Diégèse

2016




#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -





Produit contre produit - Péguy-Pasolini - #21 -





Consolidation du 19 novembre



Comme tout ce qui vient des États-Unis, l'élection de Donald Trump à la présidence a suscité en France des réactions irrationnelles, beaucoup de commentaires et des analyses nourries, si bien que quelques heures à peine après l'élection, on pouvait avoir l'impression que tout avait déjà été dit et qu'il suffisait dès lors d'attendre et d'observer ce que ce milliardaire coloré, emporté et sanguin allait faire à notre monde. Pour les commentateurs français, il s'agissait aussi de savoir si cette élection outre-Atlantique allait ou non avoir des conséquences sur les élections françaises et faire progresser, ou au contraire régresser, les leaders populistes de l'échiquier politique local.
Mais tout cela n'avait pas grand intérêt, car les analyses supposées sérieuses oubliaient comme souvent la part d'imaginaire et les désastres symboliques derrière le fracas médiatique. Il fallait prendre ce fait autrement. Entendre. Écouter. Regarder. Et laisser les mots venir.
10 novembre
Quand on écrit tous les jours, l'actualité vient constamment frapper cette écriture pour imposer ses propres sujets, qui ne sont pourtant pas toujours des sujets pour cette écriture. C'est ainsi que depuis le début de l'année 2016, il n'a pas été possible de laisser l'écriture tranquille et qu'il est difficile, en cette première décade de novembre de ne pas embarquer dans le texte l'élection de Monsieur Donald Trump à la Présidence des Etats-Unis.
Mais qu'écrire ?
Dans les médias et chez ceux qui les commentent sur les réseaux sociaux, toutes les analyses politiques, sociologiques, géopolitiques, économiques, apocalyptiques... ont déjà fleuri, et aussi toutes les conséquences que cette élection pourrait avoir sur la salve d'élections qui vont se dérouler en France jusqu'à l'été, ou presque.
Alors, l'écriture doit continuer de tenter de débusquer, encore, la part d'imaginaire et les désastres symboliques derrière le fracas médiatique.
Tout d'abord, pour un Français, ce qui vient en premier, c'est que les Américains ont élu un président qui s'appelle Donald. Et Donald, c'est un personnage de Walt Disney, mais ce n'est pas Mickey. On sait que l'expression « les Mickey », tombée en désuétude, a pu désigner les Américains. Mais qui est Donald ? La longue notice que l'encyclopédie en ligne Wikipédia lui consacre nous rappelle que, des personnages de l'univers de Disney, il est sans doute le moins sympathique, mais aussi celui que l'on envoie dès la seconde guerre mondiale en propagandiste de l' « American way of life ». Agressif, il est aussi séducteur, notamment de canes mexicaines. Le personnage se précise. C'est bien cela ! Dans notre imaginaire français et européen, plus que d'avoir élu un président qui se nomme Donald, les Américains ont élu Donald. Certes, c'est un Donald qui cumule à la fois les traits de Donald Duck, de Picsou et de Gontran Bonheur, mais, c'est Donald et il ressemble à un canard. On apprend aussi dans la même notice encyclopédique qu'en Europe, la dernière période de célébrité pour Donald (Duck) aura été celle des années 1990-2000 en Italie, c'est-à-dire les années Berlusconi. Les indices concordent.

Donald.
Donald Trump.
Pour un Français, ce qui vient en premier, c'est que les Américains ont élu un président qui s'appelle Donald comme le personnage de Walt Disney. Qui est ce Donald qui n'est pas Mickey ? La longue notice que l'encyclopédie en ligne Wikipédia lui consacre nous rappelle que, des personnages de l'univers de Disney, il est sans doute le moins sympathique, mais aussi celui que l'on envoie dès la seconde guerre mondiale en propagandiste de l' « American way of life ». Agressif, il est aussi séducteur, notamment de canes mexicaines.
C'est bien cela ! Le personnage se précise. Dans notre imaginaire français et sans doute aussi européen, plus que d'avoir élu un président qui se nomme Donald, les Américains ont littéralement élu Donald. Certes, c'est un Donald qui cumule à la fois les traits de Donald Duck, de Picsou et de Gontran Bonheur, mais, c'est quand-même Donald et il ressemble bien à un canard. On apprend aussi dans la même notice encyclopédique qu'en Europe, la dernière période de célébrité pour Donald (Duck) aura été celle des années 1990-2000 en Italie, c'est-à-dire les années Berlusconi.
Les indices concordent.
Il y a donc Donald. Et il s'appelle Trump. Qui est Trump ?
