Diégèse | |||||||||
vendredi 12 février 2016 | 2016 | ||||||||
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La
restauration ou l'authentique réaction apparue en 1971-1972 (après
l'entracte de 1968) constitue en réalité une
révolution. Voilà pourquoi elle ne restaure rien et ne retourne à
rien ; au contraire, elle tend littéralement à effacer le passé,
avec ses « pères », ses religions, ses idéologies et ses
modes de vie (réduits aujourd'hui à
purement et simplement survivre). Cette révolution de droite, qui a
balayé avant
tout la droite, est survenue factuellement, pragmatiquement, à travers
une accumulation progressive de nouveautés (presque toutes dues à
l'application de la
science) : et elle a commencé par la révolution silencieuse des
infrastructures). Bien évidemment, la lutte des classes n'a pas cessé pendant toutes ces années ; et, bien évidemment, elle continue encore. Et voilà l'aspect extérieur de cette réaction révolutionnaire, qui se présente sous les formes traditionnelles de la droite fasciste et clérico-libérale. Tandis que la réaction première détruit de façon révolutionnaire (par rapport à elle-même) toutes les vieilles institutions sociales - famille, culture, langue, Église -, la réaction seconde (dont la première se sert temporairement, pour pouvoir s'accomplir à l'écart de la lutte des classes directe) s'occupe de défendre ces institutions contre les attaques de la classe ouvrière et des intellectuels. Et c'est ainsi que nous vivons des années de fausse lutte, sur les vieux thèmes de la restauration classique à laquelle croient encore tant ses partisans que ses adversaires ; pendant ce temps, dans le dos de tout le monde, la « vraie tradition humaniste » (pas celle, fausse, des ministères, des académies, des tribunaux et des écoles) est détruite par la nouvelle culture de masse et par le nouveau rapport que la technologie a institué - avec des perspectives désormais séculaires - entre la production et la consommation la vieille bourgeoisie paléo-industrielle cède la place à une nouvelle, qui comprend chaque jour de plus en plus la classe ouvrière et qui, finalement, tend à identifier les mots de bourgeoisie et d'humanité. |
En 2013,
l'espace public français a été le théâtre de
manifestations, parfois violentes, contre la loi en discussion au
parlement devant permettre à des couples de même sexe de se marier dans
les mêmes conditions et en acquérant les mêmes droits qu'un couple de
sexes opposés. Une grande partie de la droite et de l'extrême droite
s'est alors mobilisée contre cette loi par des formes d'exhibition
urbaines
qui reprenaient dans une sorte de pastiche les codes des manifestations
« de gauche ». On a vu ainsi apparaître des drapeaux, des
chansons, la
reprise de slogans alors à la mode, comme le fameux
« dégage ! » qui
avait fait fortune pendant le Printemps arabe, ou encore l'éternel
« On
lâche rien ! ». « Sitting », installation de tentes
« façon canal
Saint-Martin », des jeunes faisant le « pogo » en
scandant « Taubira,
t'es foutue, les Français sont dans la rue ! ». Une vidéo
explicite d'ailleurs cette tactique sémiotique, tentant de relier ces
bouffonneries au Printemps de Prague en 1968, Solidarnosc en 1980, Tian
Anmen en 1989, et, bien sûr, au Printemps arabe de 2011 - qui avait
d'ailleurs commencé en janvier -. Le mouvement prend ainsi en otage un
appareil sémiotique, celui de la manifestation de rue, avec son
matériel, ses codes, sa chorégraphie et l'inverse. Bien sûr, il n'aura
pas fallu plus d'une ou deux manifestations de ce type pour que le mouvement apparaisse
comme ce qu'il est : conservateur, réactionnaire et
abritant en son sein des groupes fascistes, racistes et antisémites.
Derrière les hymnes et les chants des Journées mondiales de la
jeunesse, on a ainsi pu entendre les vieux slogans de l'ignoble,
ceux-là même dont on croyait qu'on ne les entendrait plus jamais sur
les boulevards parisiens. Un autre groupe utilise la tactique du détournement sémiotique, sinon du retournement sémiotique : les Femen. Ainsi, les Femen se dénudent pour dénoncer la marchandisation du corps féminin. Elles simulent une pendaison pour vilipender l'exécution des prisonniers en Iran. Ce qui se joue dans ces détournements-retournements, c'est la place et le rôle de la littéralité dans notre univers de signes. |
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La première vraie révolution de droite - Pier Paolo Pasolini - Les Écrits corsaires | Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #03 - | ||||||||
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