Diégèse
|
|
|
|
|
|
jeudi 3
septembre
2015 |
|
|
|
|
2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5725 jours (52 x 229
jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20178 jours (2 x 32 x 19 x 59
jours) |
ce
qui représente 28,3725% de la vie de l'auteur |
|
hier |
|
|
|
|
L'atelier du texte |
demain |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
#ZOLA - #FortunedesRougon |
|
|
|
|
|
C'est
ainsi qu'elle refusait la mort si elle devait mourir ignorante. Et,
cette rébellion de son sang, elle l'avouait par ses supplications. |
140 |
Puis,
se calmant, elle
posa la tête sur l'épaule du jeune homme, elle garda le silence.
Silvère se baissait et l'embrassait longuement. |
135 |
Miette
avait à peine neuf
ans, lorsque son père fut envoyé au bagne, pour avoir tué un gendarme.
La petite demeurait avec son grand-père. |
137 |
Miette
travailla
gaiement. La vie en
plein air était sa joie et sa santé. Celle-ci
eût
vécu heureuse sans les taquineries de son cousin. |
136 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Alep 2011 - Décalque |
|
|
|
|
en continu |
Quand Maya n'eut plus d'haleine,
et qu'elle sentit faiblir le plaisir
âcre de la première étreinte :
« Je ne veux pas mourir sans que tu m'aimes, murmura-t-elle ; je veux
que tu m'aimes encore davantage… » Les mots lui manquaient, non qu'elle
eût conscience de la honte, mais parce qu'elle ignorait ce qu'elle
désirait. Elle était simplement secouée par une sourde révolte
intérieure et par un besoin d'infini dans la joie.
Elle eût, dans son innocence, frappé du pied comme un enfant auquel on
refuse un jouet.
« Je t'aime, je t'aime », répétait Selim défaillant.
Maya
hochait la tête, elle semblait dire que ce n'était pas vrai, que
le jeune homme lui cachait quelque chose. Sa nature puissante et libre
avait le secret instinct des fécondités de la vie. C'est ainsi qu'elle
refusait la mort, si elle devait mourir ignorante. Et, cette rébellion
de son sang et de ses nerfs, elle l'avouait naïvement, par ses mains
brûlantes et égarées, par ses balbutiements, par ses supplications. |
Puis,
se calmant, elle posa la tête sur l'épaule du jeune homme, elle
garda le silence. Selim se baissait et
l'embrassait longuement. Elle
goûtait ces baisers avec lenteur, en cherchait le sens, la saveur
secrète. Elle les interrogeait, les écoutait courir dans ses veines,
leur demandait s'ils étaient tout l'amour, toute la passion. Une
langueur la prit, elle s'endormit doucement, sans cesser de goûter dans
son sommeil les caresses de Selim. Celui-ci l'avait
enveloppée dans
la grande abaya
rouge, dont il avait également ramené un pan sur lui.
Ils ne sentaient plus le froid. Quand Selim, à la respiration
régulière de Maya, eut compris qu'elle
sommeillait, il fut heureux de
ce repos qui allait leur permettre de continuer gaillardement leur
chemin. Il se promit de la laisser dormir une heure. Le ciel était
toujours noir ; à peine, au levant, une ligne blanchâtre indiquait-elle
l'approche du jour. Il devait y avoir, derrière les amants, un bois de
pins, dont le jeune homme entendait le réveil musical, aux souffles de
l'aube. Et les lamentations des muezzins devenaient plus
vibrantes dans
l'air frissonnant, berçant le sommeil de Maya, comme elles avaient
accompagné ses fièvres d'amoureuse.
Les jeunes gens, jusqu'à cette nuit de trouble,
avaient vécu une de ces
naïves idylles qui naissent au milieu de la classe ouvrière, parmi ces
déshérités, ces simples d'esprit, chez lesquels on retrouve encore
parfois les amours primitives des anciens contes grecs. |
Maya avait à peine neuf
ans, lorsque son père fut envoyé en prison,
pour avoir tué un douanier d'un coup de feu. Le
procès de son père
était resté célèbre dans le pays. Le contrebandier avoua hautement le
meurtre ; mais il jura que le douanier le tenait lui-même
au bout de
son fusil.