Pour un Français, non anglophone, « trump » ne signifie rien, mais se rapproche par approximation de  « trompe », et donc d'un phonème polysémique qui peut désigner à la fois l'appendice nasal de l'éléphant, une forme du verbe « tromper », un instrument à vent à embouchure. Sans compter qu'il y a les trompes d'eustache et de Fallope, et même les trompes à eau ou à mercure, moins connues sinon tombées en désuétude. Ce que l'on sait moins, c'est que l'étymologie commune de tous ces termes est la toupie et que le mot a sans doute été forgé en néerlandais comme une onomatopée. Le Français entend dans « trump » quelque chose qui n'est pas vraiment agréable, quelque chose qui tonitrue, surtout à la chasse, ou qui, par tromperie, est vraiment déloyal. « Donald Trump », c'est « Donald Trompe ».
Mais, les professeurs d'anglais pourraient enseigner que « trump » est un faux ami et qu'un anglophone entend tout autre chose. En effet, même si « the last trump » sonne le jugement dernier, ce qui, somme toute, demeure assez rare, « trump » signifie surtout « atout ». Le dictionnaire Collins donne ainsi cet exemple « Hearts are trumps », qui signifie « atout cœur », ou encore « she played trump » pour « elle a joué atout ». « to trump » ne signifie donc pas « tromper » mais, au jeu de carte, « prendre avec l'atout ». Par voie de conséquence, « to declare trumps » signifiera « annoncer la couleur » et « to turn up trumps », créer la surprise.
C'est d'ailleurs ce qui s'est passé : « Trump turned up trumps ».
Perdu !

11 novembre Puisque Donald est élu Président des Etats-Unis, qui est Trump ? Pour un Français, non anglophone, « trump » ne signifie rien, mais se rapproche par approximation de  « trompe », et donc d'un phonème polysémique qui peut désigner à la fois l'appendice nasal de l'éléphant, une forme du verbe « tromper », un instrument à vent à embouchure. Sans compter qu'il y a les trompes d'eustache et de Fallope, et même les trompes à eau ou à mercure, moins connues sinon tombées en désuétude. Ce que l'on sait moins, c'est que l'étymologie commune de tous ces termes est la toupie et que le mot a sans doute été forgé en néerlandais comme une onomatopée. Le Français entend dans « trump » quelque chose qui n'est pas vraiment agréable, quelque chose qui tonitrue, surtout à la chasse, ou qui, par tromperie, est vraiment déloyal. « Donald Trump », c'est « Donald Trompe ».
Mais, les professeurs d'anglais enseignent que « trump » est un faux ami et qu'un anglophone entendra tout autre chose. En effet, même si « the last trump » sonne le jugement dernier, ce qui, somme toute, demeure assez rare, « trump » signifie surtout « atout ». Le dictionnaire Collins donne ainsi cet exemple « Hearts are trumps », qui signifie « atout cœur », ou encore « she played trump » pour « elle a joué atout ». « to trump » ne signifie donc pas « tromper » mais, au jeu de carte, « prendre avec l'atout ». Par voie de conséquence, « to declare trumps » signifiera « annoncer la couleur » et « to turn up trumps », créer la surprise.
C'est donc ainsi que « Trump turned up trumps » : perdu !
12 novembre Puisque nous pouvons mieux cerner désormais ce que l'imaginaire des Français et des Américains, respectivement, entend lorsqu'il entend « Donald » et « trump », qu'entend-il pour « Hillary » et « Clinton ». S'agissant de « Clinton », c'est simple, Français et Américains entendent un peu la même chose car le terme a été surexposé dans l'imaginaire mondial : « Clinton », c'est Bill. Et l'on se souvient que la première fois que la femme de Bill est apparue au premier plan médiatique, c'était sous les traits de la femme... trompée, mais digne, une sorte de « Anne Sinclair » sans accusation au pénal, mais devant cependant affronter la procédure de destitution de son mari « Menteur, Menteur » . S'agissant du prénom « Hillary », il est lié à celui de « Hilaire » et donc à pas moins de cinq saints de Poitiers, d'Arles, de Mende, de Carcassonne et de Toulouse, sans compter le quarante-sixième pape. Le prénom « Hillary » peut prendre un seul « l », ou deux. Cette distinction orthographique peut sembler anecdotique. Pas si l'on en croit le magazine Elle qui propose de mieux connaître « la personnalité de votre prénom ». En effet, selon cette rubrique du célèbre magazine destiné aux femmes, il apparaît que1 « Hilary est consciencieuse, discrète et très agréable à côtoyer. Elle a un sens inné de l’organisation et du devoir... » quand2 « Hillary est mystérieuse et cultive son côté inaccessible pour charmer son entourage. Elle est courtoise et conciliante, mais peut soudainement se montrer dure et intolérante. ». On se prend rêver que le résultat des élections américaines tienne au seul doublement d'une consonne dans le prénom de la candidate démocrate. N'en eût-elle qu'un que le sort du monde en eût été peut-être changé... Mais la défaite d'Hillary tient en fait à autre chose, que révèle le quotidien régional Le Télégramme : Hillary Clinton aurait un lointain cousinage avec François Hollande selon un généalogiste. Ceci est déjà hilarant, mais devient franchement grotesque quand on apprend que « les deux responsables politiques descendent en effet des "Rois maudits" ». Heureusement, il ne s'agissait pas du même roi, puisque Hillary descendrait de Louis X le Hutin quand François Hollande serait l'ultime rejeton de Philippe V le Long. On apprenait dans le même article que Donald Trump n'avait aucun ancêtre français et cela lui a sans doute fait gagner quelques voix.
