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Nous
avons tous connu des
échecs, et ce, dès le plus jeune âge. Et nous y avons survécu, et
nous
les avons surmontés. Le dernier livre du psychiatre Gustav
Diégèse : « Ce ne sera pas moi » n'est pas un livre sur
la
résilience. Il y en a déjà, et même de très bons. Ce n'est pas non plus
un livre sur l'échec. La littérature en est emplie, surtout quand il
s'agit d'échecs amoureux. Non ! Gustav Diégèse explore dans son
dernier livre
une autre piste. Il ne considère tout d'abord qu'une seule forme
d'échec,
celle des candidatures qui n'aboutissent pas. Certes, cela se
produit beaucoup, sinon le plus souvent, dans le monde du travail.
Mais, il y a aussi les candidatures sportives, et même les candidatures
amoureuses. On passe en fait sa vie à candidater. Or, une candidature,
c'est toujours un fantasme, c'est-à-dire un récit intime dont on
est le personnage principal et qui fait
intervenir le désir. En cela, une candidature,
c'est une tentative, parfois éperdue, de faire partager un fantasme à
celles et ceux qui doivent évaluer cette candidature. C'est d'ailleurs
pourquoi on entend souvent, quand ça marche : « il ou elle y
croit vraiment ». Et quand
cela ne marche pas, on entend plutôt : « il ou elle s'y croit
vraiment ». Le partage du fantasme n'a pas fonctionné. Mais, ce
que montre Gustav Diégèse, c'est que ce qui continue de vivre en
nous, ce n'est pas l'échec, comme on le croit trop souvent, mais le
fantasme constitué qui n'aura pas été actualisé. Nous vivons en quelque
sorte plusieurs vies parallèles. Ainsi, quand j'admets que « ce ne
sera
pas moi », c'est en fait un peu moi quand même. |