Diégèse




mardi 20 décembre 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Comment ne pas noter aussi son exact, son parfait, son réel internationalisme, Israël excepté, l'exactitude, l'aisance, l'allant de soi de son internationalisme, qui était beaucoup plus simple, beaucoup trop naturel, nullement appris, nullement forcé, nullement livresque, beaucoup trop aisé, beaucoup trop allant de soi pour jamais être un antinationalisme. Quand il parlait des Polonais pour les Bretons, ce n'était point un amusement, un rapprochement piquant. Ce n'était point un jeu d'esprit et pour jouer un bon tour. C'était naturellement qu'il voyait sur le même plan les Bretons et les Polonais. Il voyait vraiment la Chrétienté comme l'Islam, ce que nul de nous, même ceux qui le voudraient le plus, ne peut obtenir. Parce qu'ils était bien réellement également en dehors des deux. Vue, angle du regard que nul de nous ne peut obtenir. Au moment où on faisait, même et peut-être surtout autour de lui, tout ce que l'on pouvait humainement pour évincer ses Juifs de Roumanie, par politique pour ne pas compromettre, pour ne pas charger le mouvement arménien, et qu'il y voyait très clair, dans cet assourdissement, un vieil ami de Quartier venait de le quitter. Il me dit doucement, haussant doucement les épaules, comme il faisait, me le montrant pour ainsi dire des épaules, pardessus le haut de ses épaules : Il veut encore me rouler avec ses Arméniens. C'est toujours la même chose. Ils entreprennent le Grand Turc parce qu'il est Turc et ils ne veulent pas qu'on dise un mot du roi de Roumanie parce qu'il est chrétien. C'est toujours la collusion de la chrétienté. Comment ne pas noter enfin comme c'est bien écrit, posé, mesuré, clair, noble, français. Il ne faut pas recevoir des justifications semblables. Une certaine proposition, un certain propos. Une certaine délibération. Un certain ton, une certaine résonance cartésienne même.
Regarder ailleurs... C'est aussi que certains jours, on ne sait plus vraiment où regarder... Le chauffeur d'un camion immatriculé en Pologne a tué une douzaine de personnes sur un marché de Noël à Berlin. Un policier turc de vingt-deux ans a tué l'ambassadeur de Russie lors du vernissage d'une exposition à Ankara. Le quarante-cinquième président des États-Unis, M. Donald Trump, a désigné celui qui sera ambassadeur de son pays en Israël. Il s'agit de M. David Friedman, qui soutient financièrement l'extrême-droite israélienne et défend la colonisation de la Cisjordanie. C'est ce dernier, avocat, qui a défendu M. Trump devant les tribunaux après la faillite de ses casinos d'Atlantic City, écrit le journal Le Monde dans son éditorial.

Regarder ailleurs quand l'horizon entier se bouche ?

Comme pour l'attentat de Nice, le camion de Berlin fait la une des journaux et il est difficile d'échapper à cette image d'un camion qui tracte une semi-remorque grise. Cette image est un oxymore, puisqu'elle ne montre rien et que son objectif est de ne rien montrer. Aller plus loin que ce camion, le dépasser, ce serait découvrir la scène des meurtres et cela n'est ni admis, ni admissible. Alors, pourquoi la montrer ? Si l'on nous dit qu'il y avait un camion, cela nous suffit, personne n'a réclamé de preuves. Mais; le rôle de cette image est de s'adresser directement à l'imaginaire, de déclencher l'imagination. En cela, elle est plus obscène que toute autre image, car elle dissimule au voyeur son propre voyeurisme.
Charles Péguy - Notre Jeunesse  -
Regarder ailleurs - Péguy-Pasolini #24 - Texte continu










20 décembre







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