Passons à la candidate malheureuse. Qu'est ce que l'imaginaire des Français forme lorsqu'il entend « Hillary » et « Clinton » ?
S'agissant de « Clinton », c'est simple, Français et Américains entendent un peu la même chose car le terme a été surexposé dans l'imaginaire mondial : « Clinton », c'est Bill. Et l'on se souvient que la première fois que la femme de Bill est apparue au premier plan médiatique, c'était sous les traits de la femme... trompée, mais digne, une sorte de « Anne Sinclair » sans accusation au pénal, mais qui devait cependant affronter la menace d'une procédure de destitution de son mari Président des Etats-Unis : « Menteur, Menteur » .
S'agissant du prénom « Hillary », on apprendra qu'il est lié à celui de « Hilaire » et, en conséquence, à pas moins de cinq saints de Poitiers, d'Arles, de Mende, de Carcassonne et de Toulouse, sans compter le quarante-sixième pape. Le prénom « Hillary » peut prendre un seul « l », ou deux. Cette distinction orthographique peut sembler anecdotique. Pas si l'on en croit le magazine Elle qui propose de mieux connaître « la personnalité de votre prénom ». En effet, selon cette rubrique du magazine, il apparaît que1 « Hilary est consciencieuse, discrète et très agréable à côtoyer. Elle a un sens inné de l’organisation et du devoir... » quand2 « Hillary est mystérieuse et cultive son côté inaccessible pour charmer son entourage. Elle est courtoise et conciliante, mais peut soudainement se montrer dure et intolérante. ». On se prend rêver que le résultat des élections américaines tienne au seul doublement d'une consonne dans le prénom de la candidate démocrate. N'en eût-elle qu'un que le sort du monde en eût été peut-être changé...
Mais la défaite d'Hillary tiendrait en fait à autre chose, que révèle le quotidien régional océanique Le Télégramme : Hillary Clinton aurait un lointain cousinage avec François Hollande selon un généalogiste. Ceci est déjà hilarant, mais devient franchement grotesque quand on apprend que « les deux responsables politiques descendent en effet des "Rois maudits" ». Heureusement, il ne s'agissait pas du même roi, puisque Hillary descendrait de Louis X le Hutin quand François Hollande serait l'ultime rejeton de Philippe V le Long. Si Donald Trump a gagné, semble dire le quotidien, c'est qu'il n'avait aucun ancêtre français et que cela lui a sans doute fait gagner quelques voix dans les campagnes du Far-West.
13 novembre Il est donc désormais établi que les Français et les Américains n'entendent rien de semblable quand, réciproquement, ils entendent d'une part « Hillary Clinton » et, d'autre part, « Donald Trump »... Mais cela ne freine pourtant en rien les commentateurs qui veulent tirer de cette élection américaine des conséquences sur les élections françaises à venir. Cela relève évidemment de la supercherie. En revanche, les femmes et les hommes politiques qui ont fait de la grossièreté d'expression et de pensée une sorte de label politicien ont tout intérêt en effet à faire valoir que la baderne teinte en blonde aux grimaces effrayantes qui vient d'être élue Président des Etats-Unis est de leur camp. Lors de sa première campagne électorale, Barack Obama avait utilisé un slogan que chacun a retenu :« Yes We Can ». Les réactionnaires voudraient l'utiliser désormais à leur propre profit, en le retournant, proposant aux électeurs de voter « Oui, nous le pouvons », c'est-à-dire, « Osez être des beaufs machistes, racistes, homophobes... vous le pouvez ». Il convient urgemment de dire à ces électeurs qu'il n'y a aucun doute là-dessus, mais qu'il conviendrait de mieux préciser ce qui suit ce « Oui, nous le pouvons ». Nicolas Sarkozy a déclaré à La Baule que l'élection de Donald Trump était le symptôme d'un ras-le-bol de la « pensée unique ». On sait que pour les politiciens et ceux qui les alimentent, le terme « pensée unique » est une sorte de formule magique, et qui relève d'ailleurs de la pensée magique, qui recouvre tout et n'importe quoi, alternativement, qui a l'air, même vaguement, d'être de gauche. Il peut aussi englober des idées et des impressions qui ne sont pas vraiment de gauche mais qui ont le malheur de laisser croire que le temps passe et que certaines choses peuvent changer. Et, de leur côté, les gens de gauche ou plutôt de gauche, ou vaguement de gauche taxent de « pensée unique » tout ce qui relève plus ou moins du libéralisme ou qui en a l'air. Tout cela est bien sûr grotesque. Les uns et les autres s'aveuglent. Dans ce monde qui change, il ne s'agit pas de s'envoyer des accusations de « pensée unique » à la figure, mais bien de chercher où « ça peut bien penser » et comment diffuser une pensée contemporaine qui s'émancipe des vociférations du passé, qu'elles viennent d'ici ou qu'elles viennent de là. Le problème n'est donc pas la pensée unique mais l'opinion commune, les habitudes de pensée et Péguy aurait ajouté, les « âmes vernissées ».
