Diégèse | |||||||||
jeudi 4 février 2016 | 2016 | ||||||||
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Cela
semble fou, je le répète, mais le cas des jeans « Jésus » est
un
indice de ce changement. Ceux qui ont fabriqués ces jeans et qui les
ont lancés sur le marché en se servant, comme slogan pragmatique, de
l'un des dix Commandements, démontrent — probablement avec un certain
manque de sentiment de culpabilité, à savoir l'inconscience de qui ne
se pose plus certains problèmes — qu'ils sont déjà en dehors du
cercle
dans lequel s'inscrit notre genre de vie et notre horizon mental. Il y a, dans le cynisme de ce slogan, une intensité et une innocence d'un genre absolument nouveau, même s'il a vraisemblablement mis longtemps à mûrir pendant ces dix dernières années (plus rapidement en Italie). Dans son laconisme de phénomène qui s'est révélé d'un coup à notre conscience, il nous déclare d'une façon complète et définitive que les nouveaux industriels et les nouveaux techniciens sont complètement laïques, d'une laïcité qui ne se mesure plus avec la religion. Cette laïcité est une « valeur nouvelle » née dans l'entropie bourgeoise où la religion conçue comme autorité et forme de pouvoir dépérit ; elle ne survit que dans la mesure où elle demeure un produit naturel d'énorme consommation et une forme folklorique encore exploitable. |
En 1973, Pasolini commente l'émoi que suscitent dans la presse italienne les slogans publicitaires pour des jeans de marque « Jesus » : « Tu n'auras pas d'autre jean que moi » et « Qui m'aime me suive ». Certains ont feint de croire que Pasolini était devenu réactionnaire. Au sens premier du terme, c'est à dire, en un sens a-historique, c'est vrai. Pasolini réagit, non pas au supposé blasphème, mais à la sécularisation de la société par la consommation et par son bréviaire publicitaire. En 2015, le mot « blasphème » évoque d'autres événements que les imprécations convenues d'un quotidien catholique. Aucun commando n'était alors venu assassiner les créatifs de l'agence de publicité. Cette publicité s'inscrivait dans un contexte général de libéralisation des mœurs, mais aussi dans celui où la comédie musicale « Jesus-Christ Superstar » soulignait la compatibilité des évangiles avec la culture « Peace Love » - ou l'inverse. Avec le recul de quarante années, on peut aussi penser que Pasolini avait raison de voir un coup de force de la consommation, mais, que ce coup de force disait plutôt aux Italiens que la consommation est compatible avec le catholicisme, comme le sont aussi les lazzi machistes et la marchandisation du corps féminin. Le véritable blasphème aurait été d'appeler les jeans en question « Marie » et d'utiliser un slogan lié au culte marial. La société italienne se serait embrasée de cette insulte faite à la Sainte Mère, donc à toutes les mères italiennes. Car, c'est aussi un point commun des cultures patriarcales que de sanctifier la maternité tout en aliénant les femmes. « Toutes sauf ma mère » dit aussi le slogan des jeans Jesus. | ||||||||
Analyse linguistique d'un slogan - Pier Paolo Pasolini - Les Écrits corsaires | Barbie Tahrir - Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #02 - | ||||||||
4 février | |||||||||
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Car le plus souvent nous étions des personnages silencieux. | |||||||||
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« N'importe, continua la jeune fille, je voudrais être un homme et tirer des coups de fusil. Il me semble que cela me ferait du bien. » | Il s'agit exactement là, cependant, des techniques utilisées par les gourous de toutes les sectes qui proposent un Salut, qui s'avère dans tous les cas un Salut... marchand. | le monde grave d'avant « le sourire sur la photo », d'avant la virtualisation de l'image, ce monde d'avant l'avatar que notre image nous donne aujourd'hui à voir dans un narcissisme cosmétique et consumériste. |