Diégèse




vendredi 26 avril 2019



2019
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Un peu de neutralité 116



Daniel Diégèse

















La tristesse et les larmes
Les arts et la philosophie accordent aux larmes une place particulière, celle de la manifestation de l'émotion qui, plus que toute autre, relèverait de l'âme. Les larmes - ou seraient-ce les pleurs - sont donc convoquées sur les réseaux sociaux et les échanges par messagerie instantanées parmi les réactions basiques qui peuvent être suscitées par un énoncé. Le signe existe dès la création du premier vocabulaire des émoticônes typographiques : « :'-( » ou : « :'( » ou bien encore : « ='( ».


Il est utilisé pour exprimer la tristesse du locuteur-scripteur.  Mais, cette tristesse n'est que supposée. En effet, à mesure que, la bande passante augmentait et que les interfaces se perfectionnaient et s'enrichissaient, sont apparues sous la forme d'images des variantes émoticôniques exprimant la tristesse. Remarquons que toutes celles que nous avons trouvées utilisent les larmes comme marqueur émotionnel. La force de la tristesse est figurée par l'abondance des larmes.
Les deux images reproduites ici coexistent donc désormais sur les mêmes interfaces et sont couramment utilisées. La seconde fonctionne à l'évidence comme hyperbole de la première : « je suis triste. » versus « je suis très triste. » Cependant, l'observation des occurrences semble montrer que la première image tend à signifier seulement que l'énoncé auquel on réagit est triste et que la seconde seule engage le locuteur-scripteur sur sa propre tristesse. Typiquement, on annonce qu'un chanteur ou un acteur est décédé et c'est alors la première image qui sera utilisée. Peu de chance, cependant, que les claviers des locuteurs-scripteurs baignent dans les larmes quand ils sont plus âgés que quatorze ans.

Les larmes, en tant que manifestation irrépressible d'une émotion forte tendent ainsi à être banalisées, « neutralisées ».









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4e de couverture






Est-ce qu'il y a encore une place dans notre société pour la neutralité ? C'est la question que se pose et que nous pose Daniel Diégèse. Les réponses qu'il apporte peuvent de prime abord nous inquiéter. Il montre en effet comment la généralisation des réseaux sociaux, qu'il appelle « médias interactifs de sondages généralisés » sollicite en permanence notre opinion sur tout et sur n'importe quoi, et même, nous impose d'avoir une opinion, qui se résume le plus souvent à un pouce en l'air, à un cœur ou à une grimace. Il montre aussi que ce n'est pas l'apanage des réseaux sociaux mais que les médias les plus sérieux, en ouvrant leurs colonnes aux commentaires des lecteurs participent à cette dérive de l'opinion. C'est d'ailleurs ce mouvement perpétuel de notations plus ou moins approximatives, impulsives et même compulsives qui fait le terreau de tous les complotismes. Il montre ainsi comment les « fake news » suscitent d'abord une émotion et que c'est cette émotion qui assure leur propagation. Ce constat étant posé, Daniel Diégèse, qui sait se faire poète, nous invite à regarder le monde avec ce « non vouloir saisir » cher à Roland Barthes, mais aussi à toutes les religions méditatives. Ainsi, vous ne serez plus ni pour ni contre la rue qui s'agite face à vous. Vous ne vous demanderez plus si vous aimez ou non cette œuvre d'art, il s'agira seulement de commencer ou de recommencer à voir, à sentir, pour, enfin peut-être, réussir à aimer.










26 avril







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