Il est donc désormais établi que les Français et les Américains n'entendent rien de semblable quand ils entendent d'une part « Hillary Clinton » et, d'autre part, « Donald Trump »... Mais cela ne freine pourtant en rien les commentateurs qui veulent tirer de cette élection américaine des conséquences sur les élections françaises et le jeu politique hexagonal.
Cela relève évidemment de la supercherie.
En revanche, les femmes et les hommes politiques qui ont fait de la grossièreté d'expression et de pensée une sorte de label politicien ont tout intérêt à faire valoir que la baderne teinte en blonde aux grimaces effrayantes élue Président des Etats-Unis est de leur camp. Lors de sa première campagne électorale, Barack Obama avait utilisé un slogan que chacun a retenu :« Yes We Can ». Les réactionnaires voudraient l'utiliser désormais à leur propre profit, en le retournant, proposant aux électeurs de voter « Oui, nous le pouvons », c'est-à-dire, « Osez être des beaufs machistes, racistes, homophobes... vous le pouvez ». Il convient urgemment de dire à ces électeurs qu'il n'y a aucun doute là-dessus et qu'on ne leur demande aucune preuve. Nicolas Sarkozy a déclaré à La Baule que l'élection de Donald Trump était le symptôme d'un ras-le-bol de la « pensée unique ». On sait que pour les politiciens de droite et ceux qui les alimentent, le terme « pensée unique » est une sorte de formule magique, qui relève d'ailleurs de la pensée magique, et qui recouvre tout et n'importe quoi qui a l'air, même vaguement, d'être de gauche. Et, de leur côté, les gens de gauche ou plutôt de gauche, ou vaguement de gauche, taxent de « pensée unique » tout ce qui relève plus ou moins du libéralisme ou qui en a l'air.
Tout cela est bien sûr grotesque.
Les uns et les autres s'aveuglent.
Dans ce monde qui change, il ne s'agit pas de s'envoyer des accusations de « pensée unique » à la figure, mais bien de chercher où « ça peut bien penser » et comment élaborer et diffuser une pensée contemporaine qui s'émancipe des vociférations du passé, qu'elles viennent d'ici ou qu'elles viennent de là. Le problème n'est pas la pensée unique mais bien l'opinion commune, les vieilles habitudes de pensée, les vieilles habitudes vieillies, et Péguy aurait ajouté, les « âmes vernissées ».



Consolidation du 20 novembre
14 novembre Si les campagnes électorales sont fabriquées comme les campagnes publicitaires, le vote populaire ira vers un produit, présenté sous les apparences d'une personne plutôt que vers un programme, c'est-à-dire vers un espoir, sinon une espérance. Sous l'angle de la tête-de-gondole, « Donald Trump » est un bien meilleur produit que sa concurrente. Tout d'abord, son emballage est facilement reconnaissable et ses couleurs criardes attirent l'attention du consommateur, à la fin ou au début de son parcours dans l'hypermarché, pouvant susciter sur la fin un achat compulsif. Ensuite, la corpulence de l'homme, perçue comme la taille de l'emballage, donne l'impression au consommateur qu'il en aura deux pour le prix d'un. Peu importe que le produit à l'intérieur de cet emballage soit petit, le consommateur a l'habitude de ce genre d'arnaques. Enfin, la promotion du produit a été faite par des bimbos et par des personnages de feuilletons télévisés et pas par de vieilles stars supposées progressistes. Que dit donc la publicité du produit « Donald Trump » ? Que ce n'est pas un produit sophistiqué mais qu'il est fait pour vous, qu'il n'est pas cher, et que c'est votre dernière chance de l'acquérir avant la caisse.
