– Qu'importe,
nous disent les politiciens, professionnels. Qu'est-ce
que ça nous fait, répondent les politiciens, qu'est-ce que ça peut nous
faire. Nous avons de très bons préfets. Alors qu'est-ce que ça peut
nous faire. Ça marche très bien. Nous ne sommes plus républicains,
c'est vrai, mais nous savons gouverner. Nous savons même mieux
gouverner, beaucoup mieux que quand nous étions républicains,
disent-ils. Ou plutôt quand nous étions républicains nous ne savions
pas du tout. Et à présent, ajoutent-ils modestement, à présent nous
savons un peu. Nous avons désappris la République, mais nous avons
appris à gouverner. Voyez les élections. Elles sont bonnes. Elles sont
toujours bonnes. Elles seront meilleures. Elles seront d'autant
meilleures que c'est nous qui les faisons. Et que nous commençons à
savoir les faire. La droite a perdu un million de voix. Nous lui en
eussions aussi bien fait perdre cinquante millions et demi. Mais nous
sommes mesurés. Le gouvernement fait les élections, les élections font
le
gouvernement. C'est un prêté rendu. Le gouvernement fait les électeurs.
Les électeurs font le gouvernement. Le gouvernement fait les députés.
Les députés font le gouvernement. On est gentil. Les populations
regardent. Le pays est prié de payer. Le gouvernement fait la Chambre.
La Chambre fait le gouvernement. Ce n'est point un cercle vicieux,
comme vous pourriez le croire. Il n'est point du tout vicieux. C'est un
cercle, tout court, un circuit parfait, un cercle
fermé. Tous les cercles sont fermés Autrement ça ne serait pas des
cercles. Ce n'est pas tout à fait ce que nos fondateurs avaient prévu.
Mais nos fondateurs ne s'en tiraient pas déjà si bien. Et puis enfin on
ne peut pas fonder toujours. Ça fatiguerait. La preuve que ça dure, la
preuve que ça tient, c'est que ça dure déjà depuis quarante ans. Il
y
en a pour quarante siècles. C'est les premiers quarante ans qui sont
les plus durs. C'est le premier quarante ans qui coûte. Après on est
habitué. Un pays, un régime n'a pas besoin de vous, il n'a pas besoin
de mystiques, de mystique, de sa mystique. Ce serait plutôt
embarrassant. Pour un aussi grand voyage. Il a besoin d'une bonne
politique, c'est-à-dire d'une politique bien gouvernementale. |
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Une enquête
publiée par l'institut de sondages IFOP en avril 2014 révèle cette
aliénation du fantasme par l'industrie pornographique et souligne que
c'est sur les jeunes que cet impact est le plus fort. La conclusion de
l'étude est limpide : « La consommation de pornographie en
ligne est
devenue un phénomène de masse dont l'impact sur la sexualité des
Français ne se limite pas qu'au visionnage passif d'images
pornographiques. Source de fantasmes et de diversification du plaisir
conjugal, cette forme de production culturelle influence directement la
vie sexuelle des Français : la forme de leurs rapports mais aussi
de
leurs organes sexuels semblant de plus en plus influencée par les codes
et les scénographies de la pornographie. Indissociable d'un univers
pornographique qui l'a popularisée ces dernières années, la pratique de
l'épilation totale des poils pubiens illustre plus que toute autre
l'influence de la culture porn et notamment sa capacité à imposer ses
représentations du corps aux catégories les plus jeunes de la
population. » Mais, ce qui est encore plus surprenant, c'est que
le
commanditaire du sondage n'est pas une ligue de vertu, une association
familiale religieuse, ou toute autre personne morale voulant pousser un
cri d'alarme, mais une entreprise qui diffuse en ligne des films
pornographiques et qui veut sans doute ainsi prouver à ses actionnaires
le marché porteur sur lequel elle est assise. Une autre étude
réalisée par Similarweb, entreprise spécialisée dans l'étude du Web,
souligne l'importance de la consommation de pornographie en ligne dans
les pays arabes et place l'Irak et l'Égypte en tête du classement
mondial pour la part du flux internet vers ce type de sites. Qu'en
conclure ? Que les Arabes sont des obsédés sexuels ? Il
faudrait alors
conclure que les indigènes d'Amérique étaient des alcooliques en
puissance avant l'arrivée des occidentaux. Ce qui se passe me semble en
effet de même nature. De la même façon que les Européens ont importé en
Amérique l'alcoolisme et la syphilis, l'Occident importe dans ses
colonies économiques des fantasmes dévoyés qui ont pour première vertu
de doper la consommation. Les imprécations des imams contre la
masturbation n'y font sans doute rien, sinon accroître la culpabilité
jusqu'à la morbidité. |