Diégèse




jeudi 11 février 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Quand les républicains attribuent à la République, (aux républicains), (au peuple, aux citoyens) à l'assiette, à la tranquillité, à la solidité, à la durée de la République la durée de la République, ils attribuent à la République ce qui n'est pas d'elle mais du temps où elle se meut. Quand les monarchistes attribuent aux monarchies voisines, (aux monarques) (aux monarchistes, aux peuples, aux sujets), à leur assiette, à leur tranquillité, à leur solidité, à leur durée leur durée, ils attribuent à ces monarchies ce qui n'est pas d'elles mais du temps où elles se meuvent. Du même temps. Qui est le temps de tout le monde. Et cet escalier à double révolution centrale, cette symétrie, cet antithétisme homothétique des situations, cet appareillement des attributions n'a rien qui doive nous étonner. Les républicains et les monarchistes, les gouvernants républicains et les théoriciens monarchistes font le même raisonnement, commettent la même attribution, des attributions contraires, complémentaires, homothétiques, la même fausse attribution parce que tous les deux ils ont la même conception, les uns et les autres ils sont des intellectuels, tous les deux ensemble et séparément, tous les deux contrairement et ensemble ils sont des politiques, ils croient en un certain sens à la politique, ils parlent le langage politique, ils sont situés, ils se meuvent sur le plan (de la) politique. Ils parlent donc le même langage. Ensemble les uns et les autres. Ils se meuvent donc sur le même plan. Ils croient aux régimes, et qu'un régime fait ou ne fait pas la paix et la guerre, la force et la vertu, la santé et la maladie, l'assiette, la durée, la tranquillité d'un peuple. La force d'une race. C'est comme si l'on croyait que les châteaux de la Loire font ou ne font pas les tremblements de terre.
La révolution n'est pas toujours de gauche. Le peuple, ou une partie du peuple, peut tout aussi bien se livrer à une révolution de droite, et parfois pieds et poings liés. Dans le monde marchand, dans le monde de la marchandise, l'apparition d'un nouveau produit est présentée comme « révolutionnaire », c'est à dire comme représentant un progrès incroyable par rapport au produit commercialisé auparavant. On parle d'ailleurs de « nouvelle génération » de produit. Mais il n'en va pas dans l'histoire des peuples comme il y va dans l'histoire des aspirateurs ou des automobiles. Cette habitude de penser la révolution comme apportant nécessairement un état meilleur pour le peuple est à l'origine d'erreurs répétées dans l'interprétation des faits historiques, dans leur perception et dans leur réception. Peu de temps après la mort de Pasolini commençait la révolution iranienne. Une partie de la classe politique française, notamment à gauche, lui appliquait alors sa grille de lecture habituelle. Si le shah était capitaliste et allié avec les Etats-Unis, il était donc de droite, et si Khomeyni était contre le shah et révolutionnaire, c'est qu'il était de gauche. Il allait donc de soi, si l'on était de gauche, d'être contre le shah et en faveur de Khomeyni, ce Khomeyni si familier qui partageait alors Neauphle le Château avec Marguerite Duras et que certains appelaient alors le Gandhi iranien. Aujourd'hui, le régime iranien n'est plus perçu comme « de gauche » depuis longtemps, ni par la gauche française, ni par la droite d'ailleurs. C'est qu'une autre grille de lecture est appliquée : régime clérical versus démocratie laïque. Une dictature cléricale ne peut pas être de gauche. Une dictature laïque, oui. Tant qu'il y a Cuba. « Les Printemps arabes », quant à eux, ont d'emblée été perçus comme « de gauche », car se dressant contre des régimes corrompus dictatoriaux et n'étant pas mus par le cléricalisme. Mais l'étaient-ils vraiment ?
Charles Péguy - Notre Jeunesse  -
Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #03 -










11 février






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« Passer du fragment au non-fragment, c'est ça le problème, c'est à dire, dans mon cas, changer mon rapport à l'écriture, c'est à dire à l'énonciation, c'est à dire encore changer le sujet que je suis. »

Roland Barthes
Collège de France
séance du
16 décembre 1978