Tant est si bien que Donald Trump a gagné les élections.
Il est juste de se demander comment cela a été rendu possible.
Il y a bien sûr de multiples raisons politiques, sociologiques, historiques, qui sont analysées par les politologues, les sociologues, les économistes et les historiens, mais aussi par tous ceux qui font mine d'avoir quelque compétence dans l'une de ces disciplines et encore d'autres. Laissons cela, je n'en ai aucune. Et, puisque les campagnes électorales sont fabriquées comme les campagnes publicitaires, examinons les produits qui ont été proposés aux consommateurs-électeurs américains.
Sous l'angle de la tête-de-gondole, le produit « Donald Trump » est un bien meilleur produit que sa concurrente. Tout d'abord, son emballage est facilement reconnaissable et ses couleurs criardes attirent l'attention du consommateur, à la fin ou au début de son parcours dans l'hypermarché, pouvant susciter sur la fin un achat compulsif. Ensuite, la corpulence de l'homme, perçue comme étant la taille de l'emballage, donne l'impression au consommateur qu'il en aura deux pour le prix d'un. Peu importe que le produit à l'intérieur de cet emballage soit petit, le consommateur a l'habitude de ce genre d'arnaques et peut même y consentir. Enfin, la promotion du produit a été faite par des bimbos et par des personnages de feuilletons télévisés et non par de vieilles stars supposées progressistes.
Que dit donc la publicité du produit « Donald Trump » ?
Que ce n'est pas un produit sophistiqué, mais qu'il est fait pour vous, qu'il n'est pas cher, et que c'est votre dernière chance de l'acquérir avant la caisse.
15 novembre Le produit de campagne publicitaire « Hillary Clinton » était nettement moins bien « packagé » que le produit  « Donald Trump ». Tout d'abord, il s'agissait d'une adaptation pour les femmes ou « en femme » d'un produit qui avait un temps envahi le marché pour les hommes, un peu comme ces gammes destinées aux femmes de ces rasoirs jetables que l'on trouve dans tous les supermarchés. Le produit « Hillary Clinton » ne présentait ainsi aucune forme de nouveauté pour le consommateur-électeur habitué à s'approvisionner, toujours au même endroit et sous la même forme d'un produit utilitaire : le candidat démocrate issu de la haute-bourgeoisie blanche, ce que l'on appelle aussi « WASP3 ». Il y a dans le paysage politique américain conçu comme un supermarché un rayon « WASP » où l'on passe sans même y penser. Le produit « Hillary Clinton » ne présentait en outre aucune amélioration et il avait déjà fait l'objet d'un lancement, quelques années plus tôt, lorsque celle-ci avait été nommée, après sa défaite aux primaires contre Barack Obama, ministre des affaires étrangères. Davantage encore, le produit avait vieilli alors que Donald Trump se présentait déjà vieux. Il y a là une distinction majeure entre un produit directement ciblé pour les seniors, comme le sont certaines pantoufles et un produit intemporel, sans cible, pour les femmes qui se rasent de la puberté à la sénilité.
Le produit de campagne publicitaire « Hillary Clinton » était nettement moins bien « packagé » que le produit  « Donald Trump ». Tout d'abord, il s'agissait d'une adaptation pour les femmes ou « en femme » d'un produit qui avait un temps envahi le marché pour les hommes, un peu comme ces gammes destinées aux femmes de rasoirs jetables que l'on trouve dans tous les supermarchés. Le produit « Hillary Clinton » ne présentait ainsi aucune forme de nouveauté pour le consommateur-électeur habitué à s'approvisionner, toujours au même endroit et sous la même forme d'un produit utilitaire : le candidat démocrate issu de la haute-bourgeoisie blanche, ce que l'on appelle aussi « WASP3 ». Il y a dans le paysage politique américain conçu comme un supermarché un rayon « WASP » où l'on passe sans même y penser. Le produit « Hillary Clinton » ne présentait en outre aucune amélioration, et le fait qu'il fût présenté sous une forme féminisée n'apparaissait pas comme une innovation suffisante pour justifier l'achat-vote. D'ailleurs, il avait déjà fait l'objet d'un lancement, quelques années plus tôt, lorsque celle-ci avait été nommée, après sa défaite aux primaires contre Barack Obama, ministre des affaires étrangères. Davantage encore, le produit avait vieilli alors que Donald Trump se présentait déjà vieux. Il y a là une distinction majeure entre un produit directement ciblé pour les seniors, comme le sont certaines pantoufles et un produit intemporel, sans cible, pour les femmes qui se rasent de la puberté à la sénilité.
