Diégèse




mercredi 2 mars 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Aucun centralisme fasciste n'est parvenu à faire ce qu'a fait le centralisme de la société de consommation. Le fascisme proposait un modèle, réactionnaire et monumental, mais qui restait lettre morte. Les différentes cultures particulières (paysannes, sous-prolétariennes, ouvrières) continuaient imperturbablement à s'identifier à leurs modèles, car la répression se limitait à obtenir leur adhésion en paroles. De nos jours, au contraire, l'adhésion aux modèles imposés par le centre est totale et inconditionnée. On renie les véritables modèles culturels. L'abjuration est accomplie. On peut donc affirmer que la « tolérance » de l'idéologie hédoniste voulue par le nouveau pouvoir est la pire des répressions de toute l'histoire humaine. Mais comment une telle répression a-t-elle pu s'exercer ? A travers deux révolutions, qui ont pris place à l'intérieur de l'organisation bourgeoise : la révolution des infrastructures, et la révolution du système d'information. Les routes, la motorisation, etc., ont désormais uni les banlieues au centre, en abolissant toute distance matérielle. Mais la révolution des mass media a été encore plus radicale et décisive. Au moyen de la télévision, le centre s'est assimilé tout le pays, qui était historiquement très différencié et très riche en cultures
Originales. Une grande œuvre de normalisation parfaitement authentique et réelle est commencée et — comme je le disais — elle a imposé ses modèles : des modèles voulus par la nouvelle classe industrielle, qui ne se contente plus d'un « homme qui consomme » mais qui prétend par surcroît que d'autres idéologies que celle de la consommation sont inadmissibles. C'est un hédonisme néolaïque, aveuglément oublieux de toute valeur humaniste et aveuglément étranger aux sciences humaines.

L'emploi du mot « culture », que cette « culture » soit « populaire » ou non, est source infinie de malentendus. De quoi parle-ton vraiment quand on évoque la « culture populaire » ? S'agit-il de chants et de danses traditionnelles ou des modes de consommation de masse ? Les deux. Alternativement ou successivement. C'est que le mot « culture » est polysémique et ambigu, tout autant que le mot « populaire. » Une voiture « populaire » sera une voiture bon marché. Un quartier « populaire » sera un quartier avec de nombreux logements sociaux habités par des familles cumulant les difficultés économiques et sociales. Ce sera aussi, par extension et par euphémisme politicien, un quartier où l'insécurité et les trafics prospéreront. Enfin, ces familles seront majoritairement d'origine étrangère. Quelle serait dès lors la culture populaire d'un quartier populaire dans la France de 2016 ? Sans doute des sociologues auront-ils enquêté sur cette question et pourront en cerner les contours, mais, l'image demeure floue. Cependant, ce qui est certain, c'est que la culture populaire d'un quartier populaire ne connaît ni béret, ni cigarettes sans filtre vissée au coin de la bouche, ni Mireille Mathieu, ni Édith Piaf. Cette culture populaire ne répond donc en rien aux premières images qui viennent quand on prononce « culture populaire française ». Cela semble une évidence. Pour autant, après les attentats de novembre 2015 à Paris, des journalistes anglo-saxons erraient dans les rues de la capitale en demandant si Édith Piaf était encore vivante. Est-ce grave ? Est-ce ennuyeux ? Après tout, les Américains, les Anglais, les Allemands, les Italiens, et, somme toute, tous les ressortissants de tous les pays ne ressemblent pas à l'image que l'on a d'eux, c'est à dire à la représentation folklorique que l'on en a. Et ce n'est pas si grave. Mais, ce qui est ennuyeux, ce qui est grave, ce qui est éminemment sérieux et grave, c'est que la représentation du peuple français de la plupart des femmes et des hommes politiques français est aussi frappée d'obsolescence. Je prétends en effet que les responsables politiques nationaux, ont une représentation folklorique du peuple.
Acculturation et acculturation - Pier Paolo Pasolini - Les Écrits corsaires
Populaire - populisme - popularisme - Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #04 -










2 mars







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