Diégèse | |||||||||
mardi 23 avril 2019 | 2019 | ||||||||
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Je veux savoir | 113 | ||||||||
Noëmie Diégèse | |||||||||
Rapprochons
maintenant ce « vouloir savoir » de ce ce qui
mobilise le désir de celle ou de celui qui lit un roman ou qui voit un
film. Mais, nous préférerons le roman, car, le plus souvent, la
lectrice ou le lecteur maîtrisent entièrement le rythme de la lecture
et de son interruption. Tout d'abord, remarquons que ce « vouloir
savoir » n'est pas la seule raison, et même parfois pas la
principale,
de la lecture d'un roman. S'il n'y avait que des dénouements dans les
fictions, il n'y aurait pas de roman. Il n'y aurait pas de film de
fiction, non plus. Car, contrairement à ce que l'on croit trop
rapidement, ce qui produit la fiction, ce n'est pas son dénouement, ce
sont ses circonstances. Ainsi, je veux savoir, mais pas n'importe
comment. Le dispositif de la révélation vaut autant que la révélation
elle-même. Remarquons au passage qu'il en va de même pour les
religions. La révélation divine, au moins dans les religions du Livre,
vaut autant sinon davantage par les modalités de cette révélation.
L'Ancien Testament, comme le Nouveau Testament sont entièrement
consacrés aux circonstances de la manifestation divine, circonstances
sur lesquelles s'appuient, mais s'appuient seulement, les préceptes,
les
enseignements et les commandements. Je veux savoir, mais pas n'importe comment. Les bonnes circonstances de la révélation ne sont pas universelles, cependant, et dépendent de chaque personne. C'est un peu comme pour les pansements. Expliquons-nous. Certaines et certains vont enlever un pansement petit à petit, avec d'infinies précautions, si possible sous de l'eau chaude pour en amollir la substance adhésive, ou, encore mieux, en utilisant une substance anti-adhésive qui va permettre un décollement sans douleur. D'autres, en revanche, vont préférer arracher d'un coup sec et bref ce même pansement, sachant d'expérience que la douleur est brève et, somme toute, supportable. Les médecins appliquent l'une ou l'autre méthode pour informer leurs patientes et leurs patients du caractère sérieux de leur maladie. Aucun, évidemment, ne va dire : « vous allez mourir. » L'euphémisme est toujours de mise. Pendant des générations, il était d'ailleurs d'usage de ne pas révéler au patient, à la patiente, la gravité de son état, pensant que cela pouvait nuire à une guérison toujours possible ; par lâcheté, peut-être aussi. Désormais, des chartes, affichées dans les hôpitaux, attestent que le patient a le droit d'être informé, et imposent ainsi une sorte de « droit de savoir. » Mais savoir quoi ? Pas grand chose en fait. Et c'est alors que les circonstances font la différence. |
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page 113 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
« Je veux
savoir ! » Qui
n'a jamais prononcé cette phrase ? Les circonstances sont toujours
les
mêmes. On a un doute. On soupçonne quelque chose. Les situations
changent mais, dans les faits, qu'il s'agisse de savoir si l'on est
trompé.e ou de savoir si l'on a une maladie incurable, le mouvement de
l'esprit est le même. On sait déjà tout en ne sachant pas. Noëmie Diégèse s'interroge sur ce « vouloir savoir », qui ne va pas de soi et qui est toujours très ambigu. Car, ce que l'on veut savoir, dans ces cas-là, est tout aussi bien ce que l'on préfèrerait ne pas savoir. On peut ainsi considérer que ce « je veux savoir ! » a pour exact équivalent le « je préfère ne pas savoir ! » La philosophe va débusquer ainsi ce qui relève de la connaissance et de ce qui relève du désir. Mais de quel désir s'agirait-il, s'agissant d'une maladie ou d'une trahison ? Serait-ce la vérité que l'on rechercherait dans un monde essentiellement menteur ou dissimulé ? On connaît le goût de Noëmie Diégèse pour aller chercher la philosophie dans les situations et les phrases les plus communes et les plus anodines. Elle nous montre toujours avec bonheur que nous sommes toutes et tous philosophes, et elle affirme même que nous le savons et que nous en jouissons. |
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23 avril |
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