Diégèse | |||||||||
mercredi 14 septembre 2016 | 2016 | ||||||||
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Quand nous nous révoltons contre une autorité, quand nous marchons contre les autorités, au moins nous les soulevons. Enfin nous en sentons le poids. Au moins en nous. Il faut au moins que nous les soulevions. Nous savons, nous sentons que nous marchons contre elles et que nous les soulevons. Pour lui elles n'existaient pas. Moins que je ne vous dis. Je ne sais même pas comment représenter à quel point il méprisait les autorités, temporelles, comment il méprisait les puissances, comment en donner une idée. Il ne les méprisait même pas. Il les ignorait, et même plus. Il ne les voyait pas, il ne les considérait pas. Il était myope. Elles n'existaient pas pour lui. Elles n'étaient pas de son grade, de son ordre de grandeur, de sa grandeur. Elles lui étaient totalement étrangères. Elles étaient pour lui moins que rien, égales à zéro. Elles étaient comme des dames qui n'étaient point reçues dans son salon. Il avait pour l'autorité, pour le commandement, pour le gouvernement, pour la force, temporelle, pour l'État, pour la raison d'État, pour les messieurs habillés d'autorité, vêtus de raison d'État une telle haine, une telle aversion, un ressentiment constant tel que cette haine les annulait, qu'ils n'entraient point, qu'ils n'avaient point l'honneur d'entrer dans son entendement. | C'est donc
que la décadence est biface : il y a les décadents
malgré
eux, qui, baragouinant le discours politique, contribuent, en
l'accélérant, à cette
impression détestable que l'avenir se dissout
dans le pessimisme, et ceux qui, revendiquant la décadence comme
révolte
contre un ordre établi arasant, veulent vivre la catastrophe comme une
fête. Et ces deux camps s'affrontent depuis des millénaires. La
décadence, comme notion politique et surtout politicienne est le plus
souvent haïssable. La décadence dans le champ de l'art et de la pensée
apparaît éminemment désirable. C'est que là où les réactionnaires
voudraient imposer leur vision - qui est justement une absence de
vision - d'une société, que dis-je d'une civilisation, d'une culture
entièrement vouée à se perpétuer, totalement tournée vers le passé,
vers un passé mythifié et mystificateur, artistes et intellectuels de
la décadence prennent note de l'épuisement du temps, de son absurdité,
de sa désespérance et préfèrent y opposer, avec une certaine arrogance,
une sophistication alerte. Parmi les personnalités qui concentrent l'ire de ceux qui hurlent à la décadence figure en bonne place, et même souvent en première place, Christiane Taubira qui a porté la loi autorisant le mariage pour tous. Or, ce qui est frappant, c'est précisément que Christiane Taubira est une figure éminemment morale et sans doute la personne politique la plus morale de la scène politique française. C'est dans cette tension contradictoire qu'il faut aussi réfléchir à ce que les réactionnaires expriment quand ils utilisent le terme de « décadence ». |
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Charles Péguy - Notre Jeunesse - | Désirable décadence Péguy-Pasolini #17 - Diégèse 2016 | ||||||||
14 septembre | |||||||||
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