Le pouvoir
monarchique ou
féodal l'était au fond moins. C'est pourquoi, du point de vue de
l'Église, le fascisme, en tant que moment régressif du capitalisme,
était objectivement moins diabolique que le régime démocratique : le
fascisme était un blasphème, mais il ne minait pas l'Église par
l'intérieur, parce qu'il représentait une fausse nouvelle idéologie. Le
Concordat n'a pas été un sacrilège dans les années 30, mais c'en est un
aujourd'hui, car si le Fascisme n'a même pas égratigné l'Église, à
présent le néo-capitalisme la détruit. L'acceptation du fascisme a été
quelque chose d'atroce : mais l'acceptation de la civilisation
bourgeoise capitaliste est un fait définitif, dont le cynisme n'est pas
seulement une faute, la nième dans l'histoire de l'Église, mais bien
une erreur historique que l'Église paiera probablement de son déclin.
Car elle n'a pas pressenti — dans son aveugle obsession de
stabilisation et de fixité éternelle de sa fonction éternelle que la
bourgeoisie représentait un nouvel esprit, qui n'était certes pas celui
du fascisme : un nouvel esprit qui, dès l'abord, s'est révélé
concurrent de l'esprit religieux (dont il ne conserve que le
cléricalisme) et qui finira par prendre sa place pour fournir aux
hommes une vision totale et unique de la vie (sans plus avoir besoin du
cléricalisme comme instrument de pouvoir). |
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Quoi
qu'il se soit passé cette nuit-là à Cologne, qu'il s'agisse ou non d'un
complot de l'extrême droite allemande alliée à une mafia locale afin de
stigmatiser les réfugiés, ou qu'il s'agisse de crimes crapuleux
précédés d'attouchements sexuels pouvant aller jusqu'au viol, commis
par des hommes frustes et frustrés, il me paraît pour autant évident
que l'image fantasmatique produite sur le corps social par les médias,
image d'autant plus prégnante qu'elle ne se confronte à aucune autre
image, il me paraît évident donc, que cette image fantasmatique est une
image pornographique. Il ne s'agit pas là d'un jugement moral, mais
d'un propos critique. Cette image médiatique présente mais absente est
une image pornographique calquée sur les images pornographiques
produites par l'industrie mondiale de la pornographie en ligne. Car, la
mondialisation est aussi la mondialisation de la pornographie.
L'uniformisation des modes de consommation, c'est aussi
l'uniformisation de la sexualité comme consommation, donc
l'uniformisation du fantasme, et ce fantasme est d'abord un fantasme
masculin machiste. Dans l'imagerie pornographique, l'homme basané,
arabe ou « latino » , est sexuellement surpuissant, et la
femme, blonde
et épilée intégralement, une salope à qui l'on doit faire subir les
derniers outrages. Depuis l'adolescence, à travers le monde
entier, cette
imagerie délétère est consommée en masse. Elle influe sur la sexualité.
Elle influe sur l'économie libidinale des peuples. Elle vient avec l'affaire de Cologne de démontrer
qu'elle peut aussi faire irruption dans l'économie politique d'un
peuple. |