16 novembre Si l'on continue d'aborder la campagne électorale américaine comme une campagne publicitaire et l'élection qui s'en est suivie comme une enquête de mesure de l'efficacité de l'image publicitaire construite des deux protagonistes, il faut essayer de comprendre les raisons subliminales qui ont fait que le produit « Donald Trump » a pris l'avantage sur le produit « Hillary Clinton ». Si l'on examine des portraits officiels des deux candidats et que l'on s'attache à suivre le mouvement de la pensée si l'on regarde un peu plus longtemps qu'à l'habitude, on peut s'apercevoir que le regard fait pour l'une et pour l'autre un chemin inverse. S'agissant de « Donald Trump », la première impression est celle du « faux », du « toc », ou encore du « bling-bling », comme on le dirait de l'un des personnages de notre vie politique locale. Puis, faisant abstraction de la moumoute blonde péroxydée et des traits manifestement retaillés, on se prend à penser qu'il a pu être séduisant, avec des yeux de loup, ce que confirme une photographie de ses dix-huit ans à l'Académie militaire de New-York prise en 1964. On appellera ici ce mouvement de pensée, ou ce mouvement de regard : « le beau sous le moche ».
Si l'on procède au même exercice pour le produit « Hillary Clinton », l'image est plus lisse. Elle aussi est teinte en blonde, mais d'un blond supposé moins vulgaire et admis comme de bon aloi pour une femme. C'est une belle femme qui ne fait pas ses presque soixante-dix ans. Mais si l'on regarde davantage, tout en concédant que la publicité porte d'emblée le regard sur le visage féminin vers plus de sévérité stéréotypée que pour le visage masculin, alors, ce qui apparaît, c'est que le visage tombe et que, pire encore, ce sont des plis d'amertume, de dureté sinon de méchanceté qui le font tomber. Ce mouvement de regard-là, appelons-le : « le moche sous le beau ». La campagne a duré suffisamment longtemps et a été suffisamment violente pour que le deuxième regard domine sur le premier. « le beau sous le moche » a gagné car, subliminalement, il est plus satisfaisant, surtout dans un monde où les valeurs morales ont été façonnées par les studios Disney.

La campagne électorale américaine étant définie comme campagne publicitaire, l'élection qui s'en est suivie peut être analysée comme une enquête de mesure de l'efficacité de l'image publicitaire construite des deux protagonistes (produits). Il faut donc aussi essayer de comprendre les raisons subliminales qui ont fait que le produit « Donald Trump » a pris l'avantage sur le produit « Hillary Clinton ». Si l'on examine des portraits officiels des deux candidats et que l'on s'attache à suivre le mouvement de la pensée quand on regarde un peu plus longtemps qu'à l'habitude, on peut s'apercevoir que le regard fait pour l'une et pour l'autre un chemin inverse. S'agissant de « Donald Trump », la première impression est celle du « faux », du « toc », ou encore du « bling-bling », comme on le dirait de l'un des personnages de notre vie politique locale. Puis, faisant abstraction de la moumoute blonde péroxydée et des traits manifestement retaillés, on se prend à penser qu'il a pu être séduisant, avec des yeux de loup, ce que confirme une photographie de ses dix-huit ans à l'Académie militaire de New-York prise en 1964. On appellera ici ce mouvement de pensée, ou ce mouvement de regard : « le beau sous le moche ».
Si l'on procède au même exercice pour le produit « Hillary Clinton », l'image est plus lisse. Elle aussi est teinte en blonde, mais d'un blond supposé moins vulgaire et admis comme de bon aloi pour une femme. C'est une belle femme qui ne fait pas ses presque soixante-dix ans. Mais si l'on regarde davantage, tout en concédant que la publicité porte d'emblée le regard sur le visage féminin vers plus de sévérité stéréotypée que pour le visage masculin, alors, ce qui apparaît, c'est que le visage tombe et que, pire encore, ce sont des plis d'amertume, de dureté sinon de méchanceté qui le font tomber. Ce mouvement de regard-là, appelons-le : « le moche sous le beau ». La campagne a duré suffisamment longtemps et a été suffisamment violente pour que le deuxième regard domine sur le premier. « le beau sous le moche » a gagné car, subliminalement, il est plus satisfaisant, surtout dans un monde où les valeurs morales ont été façonnées par les studios Disney.
