Quand
les
politiciens, quand ceux qui font métier et profession de la politique
font leur métier, exercent leur profession, quand ils jouent, quand ils
fonctionnent professionnellement, officiellement, sous leur nom, ceux
qui sont connus comme tels, il n'y a rien à dire. Mais quand ceux qui
font métier et profession d'être impolitiques font, sous ce nom, de la
politique, il y a le double crime de ce détournement perpétuel. Faire
de la politique et la nommer politique, c'est bien. Faire de la
politique et la nommer mystique, prendre de la mystique et en faire de
la politique, c'est un détournement inexpiable. Voler les pauvres,
c'est voler deux fois. Tromper les simples, c'est tromper deux fois.
Voler ce qu'il y a de plus cher, la croyance. La confidence. La
confiance. Et Dieu sait si nous étions des âmes simples, des pauvres
gens, des petites gens. C'est bien ce qui les fait rire aujourd'hui.
Quels sont, dit-il, quels sont ces imbéciles qui croyaient ce que je
disais ? Qu'il se rassure, qu'il attende. Les vies sont longues,
les
mouvements contraires, qu'il ne nous tombe jamais dans les mains. Il ne
rirait peut-être pas toujours. |
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Le
parcours qui va de la violence verbale au meurtre via la
violence physique est à ce point balisé que, dans de nombreux pays, des
campagnes institutionnelles entendent prévenir et combattre les
violences conjugales, l'homophobie, les agressions racistes. S'agissant
des campagnes contre les violences conjugales, elles reposent souvent
sur des
images-choc de femmes au visage tuméfié ou de films qui dénoncent la
banalité de ce type de faits ainsi que le silence coupable qui les
entoure. Mais, ce
qui est frappant, c'est que ces campagnes ne s'adressent jamais
vraiment
aux hommes auteurs de ces violences. Je n'ai pas vu - cela existe
peut-être - de campagne qui dirait : « vous frappez
votre femme ? Allez
consulter ! ». Ou encore : « vous êtes agité par
des pulsions
meurtrières quand vous croisez une personne homosexuelle ? Nous
pouvons
vous soigner ! » Ou enfin : « Non soigné, le
racisme est une maladie mortelle. »
Celui qui insulte, qui frappe, qui tue, semble absent, sinon
occulté en tant qu'être humain amendable et, face à ces actes terribles
du
désir de l'autre altéré, on ne met en scène que
l'objet abîmé du désir. Ainsi, par cette occultation, la
société dit en
quelque sorte : on ne sait pas qui
c'est. Ce n'est donc personne. |