Une ligne
d'action était commencée, était
poussée dans la mystique, avait jailli dans la mystique, y avait
trouvé, y avait pris sa source et son point d'origine. Cette action
était bien lignée. Cette ligne d'action n'était pas seulement
naturelle, elle n'était pas seulement légitime, elle était due. La vie
suit son train. L'action suit son train. On regarde par la portière. Il
y a un mécanicien qui conduit. Pourquoi s'occuper de la conduite. La
vie continue. L'action continue. Le fil s'enfile. Le fil de l'action,
la ligne de l'action continue. Et continuant, les mêmes personnes, le
même jeu, les mêmes institutions, le même entourage, le même appareil,
les mêmes meubles, les habitudes déjà prises, on ne s'aperçoit pas que
l'on passe pardessus ce point de discernement. D'autre part, par
ailleurs, extérieurement l'histoire, les événements ont marché. Et
l'aiguille est franchie. Par le jeu, par l'histoire des événements, par
la bassesse et le péché de l'homme la mystique est devenue politique,
ou plutôt l'action mystique est devenue action politique, ou plutôt la
politique s'est substituée à la mystique, la politique a dévoré la
mystique. Par le jeu des événements, qui ne s'occupent pas de nous, qui
pensent à autre chose, par la bassesse, par le péché de l'homme, qui
pense à autre chose, la matière qui était matière de mystique est
devenue matière de politique. Et c'est la perpétuelle et toujours
recommençante histoire. |
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L'aversion
séculaire contre l'homosexualité s'enracine dans
l'imaginaire. Rien ne pouvant justifier cette aversion,
il faut l'affubler de crimes, il faut la criminaliser. C'est ce qu'ont
fait depuis des millénaires les clercs des religions monothéistes. Le
Cardinal
Gousset dans son énumération amphigourique des péchés de chair, ne fait
pas autre chose, et va même au-delà puisque c'est toute la sexualité
qu'il pénalise. Toutes les luttes de libération contre le pouvoir
clérical de l'Église ont attaqué ces amalgames hasardeux
qui
ont produit des lois, des peines, des geôles, des lynchages, des
meurtres symboliques ou des meurtres non symboliques. Alors qu'on
continue dans le monde à jeter des hommes et des femmes du haut
d'immeubles parce qu'ils seraient convaincus d'homosexualité, alors que
les lynchages se poursuivent, alors que des familles, des bonnes
familles, et parfois de bonnes familles chrétiennes, chrétiennes et
catholiques, des familles pieuses même, rejettent leur enfant, le
mettent à la rue, l'excluent de tout amour familial, il ne faut
s'associer en rien à la criminalisation imaginaire de l'amour entre
adultes du même sexe. Ainsi, rapprocher, même subrepticement, par le
choix d'une photo dans un éditorial, par simple juxtaposition, les
barbarinades contre le mariage
pour tous et le silence supposé du Cardinal face à une affaire de
pédophilie, c'est collaborer, tout aussi subrepticement, à ce vaste
mouvement de criminalisation de l'amour, c'est perpétuer l'amalgame
justificateur. |