Nous
prétendons au contraire que nous les mystiques nous sommes et nous
fûmes, que nous avons toujours été le
cœur et le centre du dreyfusisme, et que nous seuls nous le
représentons. Halévy a quelquefois l'air de dire que les autres
auraient comme suivi une courbe légitime et que nous autres nous
serions des sauvages, presque comme des fantaisistes, que nous aurions
fait une rupture, brusque, un saut illégitime. Ce seraient les autres
qui seraient pour ainsi dire de droit et nous qui serions comme de
travers. Ce seraient les autres qui seraient la règle, le commun,
l'ordinaire, le naturel, et nous qui serions non pas seulement
l'extraordinaire, mais l'exception, et surtout une exception
artificielle. On veut toujours que ce soit la faiblesse et la
dégradation qui soit la règle, l'ordinaire le commun, qui soit comme de
droit, qui aille de soi. C'est précisément ce que je conteste dans tous
les ordres, au moins pour cette race française. En France le courage et
la droiture vont très bien de soi. |
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Le 6
juin 2016, Bruno Amable, professeur de sciences économiques à la
Sorbonne, publiait dans le journal Libération
une chronique
dans
laquelle il commentait la publication récente de trois économistes du
département de la recherche du Fonds monétaire international (FMI),
publication critiquant le « néolibéralisme », c'est-à-dire,
rien de
moins que la doctrine centrale de cette institution. Il rappelle
qu'après la crise de 1929, le libéralisme a été contraint à « une
inexorable
évolution interne », reprenant l'expression d'Auguste Detœuf, le
fondateur, notamment d'Alsthom, et sans doute issue de son discours
« la fin du libéralisme », prononcé en 1936 - à vérifier -.
Cette
évolution, forcée devant l'échec économique du libéralisme et la casse
sociale qui s'en est suivie, aura été le néolibéralisme, qui a
fait florès depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La
« nouvelle
civilisation » dont Edgar Morin scrute les premiers
bruissements, sonnerait ainsi la fin du néolibéralisme, cela-même que
j'appelle ici le « lucre », ou, par goût pour les
néologismes le « lucrativisme », le constat étant
fait désormais, comme l'écrit avec force Amable, que « le
libéralisme,
rénové ou non, conduit toujours aux mêmes impasses et les
promesses de
son
renouvellement sont aussi crédibles que celles d'un alcoolique
chronique affirmant qu'il arrêtera de boire demain. » |