Diégèse




lundi 31 octobre 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Sur ce, l'État policier fasciste s'est installé, puis, sans solution de continuité, l'État policier démocrate-chrétien. L'un comme l'autre, tout en « s'exprimant » par la petite-bourgeoisie et le monde paysan, servait en réalité les « patrons », à savoir le grand capital. Ce sont là des banalités, mais mieux vaut les répéter. Les démocrates-chrétiens se sont toujours fait passer pour des antifascistes : ils ont toujours (quelques-uns peut-être inconsciemment) menti. Leur énorme puissance électorale des années 50 et l'appui du Vatican leur a permis de continuer, derrière un écran de démocratie formelle et d'antifascisme verbal, la même politique que le fascisme.
Mais, soudain, en très peu d'années, leur arrogance, leur corruption et leur despotisme provincial semi-criminel, ont été « découverts », sans plus de base réelle. Leur électorat s'est délité, le Vatican s'est vidé de toute autorité.
Ainsi un parti, dont le pouvoir concret et hélas historique coïncidait avec le pouvoir réel, a soudain dû se rendre compte (s'il s'en est rendu compte) que son pouvoir historique et concret ne coïncidait plus avec le pouvoir réel : en effet, ce pouvoir réel, de clérico-fasciste et sanfédiste — comme il l'avait été sans interruption de l'unité de l'Italie aux années 60 — était devenu (et c'est le plus beau ! du fait des démocrates-chrétiens au pouvoir !) celui que l'on définit par euphémisme presque comiquement comme « de consommation ».
Toutes les « valeurs » réelles (populaires et aussi bourgeoises) sur lesquelles se sont fondés les précédents pouvoirs d'État se sont ainsi effondrées, en entraînant dans leur chute les « fausses » valeurs de ces pouvoirs. Les nouvelles valeurs de la consommation prévoient en effet le laïcisme (?), la tolérance (?) et un hédonisme plus que déchaîné, capable de ridiculiser l'épargne, la prévoyance, la respectabilité, la pudeur, la retenue et, somme, tous les vieux « bons sentiments ».

Que nous apprend le dictionnaire sur le terme « camp » ? Qu'il s'agit d'abord d'un terme militaire et qu'au moyen-âge, c'était le lieu des tournois. C'est par dérivation que l'on a fait des camps de prisonniers. Les campeurs ne sont arrivés que plus tard, avec les nudistes, les scouts et leurs feux de camp. Le « camp » est donc toujours organisé, soit qu'on l'organise pour ceux qui y sont rassemblés, et souvent enfermés, soit que l'organisation vienne de ceux qui s'y rassemblent. On pourrait penser que le « campement » se fait plus spontané que le « camp » et qu'il y aurait ainsi des « camps  » de réfugiés, mais des « campements » de Roms ou de Tziganes. Il n'en est rien, et « campement », selon le dictionnaire, a encore plus l'allure militaire. Qu'il s'agisse des « camps » ou des « campements », leurs installations ont ceci de commun qu'elles sont supposées être provisoires. Permanentes, il s'agirait alors plutôt de prisons, et si les gens y vivent librement, il s'agit dans ce cas de villages et parfois même de villes. C'est ainsi que personne ne qualifie de « camp » les habitations spontanées des faubourgs des grandes métropoles et que les favelas brésiliennes sont aussi durables que la ville elle-même puisqu'elles sont la ville. Cette précision terminologique étant effectuée, on peut mieux examiner comment la langue, hésitant, trahit, notamment par ambiguïté, le malaise de la société tel qu'il s'exprime par la voix du personnel médiatique et politique. On aura pu lire ainsi, dans le Journal du dimanche du 30 octobre 2016, ce titre qui peut laisser rêveur : « Après Calais, Paris évacué (sic) cette semaine ». On savait bien, on nous l'avait expliqué, que depuis les attentats de fondamentalistes musulmans, la France était en guerre. On n'avait cependant pas perçu que le conflit avait à ce point gagné en intensité que Paris, qui déjà pendant la seconde guerre mondiale avait presque brûlé, dût en être évacué. Quant à Calais, la ville avait ses bourgeois, la corde au cou, depuis des décennies de livres d'histoire, et l'on se doutait bien qu'il s'agissait encore d'un mauvais coup anglais.
Pier Paolo Pasolini - Écrits corsaires -
L'ignorance vaticane comme paradigme de l'ignorance de la bourgeoisie italienne

Péguy-Pasolini #20 - Texte continu










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