Diégèse
vendredi 18 septembre 2015
2015
ce travail est commencé depuis
5740
jours (2
2
x 5 x 7 x 41 jours)
et son auteur est en vie depuis
20193
jours (3 x 53 x 127 jours)
ce qui représente 28,4257% de la vie de l'auteur
huit cent vingt semaines d'écriture
hier
L'atelier du texte
demain
#ZOLA - #FortunedesRougon
Le soir, tante Dide eut une
crise
nerveuse. Pendant ces attaques, elle parlait souvent à voix haute, sans suite, comme dans un cauchemar.
137
Alep 2011 - Décalque
en continu
Le soir
, Oum Kemal
eut une de ces crises nerveuses qui la secouaient encore de loin en loin. Pendant ces attaques, elle parlait souvent à voix haute, sans suite, comme dans un cauchemar. Ce soir-là,
Selim,
qui la maintenait sur son lit, navré d'une pitié poignante pour ce pauvre corps tordu, l'entendit prononcer en haletant les mots de douanier, de coup de feu, de meurtre. Et elle se débattait, elle demandait grâce, elle rêvait de vengeance. Quand la crise toucha à sa fin, elle eut, comme il arrivait toujours, une épouvante singulière, un frisson d'effroi qui faisait claquer ses dents. Elle se soulevait à moitié, elle regardait avec un étonnement hagard dans les coins de la pièce, puis se laissait retomber sur l'oreiller en poussant de longs soupirs. Sans doute elle était prise d'hallucination. Alors elle attira
Selim
sur sa poitrine, elle parut commencer à le reconnaître, tout en le confondant par instants avec une autre personne.
« Ils sont là, bégaya-t-elle. Vois-tu, ils vont te prendre, ils te tueront encore… Je ne veux pas… Renvoie-les, dis-leur que je ne veux pas, qu'ils me font mal, à fixer ainsi leurs regards sur moi… » Et elle se tourna vers la ruelle, pour ne plus voir les gens dont elle parlait. Au bout d'un silence :
« Tu es auprès de moi, n'est-ce pas, mon enfant ? continua-t-elle. Il ne faut pas me quitter… J'ai cru que j'allais mourir, tout à l'heure… Nous avons eu tort de percer le mur. Depuis ce jour, j'ai souffert. Je savais bien que cette porte nous porterait encore malheur… Ah ! les chers innocents, que de larmes ! On les tuera, eux aussi, à coups de fusil, comme des chiens. » Elle retombait dans son état de catalepsie, elle ne savait même plus que
Selim
était là. Brusquement elle se redressa, elle regarda au pied de son lit, avec une horrible expression de terreur.
« Pourquoi ne les as-tu pas renvoyés ? cria-t-elle en cachant sa tête blanchie dans le sein du jeune homme. Ils sont toujours là. Celui qui a le fusil me fait signe qu'il va tirer… » Peu après, elle s'endormit du sommeil lourd qui terminait les crises. Le lendemain, elle parut avoir tout oublié. Jamais elle ne reparla à
Selim
de la matinée où elle l'avait trouvé avec une amoureuse, derrière le mur
.
18 septembre
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
2014
2013
2012
2011
2010