Diégèse | |||||||||
samedi 14 décembre 2019 | 2019 | ||||||||
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Dernier Texte | 348 | ||||||||
Daniel Diégèse | |||||||||
Pour
terminer cet ouvrage consacré aux derniers textes
d'écrivains, nous choisirons de nous éloigner, en apparence, de ce
protocole, un peu absurde comme tous les protocoles, pour aller vers le
dernier texte de la Bible chrétienne, l'Apocalypse de Saint-Jean. Nous
choisirons ce texte, non seulement parce que c'est le dernier texte
saint pour des milliards de Chrétiens, mais aussi et surtout parce
qu'il s'agit
d'une injonction à l'écriture. Rappelons les faits : Jean est sur l'île de Patmos. La légende veut qu'il y ait été déporté par les Romains, qui utilisaient l'île à cette fin. Le texte précise d'ailleurs que le narrateur était sur cette île « à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus ». C'est aujourd'hui dans cette que se trouve le célèbre monastère de Saint-Jean-le-Théologien. Jean, donc, entend une voix qui lui lance un ordre : « ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie : à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée. » L'ordre donné est ainsi non seulement celui de l'écriture, mais de la publication d'un livre qui serait un recueil. Jean se retourne alors et voit « quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme ». C'est lui, qu'on suppose être le Christ, qui va préciser la commande d'écriture : « Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver ensuite. » Jean doit donc consacrer le restant de sa vie à l'écriture, scellant ainsi le caractère vocationnel de celle-ci. Le deuxième et le troisième chapitre précisent quels sont les textes que Jean doit écrire et quels en sont les destinataires. Il s'agit de sept écrits différents qui devront ensuite être envoyés aux sept Églises d'Asie-mineure. Le premier, destiné à Éphèse, doit rectifier une dérive doctrinale : « reviens à tes premières œuvres ». C'est donc un écrit relatif à la radicalité. Le deuxième ira à Smyrne et c'est le texte de la rectification, du plaidoyer. L'Église de Pergame recevra un texte voué au repentir. Pour Thyatire, ce sera un texte contre l'hérésie liée à la luxure. Il sera donc relatif à la morale. C'est le texte de l'édification. Le texte destiné à Sardes relèvera de l'eschatologie. Le texte de Philadelphie est celui du prosélytisme. Enfin, le Texte de Laodicée, est destiné à raviver son engagement. C'est le texte politique. Voilà donc une typologie que nous pourrions utiliser pour classer nombre de livres écrits à travers le temps. On peut évidemment contester cette typologie trop rapide des sept textes de l'Apocalypse et nous pourrions le faire nous-même. Mais, à la fin de cet opuscule, ce qui nous intéresse, c'est ce que nous dit l'Apocalypse de Saint-Jean sur l'acte d'écrire, c'est le caractère ésotérique de toute écriture. Écrire, c'est participer au mystère et c'est toujours plus ou moins écrire sur ordre, celle de la nécessité que l'écrivain connaît comme étant celle de l'écriture. « J'écris parce que j'écris et que je dois écrire » est la seule justification à laquelle l'écrivain puisse agréer. En écrivant, on témoigne d'une injonction que l'on ne saisit pas entièrement. |
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page 348 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Quel est le
dernier texte
d'un romancier, d'un philosophe, d'un dramaturge, d'un
critique... ? C'est la question que s'est posée de manière érudite
et curieuse Daniel Diégèse, dont on connaît le goût pour les écrits de
toute sorte. Daniel Diégèse est ainsi allé à la recherche patiente des
derniers textes connus d'écrivains célèbres, français et à travers le
monde. La tâche est plus facile quand l'écrivain s'est suicidé laissant
sur sa table un mot, une lettre, une épitaphe. Elle est plus difficile
quand, comme pour Roland Barthes, la mort survient de manière
inattendue sous la forme d'une camionnette de blanchisserie. Ce livre
est un recueil de curiosités souvent inédites. On en conclut qu'un
écrivain n'a jamais vraiment fini d'écrire, qu'un texte inachevé est
tout aussi bien achevé dès qu'il est publié et que l'acte d'écrire est
tout sauf naturel. Vous lirez ce livre avec l'impression étrange qu'une cohorte d'écrivains lisent par dessus votre épaule. Vous les repousserez gentiment pour aller retrouver d'autres textes de ces mêmes écrivains. Car, et ce n'est pas le moindre paradoxe de cette recherche de Daniel Diégèse, ces derniers textes sont de magnifiques portes d'entrée dans l'œuvre de ces défunts. |
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14 décembre | |||||||||
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