Diégèse




mardi 5 février 2019



2019
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Il faut être raisonnable 36



Daniel Diégèse














« Je le ferai demain. C'est plus raisonnable. » Ces phrases peuvent être prononcées dans de nombreuses situations communes qui peuvent aussi bien concerner le passage matinal de l'aspirateur dans l'appartement qu'une tâche considérée comme plus noble. S'il s'agit de procrastination, certes, il y a de nombreuses autres voies que la raison pour la justifier, par exemple la fatigue. Mais, nous nous arrêterons ici sur celle qui prend la raison en otage pour ne pas faire.

Tout d'abord, admettons, que, dans le cas qui nous occupe, il s'agit moins de le faire demain, ou plus tard, que de ne pas le faire aujourd'hui, ou maintenant, tout de suite. « Je ne vais pas passer l'aspirateur maintenant, à six heures du matin, alors que tout le monde dort encore. C'est plus raisonnable. » Dans ce cas, la raison, qui est plutôt un raisonnement articule un contexte - il est tôt et tout le monde dort - ; un savoir issu de l'expérience - un aspirateur fait du bruit - ; une probabilité émise de par l'expérience - le bruit de l'aspirateur va réveiller ceux qui dorment dans la maison - ; une morale - il ne faut pas réveiller ceux qui dorment pour ne pas être désagréable avec autrui ; une décision issue de cette articulation : ne pas passer l'aspirateur maintenant. Cependant, même dans ce cas, s'agit-il d'être raisonnable ? Il s'agit d'être respectueux du sommeil des autres, des règles de bon voisinage et de la cohabitation. Bref, il s'agit d'être social plus que d'être raisonnable. En effet, la raison seule pourrait conduire à la nécessité de braver les règles sociales pour passer l'aspirateur maintenant, puisque l'état de saleté de l'appartement, les allergies à la poussière que cela provoque et le temps disponible puisque l'on est réveillé depuis cinq heures du matin indiquent que c'est le bon moment pour faire le ménage.

Nous pourrons ainsi tirer une conclusion provisoire, qu'il va falloir creuser plus avant : vivre en société, ce n'est pas être raisonnable. Pas du tout ! C'est bien placer ses actes ou ses renoncements sous d'autres auspices qui sont souvent, eux, parfaitement déraisonnables.









page 36










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4e de couverture






Depuis l'enfance, chacun, chacune, est soumis.e à la sempiternelle injonction : il faut être raisonnable. Et, chacun, chacune, avec plus ou moins d'entrain, entame l'apprentissage de ce « raisonnable », plus que de la raison. Sur ce chemin, qu'il, qu'elle le sache ou non, toute une cohorte de philosophes le.la regardent, l'épient même, et jusqu'au vieux Platon radoteur. Ce n'est rien moins qu'à cela que Daniel Diégèse va s'affronter dans cet ouvrage plaisant, à la manière d'un conte philosophique. Bien sûr, il va chercher des renforts, et amène avec lui, par exemple, cet aîné de Platon et de Socrate : Héraclite, qui, avant tous les autres, ébranle l'un des principes intangibles de la raison, celui de non-contradiction. Le personnage de Daniel Diégèse n'est ni un fou, ni même un excentrique. Il est même d'une banalité extrême. Mais, à la manière d'un botaniste, il note et consigne dans son téléphone dit intelligent tout ce qu'il croise dans ce monde et qui vient, à l'évidence, contredire la raison. Il ne verse ni dans la morale, ni dans l'absurde, mais tend à démontrer que si la raison présidait aux destinées du monde, le monde ne fonctionnerait pas, ou pas mieux qu'il ne fonctionne maintenant. Mais alors, une fois le caractère inopérant de la raison démontré, que va-t-il bien pouvoir rester ?










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