Diégèse




vendredi 4 novembre 2016



2016
ce travail est commencé depuis 6153 jours (3 x 7 x 293 jours) et son auteur est en vie depuis 20606 jours (2 x 10303 jours)
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Enfin, comme c'est un parti qui s'exprime par la petite-bourgeoisie, la Démocratie chrétienne ne pouvait que nourrir un profond et incurable mépris pour la culture : pour la petite-bourgeoisie (même dans ses aberrations « rouges »), la culture est toujours « sous-culture ».
Le primat est à l'action. Qui pense est coupable. Les intellectuels, comme ils sont en possession de quelques vérités (même si elles sont contradictoires) que la petite-bourgeoisie soupçonne d'être vraies, doivent être, au moins moralement, éliminés. L'arrière-garde démocrate-chrétienne (on peut lire une récente attaque de Carlo Casalegno, vice-directeur de la Stampa, contre quelques Intellectuels) poursuit encore cette politique obscurantiste qui lui a donné tant de satisfactions démagogiques par le passé et qui est si inutile aujourd'hui que la fonction anti culturelle est assumée par les mass media (qui, toutefois, font semblant d'admirer et de respecter la culture). L'épigraphe de ce chapitre de l'histoire bourgeoise, Goering l'a écrite une fois pour toutes : « Quand j'entends le mot culture, je sors mon pistolet. »
Il se peut que des lecteurs trouvent que je dis des banalités. Mais qui est scandalisé est toujours banal. Et moi, malheureusement, je suis scandalisé. Reste à savoir si, comme tous ceux qui se scandalisent (la banalité de leur langage le démontre), j'ai tort, ou s'il y a des raisons particulières pour justifier mon état d'esprit...

La langue a ceci de cruel qu'elle est prompte à déceler et à dévoiler l'absurdité des actes humains. On pense qu'une action a un sens, qu'elle a un sens politique, historique, sociologique... On pense même que c'est le bon sens, que c'est ce qu'il fallait faire, et mieux, qu'il n'y avait rien d'autre à faire ; et puis, patatras, la langue vient détruire le bel édifice sémantique patiemment construit et toutes ses justifications. S'agissant des migrants en France ces derniers jours et ces dernières semaines la cruauté de la langue s'est encore une fois manifestée. Certes, les images, lorsqu'elles sont dépouillées de leurs commentaires, c'est à dire du récit supposé les décrire et qui est en fait le choix autoritaire d'un des récits possibles dans l'intrinsèque polysémie iconique, peuvent aussi dévoiler l'absurdité des actes humains. Ainsi, un observateur inattentif ou peu disposé à décoder doxalement ce qu'il voit et ce qu'il entend aura vu des images prises à Calais et à Paris de la force publique munie d'engins motorisés s'employant à démanteler et à détruire des constructions précaires, mais assez solides pour encore résister, et aussi à se saisir de tentes qui soupirent avant de s'effondrer dans des bennes à ordures. Les images auront pu choquer. Elles demandent cependant encore un effort d'interprétation. La langue, elle, dénudée et dans un raccourci terrible dit abruptement et absurdement ce dont il s'agit : on détruit les abris des sans-abris.
Pier Paolo Pasolini - Écrits corsaires -
L'ignorance vaticane comme paradigme de l'ignorance de la bourgeoisie italienne

Malaise dans la langue - Péguy-Pasolini #20 - Texte continu










4 novembre






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