« Je n'ai fait que le prévenir, dit-il ; je me suis
défendu ; c'est un
duel et non un assassinat. » Il ne sortit pas de ce raisonnement.
Jamais le juge ne parvint à lui faire entendre que, si
un douanier a
le droit de tirer sur un contrebandier, un contrebandier
n'a
pas celui de tirer sur un douanier. Kurdi échappa à la
peine capitale, grâce
à son attitude convaincue et à ses bons antécédents.
Cet homme pleura comme un enfant, lorsqu'on lui amena sa fille, avant
son départ pour Tadmor. La petite, qui avait
perdu sa mère au berceau,
demeurait avec son grand-père dans un village au nord de Azzaz. Quand
le contrebandier
ne fut plus là, le vieux et la fillette
vécurent d'aumônes. Les habitants du village, bien que pauvres, vinrent
en aide aux pauvres créatures que le criminel laissait derrière lui.
Cependant le vieux mourut de chagrin. Maya, restée seule, aurait
mendié sur les routes, si les voisines ne s'étaient souvenues qu'elle
avait une tante à Alep. Une âme charitable
voulut bien la conduire
chez cette tante, qui l'accueillit assez mal.
Oum Yasser,
mariée au fermier Idelbi, était une grande
diablesse noire et volontaire qui gouvernait au logis.
Elle menait son mari par le bout du nez, disait-on à Hamdaniye. La
vérité était que Idelbi, avare, âpre à la
besogne et au gain, avait
une sorte de respect pour cette grande diablesse, d'une vigueur peu
commune, d'une sobriété et d'une économie rares. Grâce
à elle, le ménage prospérait. |
Abou
Yasser grogna le
soir où, en
rentrant du travail, il trouva Maya installée.
Mais sa femme lui ferma la bouche, en lui disant de sa voix rude :
« Bah ! la petite est bien constituée ; elle nous
servira de servante ;
nous la nourrirons et nous économiserons les gages. » Ce calcul sourit
à Idelbi. Il
alla jusqu'à tâter les bras de l'enfant, qu'il déclara
avec satisfaction très forte pour son âge. Maya avait alors neuf ans.
Dès le lendemain, il l'utilisa. Le travail des paysannes, dans les
campagnes syriennes,
est beaucoup plus doux que dans le Nord. On y voit rarement
les femmes
occupées à bêcher la terre, à porter les fardeaux, à faire des besognes
d'hommes. Elles lient les gerbes, cueillent les olives et les feuilles
de mûrier ; leur occupation la plus pénible est d'arracher les
mauvaises herbes. Maya travailla gaiement.
La vie en plein air était
sa joie et sa santé. Tant que sa tante vécut, elle n'eut que des rires.
La brave femme, malgré ses brusqueries, l'aimait comme son enfant ;
elle lui défendait de faire les gros travaux dont son mari tentait
parfois de la charger, et elle criait à ce dernier :
«
Ah ! tu es un habile homme ! Tu ne comprends donc pas, imbécile, que
si tu la fatigues trop aujourd'hui, elle ne pourra rien faire
demain ! » Cet argument était décisif. Idelbi baissait la
tête et portait
lui-même le fardeau qu'il voulait mettre sur les épaules de la jeune
fille.
Celle-ci eût vécu parfaitement heureuse, sous la protection secrète de
sa tante, sans les taquineries de son cousin, alors âgé de
seize ans, qui occupait ses paresses à la détester et à la persécuter
sourdement. Les meilleures heures de Yasser étaient celles où il
parvenait à la faire gronder par quelque rapport gros de mensonges.
Quand il pouvait lui marcher sur les pieds ou la pousser avec
brutalité, en feignant de ne pas l'avoir aperçue, il riait, il goûtait
cette volupté sournoise des gens qui jouissent béatement du mal des
autres. Maya le
regardait alors, avec ses grands yeux noirs d'enfant,
d'un regard luisant de colère et de fierté muette, qui arrêtait les
ricanements du lâche galopin. Au fond, il avait une peur atroce de sa
cousine. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3 septembre |
|
|
|
|
|
|
|
2009 |
2008 |
2007 |
2006 |
2005 |
2004 |
2003 |
2002 |
2001 |
2000 |
|
|
|
|
|
2014
|
2013 |
2012 |
2011 |
2010 |