Diégèse
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samedi 31
octobre 2015 |
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2015 |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Il
était dix heures. Plassans courait les rues, ahuri de la rumeur. Cette
catastrophe empruntait aux ombres de la nuit un caractère vague.
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Il
était dix heures. Alep, éveillé, courait les
rues, ahuri de la
rumeur qui montait. Ceux qui avaient vu ou entendu la bande de
rebelles racontaient
des histoires à dormir debout, se
contredisaient, avançaient des suppositions atroces. Mais le plus grand
nombre ne savait même pas ce dont il s'agissait ; ceux-là demeuraient
aux extrémités de la ville, et ils écoutaient, bouche béante, comme un
conte de nourrice, cette histoire de plusieurs milliers de bandits
envahissant les rues et disparaissant avant le jour, ainsi qu'une armée
de fantômes. Les plus sceptiques disaient : « Allons
donc ! » Cependant
certains détails étaient précis. Alep finit par être
convaincu
qu'un épouvantable malheur avait passé sur lui pendant son sommeil,
sans le toucher. Cette catastrophe mal définie empruntait aux ombres de
la nuit, aux contradictions des divers renseignements, un caractère
vague, une horreur insondable qui faisaient frissonner les plus braves.
Qui donc avait détourné la foudre ? Cela tenait du prodige. On parlait
de sauveurs inconnus, d'une petite bande d'hommes qui avaient coupé la
tête de l'hydre, mais sans détails, comme d'une chose à peine croyable,
lorsque les habitués du salon jaune se répandirent dans les rues,
semant les nouvelles, refaisant devant chaque porte le même récit.
Ce fut une traînée de poudre. En quelques minutes, d'un bout à l'autre
de la ville, l'histoire courut. Le nom de Raqqaoui vola de bouche en
bouche, avec des exclamations de surprise dans les quartiers bourgeois,
des cris
d'éloge dans la vieille ville. L'idée qu'ils étaient sans chef du
Parti,
sans gouverneur,
sans directeur de la poste, sans directeur du Trésor, sans
autorités d'aucune sorte, consterna d'abord les habitants. Ils
restaient stupéfaits d'avoir pu achever leur sommeil et de s'être
réveillés comme à l'ordinaire, en dehors de tout gouvernement établi.
La première stupeur passée, ils se jetèrent avec abandon dans les bras
des libérateurs. Les quelques démocrates haussaient les épaules
;
mais les petits détaillants, les petits rentiers, les conservateurs de
toute espèce bénissaient ces héros modestes dont les ténèbres avaient
caché les exploits. Quand on sut que Raqqaoui avait arrêté son
propre
frère, l'admiration ne connut plus de bornes ; on parla de héros ;
cette indiscrétion qu'il redoutait tourna à sa gloire. À cette heure
d'effroi mal dissipé, la reconnaissance fut unanime. On acceptait le
sauveur Raqqaoui
sans le discuter.
« Songez
donc disaient les poltrons, ils n'étaient que quarante et
un ! » Ce chiffre de quarante et un bouleversa la ville.
C'est ainsi que
naquit à Alep la
légende des quarante et un bourgeois faisant
mordre la poussière à trois mille rebelles.
Il n'y eut que quelques esprits envieux de la bourgeoisie, des avocats
sans causes, d'anciens militaires, honteux d'avoir dormi cette nuit-là,
qui élevèrent certains doutes. En somme, les rebelles étaient peut-être
partis tout seuls. Il n'y avait aucune preuve de combat, ni cadavres,
ni taches de sang. Vraiment ces messieurs avaient eu la besogne facile.
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