Il appelle donc le juge, qui ne fait aucun obstacle à lui donner cette autorisation. L'individu manque à l'appel depuis six mois déjà, et personne n'a aucun indice. Cela lui semble justifié. Clément reçoit assez rapidement le dossier médical du fichier central de la Sécurité sociale. L'entreprise lui a fourni son numéro national d'identification et ensuite, cela a été un jeu d'enfant. Mais, dans ce dossier, il n'y a rien. Il y a bien de cotisations, qui s'arrêtent quand l'entreprise qui employait l'individu a cessé de le payer. Mais, il n'y a rien d'autre. Il n'y a surtout aucun remboursement d'acte médical qui aurait permis de remonter jusqu'à un médecin généraliste ou spécialiste ou jusqu'à un dentiste. L'individu a près de quarante ans. Il est né en France de parents nés en France. Il est impossible qu'il n'ait jamais été malade. Une carte vitale a bien été établie à son nom et envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception. Mais, personne ne l'a réclamée à la poste et depuis, l'assuré n'en a pas réclamé une nouvelle. Cela ne veut peut-être pas dire qu'il n'a jamais été malade, mais surtout qu'il n'a jamais été remboursé. Cela signifie aussi qu'il n'a jamais fréquenté l'hôpital public. C'est rigoureusement impossible, ne serait-ce que consulter un médecin, sans montrer la patte blanche du numéro national d'identification et d'une pièce d'identité. Or, cela, Clément le sait déjà depuis six mois : il n'y a jamais eu de pièce d'identité, de passeport, de permis de conduire établi au nom de l'individu. Cela dit, c'est logique. Impossible de se faire faire une carte vitale sans justifier de son identité.
Clément a donc eu une fausse bonne idée. L'individu lui échappait encore. Une autre idée lui vient. Mais elle est particulièrement tordue.
Gustav Diégèse nous entraîne dans une intrigue policière où l'absurde dispute au suspens. Mais, c'est aussi une intrigue humaine et humaniste, comme un conte philosophique. Quelles sont les manifestations de notre existence dans le monde ? Ne sont-elles pas d'une ténuité inquiétante ? Ne sommes-nous pas toutes et tous au bord d'une disparition inexpliquée ?