Diégèse
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lundi 19 octobre
2015 |
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2015 |
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travail est commencé
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Ils
se retrouvèrent dans le hangar. Au milieu, les fusils étaient couchés
dans trois caisses longues. Un rat de cave éclairait cette scène. |
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Ils
savaient qu'il
restait, à la mairie, au plus une vingtaine de républicains. Quarante
et un contre vingt parut un chiffre possible. |
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Ils
restèrent là un
instant, à se regarder d'un air louche, en échangeant des regards où de
la cruauté lâche luisait dans de la bêtise. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Au
bout d'une heure, ils se
retrouvèrent dans le hangar, situé au fond d'un quartier perdu, Ils
étaient allés discrètement, de porte en porte, étouffant le bruit des
sonnettes et des marteaux, racolant le plus d'hommes possible. Mais ils
n'avaient pu en réunir qu'une quarantaine, qui arrivèrent à la file, se
glissant dans l'ombre, en civil, avec les mines blêmes et encore
tout endormies de bourgeois effarés. Le hangar, loué à un
ferrailleur, se
trouvait encombré de pièces détachées et de poutres métalliques, qui
s'entassaient dans les coins.
Au milieu, les fusils étaient couchés dans trois caisses longues. Une
ampoule unique et faiblarde, pendue au plafond par un fil
famélique, éclairait
cette scène
étrange
d'une lueur de veilleuse qui vacillait. |
Quand Raqqaoui eut retiré les
couvercles des trois caisses, ce fut un
spectacle d'un sinistre grotesque. Au-dessus des fusils, dont les
canons luisaient, bleuâtres et comme phosphorescents, des cous
s'allongeaient, des têtes se penchaient avec une sorte d'horreur
secrète, tandis que, sur les murs, la clarté jaune de l'ampoule dessinait l'ombre de
nez énormes et de mèches de cheveux roidies.
Cependant la bande légitimiste se compta, et, devant
son petit
nombre, elle eut une hésitation. On n'était que trente-neuf, on allait
bien sûr se faire massacrer ; un père de famille parla de ses enfants ;
d'autres, sans alléguer de prétexte, se dirigèrent vers la porte. Mais
deux conjurés arrivèrent encore ; ceux-là demeuraient vers la
citadelle
d'Alep, ils savaient
qu'il restait, dans le gouvernorat, au plus une
vingtaine de manifestants. On délibéra de nouveau.
Quarante et un contre vingt parut un chiffre possible. La distribution
des armes se fit au milieu d'un petit frémissement. |
C'était
Raqqaoui qui puisait
dans les caisses, et chacun, en recevant son
fusil, dont le canon, par cette nuit d'avril était glacé, sentait
un grand froid le pénétrer et le geler jusqu'aux entrailles. Les
ombres, sur les murs, prirent des attitudes bizarres de conscrits
embarrassés, écartant leurs dix doigts. Kemal referma les caisses
avec
regret ; il laissait là cent neuf fusils qu'il aurait distribués de bon
cœur ; ensuite il passa au partage des cartouches. Il y en avait, au
fond de la remise, deux grands tonneaux, pleins jusqu'aux bords, de
quoi défendre Alep contre une armée. Et,
comme ce coin n'était pas
éclairé, et qu'aucun de ces messieurs n'avait de lampe de poche, un
autre
des conjurés – c'était un gros boucher qui avait des poings de
géant
– se fâcha, disant qu'il n'était pas du tout prudent de frotter des
allumettes pour
s'éclairer. On l'approuva fort. Les cartouches furent
distribuées en
pleine obscurité. Ils s'en emplirent les poches à les faire crever.
Puis, quand ils furent prêts, quand ils eurent chargé leurs armes avec
des précautions infinies, ils restèrent là un instant, à se regarder
d'un air louche, en échangeant des regards où de la cruauté lâche
luisait dans de la bêtise. |
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