Sans
doute les apparences donneraient raison à Halévy, les apparents
seraient pour lui. Je veux dire que si l'on (ne) considère (que) les
dreyfusistes apparents, les hommes en vue, journalistes, publicistes,
conférenciers, Universités Populaires, parlementaires, candidats,
hommes politiques, tout ce qui parle et tout ce qui cause, tout ce qui
écrit et tout ce qui publie, l'immense majorité des hommes en vue, la
presque totalité des apparents s'empressèrent d'entrer dans les
démagogies dreyfusistes, je
veux dire dans les démagogies politiques issues de la mystique
dreyfusiste. Mais ce que je conteste précisément, ce que je nie, c'est
que ceux qui sont apparents pour l'histoire (et que l'histoire, en
retour, saisit avec tant d'empressement) aient une grande importance
dans les profondeurs de la réalité. Atteignant donc à des réalités
profondes, seules importantes, je prétends que tous les dreyfusistes
mystiques sont demeurés dreyfusistes, qu'ils sont demeurés mystiques,
et qu'ils sont demeurés les mains pures. Qu'importe que tous les
apparents, tous les phénomènes, tous les officiels, tous les avantageux
aient abandonné, aient raillé, aient renié, aient trahi cette mystique
pour la politique issue, pour toutes sortes de politiques, pour toutes
les démagogies politiques. Cela, mon cher Halévy, vous l'avez dit
vous-même : C'est le niveau des vies. Qu'importe qu'ils nous raillent.
Seuls nous représentons et eux ils ne représentent pas. Qu'importe
qu'ils nous tournent en dérision. Eux-mêmes ils ne vivent que par nous,
ils ne sont que par nous. Les vanités mêmes qu'ils sont, sans nous ils
ne le seraient pas. |
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Dans
la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin 2016, un jeune
Américain
a tué à l'arme lourde une cinquantaine de personnes et blessé une autre
cinquantaine dans une discothèque gay d'Orlando en Floride. L'État
islamique au Levant a revendiqué ce massacre. Lundi 13 juin, un jeune
Français de la grande banlieue parisienne a tué à coups de couteaux un
policier et sa femme, épargnant, après avoir hésité, leur fils de trois
ans, hospitalisé depuis dans un état de sidération. l'État islamique au
Levant a revendiqué ces meurtres. Les deux hommes ont été
qualifiés
par cette organisation « soldats du Califat ». S'agissant du
meurtre des
policiers, l'assassin a publié une vidéo en direct dans laquelle il
appelle à tuer des responsables politiques, et notamment des maires et
des députés, des journalistes et des rappeurs, cela pendant la période
du championnat de football « Euro 2016 ». Voilà les
faits. On peut
ajouter que les deux meurtriers sont musulmans, l'un d'origine arabe,
le Français, l'autre d'origine afghane, l'Américain. Ils avaient
respectivement 25 et 29 ans. Ces deux meurtres, légitimement, ont
suscité une émotion immense, internationale, et un flot continu de
commentaires. Ce flot ne tarira pas. Il se nourrit de l'émotion
provoquée par ces actes, qui se fonde principalement sur des processus
d'identification et d'empathie. Si l'on s'éloigne un peu de ces faits
atroces, si l'on s'éloigne aussi de toute tentative d'analyse
géopolitique, il ne reste que cette émotion. C'est donc cette émotion
qu'il convient d'observer
cliniquement, puisque c'est elle, d'abord,
qui est recherchée par les assassins et leurs supposés commanditaires. |