Diégèse




lundi 22 avril 2019



2019
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Petits Traumatismes 112



Daniel Diégèse














La prière principale des Chrétiens, le « Notre Père » comprend un verset qu semble aller de soi, s'agissant d'une théologie de l'amour et du pardon, mais sur lequel nous allons nous arrêter un peu : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » Le texte original évoque les dettes qu'il convient de remettre. Les évangiles prêchent pour la réconciliation : « Va d'abord te réconcilier avec ton frère ! » (avant de déposer ton offrande sur l'autel) relate Matthieu (5, 20-26). Remarquons cependant que la réconciliation n'est pas le pardon et que dans nos vies, il arrive souvent que l'on se réconcilie sans pardonner vraiment. Entre deux qui se sont réconciliés, l'offense peut encore couver sous les braises de la colère qui semble éteinte. Dans le couple, cela est fréquent, comme dans les relations de travail où, à l'occasion d'une nouvelle querelle, pour un rien, tous les reproches que l'on croyait épuisés reviennent en cascade.

Ce qui donne ce statut particulier à l'offense, qui exige cet effort spirituel quasiment inatteignable qui est le pardon, c'est que l'offensé est un traumatisé. L'offenseur aussi, souvent, mais c'est une autre histoire. On peut, certes, penser aux offenses graves, celles qui dans la littérature antique entraînent des guerres sans fin et l'intervention des dieux ou, dans l'univers médiéval, des duels et des défis sanglants. Cela ne nous intéressera pas ici et nous préférerons nous attacher à ce qui, quotidiennement ou presque, nous offense et nous laisse traumatisés, car, ce sont ces « micro-offenses » qui vont nous fragiliser, avoir un effet dévastateur sur notre psychisme et même sur notre santé physique à force de provoquer des symptômes variés.

Nous sommes toutes et tous des offensées et offensés. Et c'est alors qu'intervient le pardon, la nécessité du pardon, comme mystère spirituel seul capable de réparer les offenses. Dans les théologies sans Dieu (paradoxe) qui sont celles du développement personnel et de la maîtrise de soi, on va utiliser d'autres termes, mais il s'agit bien de la même chose : il faut pardonner d'abord pour se réparer, se consolider, se renforcer, se fortifier. Faisons d'ailleurs confiance à la langue qui, dans d'autres temps, enjoignait face à l'offense, de « demander réparation ». Dans un registre de langue moins soutenu, on entend que tel animateur de télévision ou de radio, ou telle personnalité politique, en a « explosé » une autre ou un autre lors d'un divertissement présenté comme un débat d'idées. Nul doute que quand on est « explosé » on a besoin d'être « réparé ». Ces divertissements, qui ne sont que la mise en scène d'offenses devraient relever à ce titre, dans une théologie un peu sérieuse, de la manifestation du mal.

Mais prenons une autre image : celle de la terre bombardée en permanence de particules à très haute énergie, ce qui, dans le quotidien du globe, passe inaperçu, ou presque. On considérerait bien sûr comme une offense grave faite à la terre la collision avec un astéroïde de grande taille. Il en est de même pour nous : nous sommes bombardés en permanence par des micro-offenses qui, le plus souvent, croyons-nous, ne méritent pas d'être signalées et que, parfois, nous-mêmes n'enregistrons pas et qui pourtant, jour après jour, nous épuisent et expliquent notre immense besoin de consolation. Nous prenons sur nous et cela nous détruit.










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4e de couverture






Quand on évoque la résilience, on évoque le plus souvent des traumatismes lourds, terribles sinon horribles, de ceux dont on se demande comment quiconque peut y survivre. Pour autant, nos vies, et même les plus ordinaires en apparence, et même les plus confortables, sont parsemées de petits traumatismes qui semblent bien anodins au regard d'une catastrophe aérienne ou d'un tremblement de terre. C'est à ces petits traumatismes, à ces infimes traumatismes, que le psychanalyste et écrivain Daniel Diégèse consacre son dernier ouvrage. Dans la droite lignée de Freud, il montre, en s'appuyant sur de nombreux cas cliniques, que nous sommes toutes et tous des Maison Usher. On se souviendra de cette nouvelle fantastique écrite par Edgar Allan Poe et traduite en français par Charles Baudelaire dans laquelle une fissure à peine visible dans le mur de la Maison Usher ne cessera de s'agrandir jusqu'à engloutir la maison et ceux qui furent ses habitants. On savait évidemment qu'une parole assez quelconque entendue dans l'enfance pouvait faire des ravages. Mais, l'apport de Daniel Diégèse est celui de montrer que ces micro traumatismes se produisent chaque jour et plusieurs fois par jour tout au long de la vie. Il nous apprend ainsi à les déceler pour mieux s'en protéger voire pour mieux en guérir.
Sans doute le meilleur livre sur le bonheur écrit depuis longtemps.










22 avril







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