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Le
voyage est imaginaire.
Même quand on part « pour de vrai ». Qu'il s'agisse d'aller
« chez Mamie », à quelques kilomètres ou même de l'autre côté
de la rue ou de l'autre côté de la planète, en avion ou en paquebot de
croisière, nous ne rejoignons que des destinations formées dans notre
imaginaire, avec l'aide de substances diverses : la littérature, les
films, la musique et les brochures publicitaires des agences de voyage.
C'est ce que Daniel Diégèse entend démontrer de manière originale, non
en interrogeant des touristes sur leurs motivations, mais, au
contraire, en allant à la rencontre de celles et de ceux qui, habitant
des destinations particulièrement prisées par ces mêmes touristes,
assistent incrédules et amusés à leur propre incorporation dans les
imaginaires préfabriqués. Il a donc choisi trois villes, très
différentes, et qui témoignent déjà d'un imaginaire sophistiqué :
Corinthe, Panama et Suez. Vous l'avez compris, il s'agit surtout du
Canal de Corinthe, de celui de Panama comme du Canal de Suez. L'analyse
sensible de Diégèse est un bijou ciselé. Que viennent voir ces gens qui
ne voient rien ? La réponse est magique... |