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Nous
passons beaucoup de temps à nous préoccuper du temps. Non pas du temps
qu'il fait, mais du temps qui passe. Ce temps, nous l'avons que nous ne
avons pas, que nous ne l'avons plus, ou dont nous avons encore un peu.
Passé, il forme des souvenirs, des regrets. À venir, il suscite de
l'espoir, des craintes ou des promesses. Parmi toutes les propriétés
que nous attribuons au temps vécu par l'humanité, qui est donc
principalement un temps anthropomorphe, le philosophe et psychanalyste
Daniel Diégèse s'intéresse à l'une d'entre elles, une propriété que
nous attribuons au temps presque à son insu : la simultanéité. On
sait que la possibilité que deux événements se déclenchent exactement
en même temps est très faible, quasiment irréalisable. Pourtant, nous
passons notre temps à jouer avec les simultanéités, qu'elles soient
souhaitées et même sollicitées quand nous mettons en marche un appareil
électrique, ou
supposée fortuites, voire accidentelles. Gustav Diégèse
montre, exemples à l'appui, que nous attachons grand prix à la
simultanéité, jusqu'à en faire parfois un des éléments déterminants
sinon magiques de notre vie. Qu'y a-t-il en effet derrière cette
croyance insensée que deux événements peuvent être simultanés alors
qu'ils ne le sont jamais vraiment ? Quelque chose de notre être au
monde... La preuve sans cesse réfutée de que nous donnerait la
simultanéité de notre présence au monde. J'existe puisque cela se passe
en même temps que moi... |