Diégèse




lundi 20 juin 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










C'est ce monde paysan éclairé, pré-national et pré-industriel, qui a survécu jusqu'à il y a quelques années que je regrette (ce n'est pas pour rien que j'habite le plus loin possible, dans les pays du Tiers-Monde où il survit encore, (quoique le Tiers-Monde soit lui aussi en train de pénétrer dans l'orbite du: soi-disant développement).
Les hommes qui peuplaient cet univers ne vivaient pas un « âge d'or », parce qu'ils n'étaient pas liés, sinon formellement, à l'Italietta. Ils vivaient ce que Chilanti a appelé l'âge du pain,- c'est-à-dire qu'ils étaient consommateurs, de biens de toute première nécessité. C'est sans doute cela qui rendait leur vie pauvre et précaire extrêmement nécessaire, tandis qu'il est clair que les biens superflus rendent la vie superflue (cela dit pour être très élémentaire, et en finir avec cet argument).
Que je regrette ou non cet univers paysan, de toute façon c'est mon affaire. Mais ça ne m'empêche pas du tout de dire comme elle est ma critique du monde actuel ; au contraire, elle est d'autant plus lucide que je me suis détaché de ce monde et que j'accepte seulement stoïquement d'y vivre.

Puisque, désormais, la maladie dont souffre l'époque, dont souffre notre temps, est diagnostiquée comme étant une double anomie assortie d'une anosognosie caractérisée, il convient de rechercher, puis d'appliquer le traitement le mieux adapté. On commencera par l'anosognosie - dont on rappelle que le patient qui en est affecté ne se rend pas compte pathologiquement de son état -. Il faut pour ce faire trouver quelques exemples significatifs qui conduisent par leur évidence, sinon leur violence et leur brutalité, à ce que le malade prenne conscience de son état. L'actualité fournira ces exemples sans avoir besoin de beaucoup les chercher. Aujourd'hui, 20 juin 2016, par exemple, le journal Le Monde rend compte du rapport annuel pour 2015 du Haut-Commissaire aux réfugiés. Ce rapport indique que pour la première fois plus de 65 millions de personnes à travers le monde ont quitté leur foyer, chassées par les conflits et les persécutions. Les réfugiés, à eux seuls, représentent 21,3 millions de personnes. Cependant, ces chiffres peuvent demeurer abstraits pour le malade et ne pas susciter le choc de lucidité attendu. Il faut donc les illustrer, les mettre en rapport avec des quantités que le malade, dans son confort anesthésique, pourra mieux percevoir. Le Monde, d'ailleurs, s'y emploie en rappelant que 65,3 millions de personnes, c'est l'équivalent de l'intégralité de la population française. On ajoutera que 21,3 millions de réfugiés, c'est presque la population de l'Australie, ou encore celle de Madagascar. Chacun pourra trouver des éléments de comparaison qui lui sembleront bien adaptés.
Mais, le malade pourrait alors prendre peur et penser, dans son état psychique préoccupant, qu'il va être envahi, occupé, submergé... Il faudra d'emblée le rassurer : 86% des personnes déplacées trouvent asile dans des pays à faible ou à moyen revenu, à proximité des situations de conflit. Pour être plus clairs, vous pourrez expliquer les choses ainsi : ce sont les pauvres qui sont les premiers touchés et le plus touchés par les troubles sociaux, et la plupart se contente de partager la pauvreté d'aussi pauvres qu'eux. Si, à cette évocation, le malade demeure impassible, c'est que son état est encore plus alarmant que ce que l'on pouvait craindre.
Étroitesse de l'histoire et immensité du monde paysan - Pier Paolo Pasolini
Écrits corsaires

diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #12










20 juin







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