Diégèse | |||||||||
vendredi 29 janvier 2016 | 2016 | ||||||||
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En somme, dans les cas de révolte de type humaniste — possibles dans le cadre du vieux capitalisme et de la première révolution industrielle — l'Église pouvait intervenir et réprimer, en contredisant brutalement une certaine volonté formellement démocratique et libérale du pouvoir de l'État. Le mécanisme était simple : une partie de ce pouvoir — par exemple la magistrature et la police — assumait une fonction conservatrice ou réactionnaire et, en tant que telle, mettait automatiquement au service de l'Église ses instruments de pouvoir. Il y a donc un double lien de mauvaise foi dans les rapports entre l'Église et l'État : pour ce qui la concerne, l'Église accepte l'État bourgeois — à la place de l'État monarchique ou féodal — en lui accordant un soutien et un appui sans lesquels, jusqu'à aujourd'hui, le pouvoir n'aurait pu subsister ; pour ce faire, l'Église a pourtant dû admettre et approuver l'exigence libérale et la démocratie formelle — choses qu'elle a admises et approuvées à la seule condition que le pouvoir lui donne l'autorisation tacite de les limiter et de les supprimer. Le pouvoir bourgeois lui en a donné l'autorisation de tout cœur. En effet, son pacte avec l'Église en tant qu'instrumentum regni ne consistait en rien d'autre que ceci : dissimuler son propre [il]libéralisme et son antidémocratisme essentiels en confiant les fonctions illibérales et antidémocratiques à une Église acceptée de mauvaise foi comme une institution religieuse supérieure. l'Église a en somme signé un pacte avec le diable, à savoir avec l'État bourgeois. Il n'est en effet de contradiction plus scandaleuse qu'entre religion et bourgeoisie, celle-ci étant le contraire de celle-là. | Mais revenons
à la place Tahrir, à la place de la libération,
pour
considérer ce que serait, et d'abord ce qu'a été, une esthétique de la
libération de la femme. L'image qui vient à l'esprit, de façon
automatique, c'est le tableau de Delacroix où la femme, pour être
l'allégorie de la liberté, cette
Liberté guidant le peuple,
n'en est pas moins dépoitraillée. Marianne elle-même, selon les époques
et les sculpteurs, est plus ou moins couverte, mais elle a toujours une
forte poitrine. Allégorie de la République, mère nourricière, il n'en
est pas moins vrai qu'elle a de gros nichons. L'esthétique de la
libération n'échappe pas au système sémiologique machiste. Quand il
s'agit de femmes, les caractères sexuels secondaires semblent
nécessairement primer sur toute autre représentation. C'est en cela que
la proposition sémiologique des Femen est particulièrement subtile. Les
Femen sont une prétérition, figure de style que Molière utilisa déjà
pour son Tartuffe, lui faisant dire : couvrez ce sein que je ne saurais voir. Tartuffe avoue
d'ailleurs, puisqu'il continue ainsi : par de pareils objets les âmes sont
blessées / et cela fait venir de coupables pensées.
Les Femen tordent, retournent puis pulvérisent par saturation le
système sémiologique machiste qui, quelle que soit la situation, et
même quand elle est aussi violente et cruelle que sur la place Tahrir,
marchandise le corps de la femme. La femme serait nécessairement
réduite à un objet libidinal pour un homme animal ne pouvant réprimer
des instincts prédateurs ? Toute femme serait une salope ? Les Femen
dénoncent le cliché séculaire en le sur-jouant. Dès lors, l'équation est posée : brimer la liberté de mœurs, c'est d'abord brimer la libre sexualité des femmes, sexualité d'emblée assimilée à la révolution anticléricale et anti bourgeoise. |
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Analyse linguistique d'un slogan - Pier Paolo Pasolini - Les Écrits corsaires | Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #02 - | ||||||||
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« Tourner mal ». Voilà ce que craignent et doivent craindre les filles de province et voilà la menace que leur font, pères, mères, grands parents et nourrices, depuis leur plus jeune âge. |