Diégèse





mercredi 23 septembre 2015



2015
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#ZOLA - #FortunedesRougon




Quand l'enfant avait enjambé le mur, elle restait les coudes sur le chaperon, retenue par les branches du mûrier qui lui servait d'échelle. 139
Pendant deux années ils vinrent là chaque jour. Puis arrivèrent les pluies, les gelées. Ces humeurs de l'hiver ne les retinrent pas. 132










Alep 2011 - Décalque



en continu
Quand l'enfant avait enjambé le mur, elle restait là, les coudes sur le chaperon, retenue par les branches de l'olivier qui lui servait d'échelle. Selim, debout sur la pierre tombale, pouvait lui reprendre les mains, se remettre à causer à demi-voix. Ils répétaient plus de dix fois : « À demain ! » et trouvaient toujours de nouvelles paroles. Selim grondait.
« Voyons, descends, il est plus de minuit. » Mais, avec des entêtements de fille
, Maya voulait qu'il descendît le premier ; elle désirait le voir s'en aller. Et, comme le jeune homme tenait bon, elle finissait par dire brusquement, pour le punir, sans doute : « Je vais sauter, tu vas voir. » Et elle sautait de l'olivier, au grand effroi de Selim. Il entendait le bruit sourd de sa chute ; puis elle s'enfuyait avec un éclat de rire, sans vouloir répondre à son dernier adieu. Il restait quelques instants à regarder son ombre vague s'enfoncer dans le noir, et lentement il descendait à son tour, il regagnait la maison de khale Didi.
Pendant deux années, ils vinrent là chaque jour. Ils y jouirent, lors de leurs premiers rendez-vous, de quelques belles nuits encore toutes tièdes. Les amoureux purent se croire en mai, au mois des frissons de la sève, lorsqu'une bonne odeur de terre et de feuilles nouvelles traîne dans l'air chaud. Ce renouveau, ce printemps tardif fut pour eux comme une grâce du ciel, qui leur permit de courir librement dans l'allée et d'y resserrer leur amitié d'un lien étroit.
Puis arrivèrent les pluies, les
grêles, les gelées. Ces mauvaises humeurs de l'hiver ne les retinrent pas. Maya ne vint plus sans sa grande abaya brune, et ils se moquèrent tous deux des vilains temps. Quand la nuit était sèche et claire, que de petits souffles soulevaient sous leurs pas une poussière blanche de gelée, et les frappaient au visage comme à coups de baguettes minces, ils se gardaient bien de s'asseoir ; ils allaient et venaient plus vite, enveloppés dans l'abayae, les joues bleuies, les yeux pleurant de froid ; et ils riaient, tout secoués de gaieté par leur marche rapide dans l'air glacé. Un soir de grêle, ils s'amusèrent à faire une boule de glace qu'ils roulèrent dans un coin ; elle resta là un grand mois, ce qui les fit s'étonner à chaque nouveau rendez-vous. La pluie ne les effrayait pas davantage. Ils se virent par de terribles averses qui les mouillaient jusqu'aux os. Selim accourait en se disant que Maya ne ferait pas la folie de venir ; et quand Maya arrivait à son tour, il ne savait plus comment la gronder. Au fond, il l'attendait. Il finit par chercher un abri contre le mauvais temps, sentant bien qu'ils sortiraient quand même, malgré leur promesse mutuelle de ne pas mettre les pieds dehors lorsqu'il pleuvait. Pour trouver un toit, il n'eut qu'à creuser un des tas de planches ; il en retira quelques morceaux de bois, qu'il rendit mobiles, de façon à pouvoir les déplacer et les replacer aisément. Dès lors, les amoureux eurent à leur disposition une sorte de guérite basse et étroite, un trou carré, où ils ne pouvaient tenir que serrés l'un contre l'autre, assis sur le bout d'un madrier, qu'ils laissaient au fond de la logette.










23 septembre







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