Diégèse | |||||||||
lundi 15 avril 2019 | 2019 | ||||||||
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Je ne trouve pas cela drôle | 105 | ||||||||
Noëmie Diégèse | |||||||||
La jupe dans la culotte Madame, vous en avez certainement fait au moins une fois l'expérience ou vous avez une copine à qui cela est arrivé. Monsieur, si vous n'avez jamais vu de femme victime de cette mésaventure, demandez autour de vous et vous aurez très certainement la preuve qu'il s'agit bien d'une mésaventure banale. Nous ne donnerons pas ici d'explications précises sur le mode opératoire qui a pour conséquence qu'une dame, se croyant pourtant correctement vêtue, vienne à se promener en montrant sa culotte, sa jupe s'étant malencontreusement coincée dans celle-ci. On dira seulement que cela n'arrive que dans les toilettes, et, le plus souvent, des toilettes publiques dont on sort rapidement sans pouvoir vérifier que tout dans son accoutrement est bien en ordre. Fort heureusement, dans ce cas de jupe dans la culotte, la solidarité féminine joue à plein, et dès que l'on se rend compte qu'une de nos consoeurs est dans cet embarras, on la prévient rapidement, quitte à user de toutes sortes d'artifices et de mimes un peu ridicules. La question est donc : est-ce que c'est drôle ? Et si c'est drôle, qu'est-ce qui serait drôle ? Le ressort du rire est ici assez évident : le décalage entre l'image qu'une personne croit donner et celle qu'elle donne ; la jouissance de voir à l'insu d'autrui ; le dévoilement, bien que culotté, d'une part de l'anatomie que, pour l'homme comme pour la femme, il est de bon ton de garder cachée, sauf dans l'intimité ou dans cette forme d'intimité que l'on nomme plage ou camping. Comparons maintenant ceci avec une autre mésaventure, encore plus courante, qui arrive cette fois plutôt aux hommes : la braguette ouverte. Il serait hypocrite et surtout insincère d'affirmer qu'une braguette laissée ouverte à la sortie des toilettes suscite autant d'hilarité enthousiaste qu'une jupe dans la culotte... Pourquoi ? Sans doute parce qu'avec les hommes, on n'est jamais certain qu'ils ne l'ont pas fait exprès. |
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page 105 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
De Bergson à
Freud,
beaucoup de philosophes se sont penchés sur le rire et sur ce qui fait
rire, et même l'austère Descartes s'y est attelé. Le dernier livre de
Noëmie Diégèse n'est pas un traité philosophique de plus sur le
comique, mais une suite de petits récits qui, chacun, décrivent une
situation considérée comme amusante ou drôle par certains, et pas du
tout par d'autres. Nous avons tous vécu l'une de ces scènes embarrassantes, comme témoins ou comme protagonistes, où, soudainement, la réalité se fissure. Car, ce sont bien alors deux scènes différentes que nous vivons dans une schize parfois douloureuse, une scène comique et une scène non comique. Ainsi, par touches successives, Noëmie Diégèse dessine les contours de ces discordances, qui peuvent être culturelles ou non, parfois liées à l'histoire personnelle de chacun, parfois au moment, qui, comme on le sait, peut être à loisir le bon moment ou le mauvais moment. On se prend en refermant le livre à s'interroger sur son propre sens de l'humour, à s'avouer qu'on a trouvé drôles des histoires qui n'en étaient pas et qu'on aurait dû rire au lieu de se vexer, pour admettre enfin, que pour jouissif qu'il soit, le rire est toujours suspect. |
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15 avril |
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