Diégèse




mardi 2 avril 2019



2019
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L'après-guerre 92



Daniel Diégèse














Cela peut sembler paradoxal et même douloureusement paradoxal, mais, ce qui caractérise les périodes d'avant-guerre, c'est avant tout l'espoir. N'est-ce pas ce qu'avait perçu André Malraux quand il écrit le roman L'Espoir, édité en 1937, qui relate la victoire républicaine de la guerre civile d'Espagne à Guadalajara. Car, nous savons désormais que la victoire franquiste, qui signe la fin de la guerre civile en 1939 est aussi le tout avant-guerre de la seconde guerre mondiale.  Et, même si, idéologiquement, les fascistes espagnols sont plus proches des  nazis que des dirigeants  du Front populaire français, Franco, à peu de choses près, fera comme si la seconde guerre mondiale ne le concernait pas vraiment, comme si, de fait, ce n'était pas sa guerre, la sienne, sanguinaire, étant terminée.

S'agissant des années 1920, les Espagnols, nous le rappelait en 2008 l'hispaniste Brigitte Magnien dans un colloque organisé à l'Université de Paris-Nanterre, ne les ont pas qualifiées d'années folles, comme les Français, mais, seulement, d'heureuses années vingt. Dès ces années, les figures qui, un peu plus de dix ans plus tard, seront celles de l'exil et du malheur, sont déjà en place : Picasso, Miró, Dali, Buňuel, de Falla, Lorca. Cependant, la période est-elle heureuse, comme on la qualifie ? Pas vraiment. Tous les éléments de la crise politique, économique et institutionnelle qui précipitera le pays dans une guerre civile atroce et conduiront au pouvoir Franco, qui y restera jusqu'à sa mort en 1975, sont tout autant en place que les avant-gardes artistiques et littéraires.

Ainsi, pour ausculter un pays en crise, il convient de rassembler les indices qui permettront de déterminer l'état d'avancement de cette crise et les productions artistiques fournissent une part de ces indices. Elles sont précieuses, outre leur valeur artistique, par le fait qu'elles sont en décalage avec les indices économiques et les débats politiques. Car, la production artistique n'est jamais une production en réaction à l'actualité. On a parfois voulu la présenter comme visionnaire. Elle n'est pas non plus visionnaire. Les hirondelles qui volent bas avant l'orage n'ont aucune responsabilité dans l'orage. Elles ne volent pas non plus pour annoncer l'orage, ni pour prévenir, pour alerter les humains. Elles volent bas parce que leur nourriture vole bas. De même, les artistes n'ont aucune responsabilité historique.  Ils ne sont ni la source des catastrophes, ni des lanceurs d'alerte. Les artistes se nourrissent du temps, ou plutôt, certains artistes peuvent se nourrir du temps. Ce que les œuvres des artistes disent du temps est nécessairement trans-historique.









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4e de couverture






Il est d'usage de définir l'après-guerre comme étant la période qui s'étend de la fin de la seconde guerre mondiale à la mort de Staline en mars 1953. Mais, on peut aussi considérer que l'après-guerre dure jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989, ou encore jusqu'à la signature officielle de la paix par le Traité de Moscou le 12 septembre 1990. Mais on peut tout aussi bien penser que ce sont les fins des conflits armés en ex-Yougoslavie qui entament la période de l'après-guerre, en 2001. Et ?
Daniel Diégèse, historien romancier, à moins qu'il ne soit romancier historien, imagine la guerre comme on imagine une tempête qui voyage, qui serait allée en Europe d'Est en Ouest, puis d'Ouest en Est, l'après-guerre des uns se transformant en avant-guerre des autres. Il identifie ainsi, avec minutie, les traits artistiques et culturels couramment spécifiés comme étant « d'avant-guerre » et ceux attribués à « l'après-guerre ». Revenant à la bonne vieille méthode structuraliste, il en extrait des schèmes transhistoriques qui se révèlent puissamment efficaces. On peut, par exemple, avec lui, pointer les caractéristiques artistiques et culturelles d'une période d'avant-guerre dans l'Irak des années 1970, comme on peut le faire aussi pour la Syrie dans les années 2000.
Daniel Diégèse ne tire aucune conclusion idéologique de ses observations. Il ne donne aucune recette pour éviter les guerres ou les réparer; Il nous dit seulement « c'est comme ça ! » À nous désormais, et à nos dirigeants, d'en tirer les conclusions adéquates.










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