Diégèse | |||||||||
mercredi 16 novembre 2016 | 2016 | ||||||||
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Venons-en à l'avortement. Tu dis que la lutte pour la prévention de l'avortement que je suggère comme première est vieille, dans la mesure où sont vieux les « anticonceptionnels » et vieille l'idée de techniques amoureuses différentes (et peut-être vieille la chasteté). Mais je ne mettais pas l'accent sur les moyens, mais plutôt sur la diffusion de la connaissance de ces moyens, et surtout sur leur acceptation morale. Pour nous autres — hommes privilégiés — il est facile d'accepter l'emploi scientifique des anticonceptionnels et, surtout, d'accepter moralement les techniques amoureuses les plus différentes et les plus perverses. Mais pour les masses petites-bourgeoises et populaires (bien que déjà « consommatrices »), ce n'est pas encore le cas. Voilà pourquoi j'incitais les radicaux (à l'intention desquels a eu lieu tout mon discours, qui ne prend son sens plein que si on le tient pour une conversation avec eux) à lutter pour la diffusion de la connaissance des moyens d'un « amour non procréant », puisque (disais-je) procréer est aujourd'hui un délit écologique. Si, pendant un an, on faisait à la télévision une campagne de propagande sincère courageuse et obstinée pour ces moyens, les naissances non voulues diminueraient de façon décisive au regard du problème de l'avortement. Toi-même, tu dis que dans le monde moderne, il y a deux types de couple : le couple bourgeois privilégié (hédoniste) qui « conçoit le plaisir comme distinct et séparé de la procréation » et le couple populaire, qui « par ignorance et bêtise ne parvient pas à une telle conception ». Eh bien, je posais justement ceci comme exigence première à la lutte progressiste et radicale : essayer d'abolir — par les moyens auxquels le pays a démocratiquement droit — cette distinction de classe. Bref, je le répète, la lutte pour la non-procréation doit intervenir au stade du coït, et non à celui de l'accouchement. | Si
l'on continue d'aborder la campagne électorale américaine comme une
campagne publicitaire et l'élection qui s'en est suivie comme une
enquête de mesure de l'efficacité de l'image publicitaire construite
des deux protagonistes, il faut essayer de comprendre les raisons
subliminales qui ont fait que le produit « Donald Trump » a
pris
l'avantage sur le produit « Hillary Clinton ». Si l'on
examine des
portraits officiels des deux candidats et que l'on s'attache à suivre
le mouvement de la pensée si l'on regarde un peu plus longtemps qu'à
l'habitude, on peut s'apercevoir que le regard fait pour l'une et pour
l'autre un chemin inverse. S'agissant de « Donald Trump », la
première
impression est celle du « faux », du « toc », ou
encore du « bling-bling », comme on le dirait de l'un des
personnages de notre vie politique
locale. Puis, faisant abstraction de la moumoute blonde péroxydée et
des traits manifestement retaillés, on se prend à penser qu'il a pu
être séduisant, avec des yeux de loup, ce que confirme une photographie
de ses dix-huit ans à l'Académie militaire de New-York prise en 1964.
On appellera ici ce mouvement de pensée, ou ce mouvement de
regard : « le beau sous le moche ». Si l'on procède au même exercice pour le produit « Hillary Clinton », l'image est plus lisse. Elle aussi est teinte en blonde, mais d'un blond supposé moins vulgaire et admis comme de bon aloi pour une femme. C'est une belle femme qui ne fait pas ses presque soixante-dix ans. Mais si l'on regarde davantage, tout en concédant que la publicité porte d'emblée le regard sur le visage féminin vers plus de sévérité stéréotypée que pour le visage masculin, alors, ce qui apparaît, c'est que le visage tombe et que, pire encore, ce sont des plis d'amertume, de dureté sinon de méchanceté qui le font tomber. Ce mouvement de regard-là, appelons-le : « le moche sous le beau ». La campagne a duré suffisamment longtemps et a été suffisamment violente pour que le deuxième regard domine sur le premier. « le beau sous le moche » a gagné car, subliminalement, il est plus satisfaisant, surtout dans un monde où les valeurs morales ont été façonnées par les studios Disney. |
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Pier Paolo Pasolini - Écrits corsaires - Sacer | Péguy-Pasolini #21 - Texte continu | ||||||||
16 novembre |
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