Diégèse | |||||||||
lundi 8 avril 2019 | 2019 | ||||||||
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Désintéresser | 98 | ||||||||
Mathieu Diégèse | |||||||||
S'agissant
de l'argot parisien, il faut aussi s'en
remettre à Balzac qui, en 1855, publia son Essai philosophique, linguistique et
littéraire sur l'argot, les filles et les voleurs. Le lecteur,
tout autant pressé qu'efficace pourra tout à loisir s'en remettre
d'ailleurs au texte original que l'on trouve désormais facilement en
ligne bien qu'il parût en 1855 chez A. Houssiaux. « Chaque mot de ce langage est une image brutale, ingénieuse ou terrible. » nous dit Balzac. Bien que de très nombreux mots de cet argot soient désormais tombés en désuétude, on y apprendra parfois, pour ceux que l'on utilise encore, une étymologie à laquelle on n'avait pas forcément pensé. S'agissant par exemple du verbe « cambrioler, » Balzac nous rappelle et le plus souvent nous apprend qu'il provient de « chambre. » Sans surprise, s'agissant d'une langue inventée par les voleurs, notamment, ce sont les mots qui désignent l'argent qui sont le plus nombreux. Si l' « artiche » fleure le film en noir-et-blanc et s'enrichit d'un accent en voie de disparition, certains de ces mots antiques demeurent dans la langue courante de ce vingt-et-unième siècle. « Oseille » est-il toujours en activité ? Pas certain. Ce qui est certain, en revanche, c'est que « fric » l'est toujours, ainsi que « brèle, » surtout quand « ça ne vaut pas une brèle. » Mais il semblerait que dans ce dernier cas, il s'agisse plutôt d'une mule ou d'un âne et que l'emprunt soit au dialecte algérien, comme d'ailleurs le « flous » ou le « flouz. » « Pépettes » et « picaillons » sont encore audibles, mais sont-ils encore utilisés par les plus jeunes ? Il semblerait d'ailleurs que ces mêmes jeunes, pour signifier « argent » utilisent parfois le vocable « bif ». Sauf à supposer qu'il s'agisse de la monnaie du Burundi, notée ainsi dans la nomenclature internationale, il est possible de supputer que « bif » viennent de « biffeton », encore orthographié « bifton », mot d'argot assez pur qui signifie, on le sait : « billet » et que l'on trouvait encore en 2001 dans une chanson du rappeur MC Solar. On retrouvera donc avec plaisir les « picaillons » qui sont à l'opposé des biffetons puisqu'il s'agit de petite monnaie, qui, à l'évidence, ne vaut pas grand-chose, surtout si l'on considère que le « Picaillon » est une petite monnaie frappée en Savoie, qui a été dévalorisée en... 1636. Mais, celui qui tient le haut du pavé, si l'on ose dire, c'est encore « pognon ». Il faut dire qu'il a récemment bénéficié de la forte publicité d'un Président de la République en personne, une publicité de « dingue » pour un « pognon de dingue ». Certes, il n'était pas bien adroit d'évoquer ainsi le pognon à l'adresse de celles et de ceux qui n'avaient pas un « rond ». Que celles et ceux qui n'avaient pas un rond s'en allassent sur les ronds-points était une autre histoire. |
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page 98 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
« Désintéresser » :
curieux terme, un peu vieilli, quand il signifie
« dédommager. » Ainsi,
on ne « désintéresserait » que les personnes qui ne seraient
pas « désintéressées. » Et de quel « intérêt »
s'agirait-il ? Mathieu Diégèse, dans ce recueil de courts textes qui sont tout aussi bien des méditations, les termes ou expressions de la langue française où surgit l'argent sinon le lucre. On y trouve bien sûr « le beurre et l'argent du beurre » et ses suites plus ou moins graveleuses relatives à une fermière qui n'a jamais rien demandé... Mais aussi, le « pognon » où l'on retrouve la main, la pogne, la poigne et le poing. On s'étonne avec lui qu'en argot parisien, le « japonais » ait pu signifier « argent », au même titre que « fourrage » ou « radis »... ce dernier terme étant d'ailleurs surtout utilisé quand on n'a « pas un radis. » La langue française, soutenue ou argotique, regorge de trouvailles, que l'auteur dissèque avec minutie. On lit ce petit livre avec bonheur, sinon gourmandise, se disant qu'on en a pour son argent et que vraiment, « le jeu en vaut la chandelle. » |
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8 avril |
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