Diégèse | |||||||||
mercredi 13 février 2019 | 2019 | ||||||||
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Tous les Ponts | 44 | ||||||||
Daniel Diégèse | |||||||||
Mais
que fait le diable avec les ponts, et que font les ponts avec le diable
pour que l'on compte, rien qu'en France, près de cent soixante-dix
« ponts du diable » ? Est-ce ainsi pour conjurer le
sort que
Jacques Godfrain, en 2003, alors maire de Millau où se construisait le
fameux viaduc, a publié un roman recensant les légendes associant les
ponts et le malin ? Cette publication romanesque n'aura cependant
pas suffi à le
maintenir premier magistrat de sa ville, car, en 2008, il aura été
battu aux
élections municipales. Peut-être était-ce cela, d'ailleurs, que le
diable avait
demandé pour que la construction du viaduc, prouesse technique saluée
mondialement, ne prenne que trois ans après la pose de la première
pierre ? S'agirait-il en fait moins du diable que de défier Dieu à
travers les lois de la gravitation ? L'Italie, elle aussi, a ses « ponts du diable », nommés « Ponti del Diavolo » et ses légendes qui ne cèdent en rien aux légendes françaises. Mais, que faire quand les légendes ont été perdues ? Les réinventer ! À quelques encablures de Venise, se trouve l'île de Torcello. Les touristes la rejoignent pour visiter la cathédrale Santa Maria Assunta, le plus ancien monument de la lagune. Ornée de mosaïques merveilleuses, elle témoigne de la destinée étrange d'une île qui, au dixième siècle, comptait quelques milliers d'habitants, pour n'en compter aujourd'hui que quatorze, à en croire le dernier recensement. On trouve à Torcello un petit pont de rien, semblable à tant de ponts de Venise à peine suffisamment hauts pour laisser passer les gondoles et les bateaux privés. Il enjambe le canal principal de l'île et sa dernière restauration lui a retiré en 2009 son affreux parapet ajouté au dix-neuvième siècle. Les ponts de Venise, à leur origine, n'avaient pas de parapet de parapet, dit-on, et il en reste encore quelques-uns qui défient les normes de sécurité modernes. Ce petit pont, c'est le « pont du diable. » Mais, ce que l'on ne dit pas, c'est que Torcello doit à ce pont son déclin. La légende s'est perdue dans la vase de la lagune, emportée par les fièvres comme les habitants de l'île. Nous sommes un jour de 1432, à Torcello. Paulo Diavoli va voir l'évêque qui rend la justice sur ce curieux siège de marbre que l'on appelle ici le « trône d'Attila ». Il vient se plaindre que le pont construit deux siècles plus tôt pour permettre de traverser le Canale Maggiore ait été détruit faute d'entretien. Or, ce pont lui raccourcit le chemin pour se rendre chez lui. Mais, l'évêque lui répond qu'il ne peut lui donner droit et reconstruire le pont, car celui-ci deviendrait alors le « pont du diable », du nom du porteur de la supplique. Furieux, Paulo, sans craindre le blasphème, répond à l'évêque qu'il s'adressera donc au diable lui-même puisque les serviteurs de Dieu ne peuvent rien pour lui. Le diable convoqué la nuit même demanda son prix : « si je reconstruis le pont, que me donneras-tu ? » Paulo, toujours sous l'effet de sa colère lui répondit sans trembler : « Prends toutes les âmes de Torcello, pourvu que j'ai ce pont. » Le diable n'en demandait pas tant et le pont fut reconstruit dans l'instant... et les âmes de Torcello commencèrent à fuir la malédiction. Quant à Paulo, il ne profita pas longtemps du pont sans parapet. Un soir où il avait trop bu pour oublier le pacte funeste, il tomba dans le canal. C'est, de fait ce que l'on a cru, puisqu'on n'a jamais retrouvé son corps. |
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page 44 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Nous en avons
toutes et
tous traversé, et même, parfois, quotidiennement. Ils sont de toutes
les tailles et de tous les âges. Le plus vieux pont d'entre-eux serait
mycénien et aurait été construit plus de mille trois cents ans avant
notre ère. Le plus long, depuis 2011, est en Chine et fait presque cent
soixante-cinq kilomètres. Il s'agit bien des ponts. Dans son dernier ouvrage, Daniel Diégèse va, partout en Europe, et notamment en Italie, à la rencontre des ponts. Mais, ceux qui l'intéressent ne sont pas ceux qui ont fait l'objet de prouesses techniques, ni ceux qui sont célèbres, car, anciens ou richement décorés. Ce sont les légendes attachées à ces ponts qui l'intéressent. Le plus souvent, les ponts sont modestes et les légendes, tenaces. Tous les Ponts propose ainsi un voyage initiatique dans cette mythologie européenne qui fait une large place aux histoires d'amours impossibles, aux batailles, aux bons et mauvais sorts. Vous sortirez charmés de cette lecture et ne passerez plus jamais aucun pont désormais sans guetter quelque signe que seuls les poètes et les mages peuvent distinguer. |
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13 février | |||||||||
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