Diégèse
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mercredi 16
septembre
2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
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et
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hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Le
lendemain, il ouvrit doucement la porte. Il appela : « Miette ! Miette
! » Ils se contemplaient, ravis d'être si près l'un de l'autre.
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Silvère,
tournant la
tête, lâcha les mains de Miette. Il venait de voir tante Dide devant
lui, droite, arrêtée sur le seuil de la porte. |
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La grand-mère
reçut au
cœur un coup violent. Cette trouée blanche lui semblait un abîme de
lumière creusé brutalement dans son passé. |
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Jamais l'idée
ne lui
était venue que cette porte pût encore s'ouvrir. Elle s'avança. Elle se
tint immobile, dans l'encadrement de la porte. |
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En face de
cet horizon
banal et indifférent, elle crut que son cœur mourait une seconde fois.
Tout, à cette heure, était bien fini. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Le lendemain, dès
qu'il
entendit l'enfant poser sa cruche, il ouvrit
doucement la porte, dont il déblaya d'une poussée le seuil couvert de
longues herbes. En allongeant la tête, il aperçut Maya penchée sur la
margelle, regardant dans le puits, tout absorbée par l'attente. Alors,
il gagna en deux enjambées l'enfoncement fourré par le mur, et, de là,
il appela « Maya ! Maya ! » d'une voix adoucie
qui la fit
tressaillir. Elle leva la tête, le croyant sur le chaperon du mur.
Puis, quand elle le vit dans la ferme, à quelques pas
d'elle, elle eut un
léger cri d'étonnement, elle accourut. Ils se prirent les mains ; ils
se contemplaient, ravis d'être si près l'un de l'autre, se trouvant
bien plus beaux ainsi, dans la lumière chaude du soleil. C'était la
mi-août, un vendredi ; au loin les
muezzins chantaient, dans
cet air limpide des jours chômés, qui semble avoir des
souffles
particuliers de gaietés populaires. |
«
Bonjour, Selim
!
– Bonjour, Maya ! » Et la voix
dont ils échangèrent leur salut
matinal les étonna. Ils n'en connaissaient les sons que voilés par
l'écho du puits. Elle leur parut claire comme un chant d'oiseau.
Ah ! qu'il faisait bon dans ce coin tiède, dans cet air de
fête !
Ils se tenaient toujours les mains, Selim le dos appuyé, contre
le
mur, Maya penchée
un peu en arrière. Entre eux, le sourire mettait
une clarté. Ils allaient se dire toutes les bonnes choses qu'ils
n'avaient point osé confier aux sonorités sourdes du puits, lorsque Selim, tournant la tête à
un léger bruit, pâlit et lâcha les mains de
Maya. Il venait de
voir khale Didi
devant lui, droite, arrêtée sur le
seuil de la porte. |
La grand-mère était
venue
par hasard au puits. En apercevant, dans la
vieille muraille noire, la trouée blanche de la porte que Selim avait
ouverte toute grande, elle reçut au cœur un coup violent. Cette trouée
blanche lui semblait un abîme de lumière creusé brutalement dans son
passé. Elle se revit au milieu des clartés du matin, accourant, passant
le seuil avec tout l'emportement de ses amours nerveuses. Et Abou
Marwan
était là qui l'attendait. Elle se pendait à son cou, elle restait sur
sa poitrine, tandis que le soleil levant, entrant avec elle dans la
cour par la porte qu'elle ne prenait pas le temps de refermer, les
baignait de ses rayons obliques. |
Vision brusque qui la
tirait cruellement du sommeil de sa vieillesse,
comme un châtiment suprême, en réveillant en elle les cuissons
brûlantes du souvenir. Jamais l'idée ne lui était venue que cette porte
pût encore s'ouvrir. La mort de son amant, pour elle, l'avait
murée. Le
puits, la muraille entière auraient disparu sous terre, qu'elle ne se
serait pas sentie frappée d'une stupeur plus grande. Et, dans son
étonnement, montait sourdement une révolte contre la main sacrilège
qui, après avoir violé ce seuil, avait laissé derrière elle la trouée
blanche comme une tombe ouverte. Elle s'avança, attirée par une sorte
de fascination. Elle se tint immobile, dans l'encadrement de la porte.
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Là, elle regarda
devant
elle, avec une surprise douloureuse. On lui
avait bien dit que l'enclos des Chaabi se trouvait réuni à la
ferme des
Idelbi ; mais elle
n'aurait jamais pensé que sa jeunesse fût
morte à ce point. Un grand vent semblait avoir emporté tout ce qui
était resté cher à sa mémoire. Le vieux logis, le vaste jardin, avec
ses oliviers,
avaient disparu. Pas une pierre, pas
un arbre d'autrefois. Et, à la place de ce coin, où elle avait grandi,
et que la veille elle revoyait encore en fermant les yeux, s'étendait
un lambeau de sol nu, une large pièce de chaume désolée comme une lande
déserte. Maintenant, lorsque, les paupières closes, elle voudrait
évoquer les choses du passé, toujours ce chaume lui apparaîtrait,
pareil à un linceul de bure jaunâtre jeté sur la terre où sa jeunesse
était ensevelie. En face de cet horizon banal et indifférent, elle crut
que son cœur mourait une seconde fois. Tout, à cette heure, était bien
fini. On lui prenait jusqu'aux rêves de ses souvenirs.
Alors elle regretta d'avoir cédé à la fascination de la trouée blanche,
de cette porte béante sur les jours à jamais disparus. |
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16 septembre
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