17 novembre Si l'on admet que les deux candidats à la présidence des Etats-unis, donc, étaient deux produits en compétition, lancés par des campagnes publicitaires, on comprend mieux la déception, sinon la colère, de celles et de ceux qui ont trouvé dans leur chariot du supermarché politique mondial, sans l'avoir désiré, ce produit bariolé qui ne correspondait pas à leur éthique de consommation. C'est un peu comme si un consommateur qui ne s'approvisionnait que dans des coopératives bio à circuits courts se voyait contraint de passer à la caisse avec une boite de « junk food » surgelée dont la viande proviendrait de vaches abattues en gestation. Ce qui est en jeu, dès lors, c'est moins le programme du nouveau Président-élu que le fait qu'il n'est pas « leur genre de truc ». C'est le sens, en fait des pancartes que la presse internationale a pris plaisir à reproduire : « Not My President ». Sans brocarder la sincérité de celles et de ceux qui les ont arborées, elles demeurent cependant un acte politique infantile visant à reproduire dans la rue les publications des réseaux sociaux.
On comprend mieux, dès lors, la déception, sinon la colère, de celles et de ceux qui ont trouvé dans leur chariot du supermarché politique mondial, sans l'avoir désiré, ce produit bariolé qui ne correspondait pas à leur éthique de consommation. C'est un peu comme si un consommateur qui ne s'approvisionnait que dans des coopératives bio à circuits courts se voyait contraint de passer à la caisse avec une boite de « junk food » surgelée dont la viande proviendrait de vaches abattues en gestation. Ce qui est en jeu, en effet, c'est moins le programme du nouveau Président-élu que le fait qu'il n'est pas « leur genre de truc ». N'est-ce pas le sens, en fait des pancartes que la presse internationale a pris plaisir à reproduire : « Not My President » ? Sans brocarder la sincérité de celles et de ceux qui les ont arborées, elles demeurent cependant un acte politique infantile visant à reproduire dans la rue les publications des réseaux sociaux. Elles n'ont aucune conséquence, ni politique, ni sociale, ni économique.
18 novembre Choisir les candidats et les candidates aux élections en tant que « produits », sur la base de leur emballage et des slogans de leurs campagnes publicitaires a nécessairement un impact important sur la démocratie représentative, car cela trouble profondément la notion même de « représentation ». En effet, le verbe « représenter », qui paraît anodin sinon banal, pour peu que l'on s'y arrête, révèle une grande complexité sémantique, ce qui n'est pas si étonnant quand on se souvient qu'il rend compte de manière simple et usuelle du caractère subtil de l' « être-là-maintenant ». Ainsi, la démocratie, quand elle institue des « représentants », le fait, ou pense le faire, pour que ceux-ci puissent agir au nom du peuple, « dans l'exercice de ses droits et dans la défense de ses intérêts » nous dit le Trésor de la langue française. La notion de « représentation » démocratique rend donc compte d'une abstraction articulée à un processus juridique qui est non moins abstrait : le vote, les élections, la désignation. Conceptuellement, il ne s'agit pas de manipuler des formes visibles, palpables, tangibles. Certes, l'esprit humain a tendance a vouloir faire muter l'abstrait en concret et c'est ainsi qu'il affectionne et manipule les métaphores et les allégories. Et, les statues et les portraits des « représentants » des royaumes, des empires et des républiques dépeignent tout autant ce à quoi ressemblaient ces illustres qu'ils « représentent » le royaume, l'empire ou la république dont ils étaient les « représentants ». Cela tourne presque au jeu de mot entre deux acceptions d'un même terme. Relevons cependant que ces deux acceptions ne s'engrangent pas dans la même forme par hasard... Pour autant, entre la statue de Louis XIV et celle de Marianne, la principale différence demeure la nature de la représentation, qui, pour la République distingue l'allégorie de la personne qui représente la Nation. Marianne n'a jamais existé en tant que personne pourvue d'une identité. En poussant le raisonnement, la démocratie devrait être iconoclaste, au sens propre du terme, et refuser toute « allégorisation » de ses représentants. Ce n'est évidemment jamais entièrement le cas. La tentation est trop grande et l'on trouvera aisément que tel ou tel candidat est trop gros ou trop petit ou trop laid ou... pour être notre « représentant » dans une sorte de confusion archaïque entre le concept et la forme.
Mais, s'agissant des élections américaines, on aborde encore d'autres rivages sémantiques, ou ce sont les mêmes, mais en surchauffe, car la notion de « représentation » semble devoir s'effacer au profit d'une autre notion que je nommerai « mascottisation ». De délégué dans l'exercice individuel d'une souveraineté collective, le « représentant » a tendance dans les démocraties de la société de consommation généralisée à devenir une sorte de mascotte, qu'il s'agirait de choisir, d'acquérir et de garder quelque temps comme un porte-bonheur. Si l'on apprend que « mascotte » vient du provençal masco qui signifie sorcière et que mascoto est un sortilège, on comprend alors que l'on fait plus que côtoyer la pensée magique. Le « représentant » est devenu protecteur de la nation par une sorte d'envoûtement, ce qui est exactement la définition et le rôle du fétiche. En tant que mascotte, Trump était un bien meilleur produit que Clinton. Les totems grimaçants et colorés sont supposés moins maléfiques que les poupées enchiffonnées et surtout beaucoup plus efficaces contre le mauvais sort et les mauvais génies, par une sorte de mise en miroir. Ainsi, passer d'un système politique fondé sur la conceptualisation à un système qui, se présentant sous les mêmes traits, devient une pratique totémique, n'est pas gage d'une meilleure prise en compte de l'intérêt général et d'un meilleur éclairement social. Surtout quand on veut occulter qui active les pouvoirs du totem.

