2015 |
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2015 |
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travail est commencé
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hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Pendant
dix minutes, le feu dura. Puis, entre deux décharges, un homme
cria : « Sauve qui peut ! » avec un accent terrible
de terreur. |
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Miette ne
poussa pas un
cri ; elle s'affaissa en arrière. « Relève-toi, viens
vite », dit
Silvère lui tendant la main, la tête perdue. |
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Les cheveux
dénoués, elle
n'avait plus que ses yeux de vivants. Silvère sanglota. Les regards de
ces grands yeux navrés lui faisaient mal. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Pendant dix minutes, le
feu dura.
Puis, entre deux décharges, un homme cria : « Sauve qui
peut ! » avec
un accent terrible de terreur. Il y eut des grondements, des murmures
de rage, qui disaient : « Les lâches ! oh !
les lâches ! » Des phrases
sinistres couraient : le général avait fui ; les blindés
pilonnaient les résistants dispersés dans la
plaine. Et les coups de
feu ne
cessaient pas, ils partaient irréguliers, rayant la fumée de flammes
brusques. Une voix rude répétait qu'il fallait mourir là.
Mais la voix affolée, la voix de terreur, criait plus haut :
« Sauve qui peut ! sauve qui peut ! » Des hommes
s'enfuirent, jetant
leurs armes, sautant par-dessus les morts. Les autres serrèrent les
rangs. Il resta une dizaine de manifestants. Deux prirent encore la
fuite,
et, sur les huit autres, trois furent tués d'un coup. |
Les
deux enfants étaient restés machinalement, sans rien comprendre. À
mesure que le bataillon diminuait, Maya élevait le drapeau
davantage ; elle le tenait, comme un grand cierge, devant elle,
les poings
fermés. Il était criblé de balles. Quand Selim n'eut plus de balles
dans les
poches, il cessa de tirer, il regarda son fusil
d'un air stupide. Ce fut alors qu'une ombre lui passa devant la face,
comme si un oiseau colossal eût effleuré son front d'un battement
d'aile. Et, levant les yeux, il vit le drapeau qui tombait des mains de
Maya. L'enfant, les
deux poings serrés sur sa poitrine, la tête
renversée, avec une expression atroce de souffrance, tournait lentement
sur elle-même. Elle ne poussa pas un cri ; elle s'affaissa en arrière,
sur la nappe rouge du drapeau. « Relève-toi, viens vite »,
dit Selim lui
tendant la main, la tête
perdue. |
Mais elle resta par
terre, les yeux tout grands ouverts, sans dire un
mot. Il comprit, il se jeta à genoux.
« Tu es blessée, dis ? Où es-tu blessée ? » Elle ne
disait toujours
rien ; elle étouffait ; elle le regardait de ses yeux agrandis,
secouée
par de courts frissons. Alors il lui écarta les mains.
« C'est là, n'est-ce pas ? c'est là. » Et il déchira son
corsage, mit à
nu sa poitrine. Il chercha, il ne vit rien. Ses yeux s'emplissaient de
larmes. Puis, sous le sein gauche, il aperçut un petit trou rose ;
une
seule goutte de sang tachait la plaie.
« Ça ne sera rien, balbutia-t-il ; je vais aller chercher Tarek,
il te
guérira. Si tu pouvais te relever… Tu ne peux pas te
relever ? » Les
soldats ne tiraient plus ; ils s'étaient jetés à gauche, sur les
contingents emmenés par l'ancien général. Au milieu de la
place
vide, il n'y avait que Selim agenouillé devant le
corps de Maya.
Avec l'entêtement du désespoir, il l'avait prise dans ses bras. Il
voulait la mettre debout ; mais l'enfant eut une telle secousse de
douleur qu'il la recoucha. Il la suppliait :
« Parle-moi, je t'en prie. Pourquoi ne me dis-tu rien ? »
Elle ne
pouvait pas. Elle agita les mains, d'un mouvement doux et lent, pour
dire que ce n'était pas sa faute. Ses lèvres serrées s'amincissaient
déjà sous le doigt de la mort.
Les cheveux dénoués, la tête roulée dans les plis sanglants du drapeau,
elle n'avait plus que ses yeux de vivants, des yeux noirs, qui
luisaient dans son visage blanc. Selim sanglota. Les regards
de ces
grands yeux navrés lui faisaient mal. Il y voyait un immense regret de
la vie. Maya lui
disait qu'elle partait seule, avant les noces,
qu'elle s'en allait sans être sa femme ; elle lui disait encore que
c'était lui qui avait voulu cela, qu'il aurait dû l'aimer comme tous
les garçons aiment les filles. À son agonie, dans cette lutte rude que
sa nature sanguine livrait à la mort, elle pleurait sa virginité.
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