Notre
collaborateur M. Daniel Halévy a fort bien indiqué, dans ces
cahiers mêmes, dans son dernier cahier, il a marqué seulement mais il a
fort bien marqué que l'histoire de ce siècle ne va pas pour ainsi dire
tout de go. Qu'elle n'est pas simple, unique, unilatérale, univoque,
bloquée, blocarde, enfin elle-même qu'elle n'est pas un bloc ;
qu'elle
ne va point toute et toujours dans le même sens ; qu'elle n'est
point
d'un seul tenant. Il n'y a pas eu un ancien régime qui a duré des
siècles ; puis un jour une révolution qui a renversé l'ancien
régime ;
puis des retours offensifs de l'ancien régime ; et une lutte, un
combat, un débat d'un siècle entre la révolution et l'ancien régime,
entre l'ancien régime et la révolution. La réalité est beaucoup moins
simple. Halévy a fort bien montré que la République
avait, était une tradition, une conservation, elle aussi, (elle surtout
peut-être), qu'il y avait une tradition, une conservation républicaine.
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Donc,
un « intello » serait volontiers un « intellectuel de
gauche .» Ainsi,
par parallélisme, il serait logique de se demander s'il y a des
« intellectuels de droite ». Mais, est-ce vraiment une
question ? Si un « intellectuel » est un philosophe, un
penseur, un chercheur engagé dans
la lutte politique, dans le combat politique, qui écrit des tribunes,
qui manifeste, qui écrit des pamphlets, alors, on voit que la question
se dégonfle, car, cette figure existe à droite comme à gauche, et ce,
depuis plus d'un siècle. On pourrait même penser que les combats
idéologiques et politiques de la Révolution française sur fond de
philosophie des lumières ont inventé l'un et l'autre. Plus près de
nous, dans les années 1970, il y avait Raymond Aron. Personne ne lui
dénie le statut
d'intellectuel et personne ne doute qu'il ait été de droite.
Alors !
Pourquoi cette fausse question ? C'est qu'on a lancé sur le marché
de
nouveaux intellectuels de droite et que pour en faire la promotion, on
feint que ce cela soit nouveau. Il s'agit d'une campagne publicitaire.
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