En revanche, choisir les candidats et les candidates aux élections en tant que « produits », sur la base de leur emballage et des slogans de leurs campagnes publicitaires a nécessairement un impact important sur la démocratie représentative, car cela trouble profondément la notion même de « représentation ». Le verbe « représenter », qui paraît anodin sinon banal, pour peu que l'on s'y arrête, révèle une grande complexité sémantique, ce qui n'est pas si étonnant quand on se souvient qu'il rend compte de manière simple et usuelle du caractère subtil de l' « être-là-maintenant ». Ainsi, la démocratie, quand elle institue des « représentants », le fait, ou pense le faire, pour que ceux-ci puissent agir au nom du peuple, « dans l'exercice de ses droits et dans la défense de ses intérêts » nous dit le Trésor de la langue française. La notion de « représentation » démocratique rend donc compte d'une abstraction articulée à un processus juridique qui est non moins abstrait : le vote, les élections, la désignation. Conceptuellement, il ne s'agit pas de manipuler des formes visibles, palpables, tangibles. Certes, l'esprit humain a tendance à vouloir faire muter l'abstrait en concret, et c'est ainsi qu'il affectionne et manipule les métaphores et les allégories. Et, les statues et les portraits des « représentants » des royaumes, des empires et des républiques dépeignent tout autant ce à quoi ressemblaient ces illustres qu'ils « représentent » le royaume, l'empire ou la république dont ils étaient les « représentants ». Cela tourne presque au jeu de mot entre deux acceptions d'un même terme. Relevons cependant que ces deux acceptions ne s'engrangent pas dans la même forme par hasard... Pour autant, entre la statue de Louis XIV et celle de Marianne, la principale différence demeure la nature de la représentation, qui, pour la République distingue l'allégorie de la personne qui représente la Nation. Marianne n'a jamais existé en tant que personne pourvue d'une identité. En poussant le raisonnement, la démocratie devrait être iconoclaste, au sens propre du terme, et refuser toute « allégorisation » de ses représentants. Ce n'est évidemment jamais entièrement le cas. La tentation est trop grande et l'on trouvera aisément que tel ou tel candidat est trop gros ou trop petit ou trop laid ou... pour être notre « représentant » dans une sorte de confusion archaïque entre le concept et la forme.
Mais, s'agissant des élections américaines, on aborde encore d'autres rivages sémantiques, ou ce sont les mêmes, mais en surchauffe, car la notion de « représentation » semble devoir s'effacer au profit d'une autre notion que je nommerai « mascottisation ». De délégué dans l'exercice individuel d'une souveraineté collective, le « représentant » a tendance dans les démocraties de la société de consommation généralisée à devenir une sorte de mascotte, qu'il s'agirait de choisir, d'acquérir et de garder quelque temps comme un porte-bonheur. Si l'on apprend que « mascotte » vient du provençal masco qui signifie sorcière et que mascoto est un sortilège, on comprend alors que l'on fait plus que côtoyer la pensée magique. Le « représentant » est devenu protecteur de la nation par une sorte d'envoûtement, ce qui est exactement la définition et le rôle du fétiche. En tant que mascotte, Trump était un bien meilleur produit que Clinton. Les totems grimaçants et colorés sont supposés moins maléfiques que les poupées enchiffonnées et surtout beaucoup plus efficaces contre le mauvais sort et les mauvais génies, par une sorte de mise en miroir. Ainsi, passer d'un système politique fondé sur la conceptualisation à un système qui, se présentant sous les mêmes traits, devient une pratique totémique, n'est pas gage d'une meilleure prise en compte de l'intérêt général et d'un meilleur éclairement social. Surtout quand on veut occulter qui active les pouvoirs du totem.

























1. http://www.elle.fr/Astro/Personnalite/Prenom/Femme-Hilary
2. http://www.elle.fr/Astro/Personnalite/Prenom/Femme-Hillary
3. WASP : White Anglo Saxon Protestant - protestant anglo saxon blanc